.. Ce Pasteur, unique et définitif, est le Christ
à qui nul ne peut succéder et que nul ne peut remplacer.

Cependant il a voulu actualiser et rendre présente son action pastorale grâce à son Corps visible qu’est l’Eglise et à ceux qui constituent son Corps, parmi lesquels en premier ceux qui sont chargés de le rendre présent visiblement comme Tête de son Corps, ceux que justement nous appelons les pasteurs : les évêques, les prêtres et les diacres. Cette œuvre pastorale est orientée vers tous les membres de l’humanité avec les situations et les conditions dans lesquelles ils vivent. Cette œuvre pastorale doit donc toucher cette situation et cette condition humaines qu’est la famille. C’est ce qu’il faut entendre par pastorale de la famille.

La pastorale de la famille consiste à évangéliser la famille dans tout ce qui la constitue.

Le mot de famille
La pastorale de la famille
Une pastorale d’évangélisation de la famille
Evangéliser la relation de l’homme et de la femme
Evangéliser le mariage et le célibat
Evangéliser l’amour conjugal
Evangéliser le corps et la sexualité
Evangéliser les relations parents-enfants
Evangéliser les situations difficiles relevant de la vie des familles
Evangéliser la famille demande des moyens spirituels
Evangéliser la vie familiale est une des grandes tâches de l’Eglise aujourd’hui
Conclusion

 

Le mot de famille (haut)

Mais de quoi parlons-nous quand nous parlons de la famille. Car le mot recouvre des réalités diverses. On a pu dire que la famille aujourd’hui se porte très bien et qu’en même temps elle ne se porte pas bien du tout. Cela veut dire que le mot famille n’est pas compris par tous de la même façon. Le mot de famille en effet recouvre des réalités diverses. Il y a la famille entendue dans un sens très large. Ainsi parlons-nous de « réunion de famille », de « rencontre familiale », comme cela se réalise lors d’anniversaires, de jubilés, de mariages, et particulièrement d’obsèques, car les obsèques sont parfois les seules occasions où les familles comprises dans un sens très large se retrouvent. En ce sens le mot de famille désigne les familles au sens précis, mais aussi les grands parents, les petits enfants, les cousins et cousines, les neveux et nièces, parfois des parents éloignés.

Il y a ensuite les familles sans fondement matrimonial institutionnel civil ou religieux. Entrent dans cette catégorie ce que nous appelons la cohabitation ou union libre, le foyer ménage monoparental (et non famille monoparentale, ce qui est contradictoire dans les termes), les familles dites « décomposées et recomposées », le PACS, les couples homosexuels (mais est-il exact de parler alors de couples ?), en un mot les communautés familiales non fondée sur l’institution du mariage civil ou religieux.

Il y a enfin les familles fondées sur un lien conjugal institutionnel, civil ou religieux, c’est-à-dire le couple fondé sur le mariage et les enfants. Nous appelons souvent ce type de famille la « famille nucléaire », qu’il vaut mieux appeler la « famille conjugale », car la famille nucléaire est un type de famille qui n’a pas toujours existé, même en régime chrétien. Pour nous ce qui définit la famille, c’est un triple caractère: l’alliance conjugale entre un homme et une femme fondée sur l’alliance entre Dieu et l’humanité, la filiation, la fratrie.

Parler de la pastorale de la famille, surtout pour ce qui nous concerne, nous catholiques, c’est avant tout parler de la famille conjugale fondée sur le lien conjugal sacramentel, celle que veulent fonder ceux qui viennent vers l’Eglise pour préparer leur mariage. Mais c’est aussi parler de tous les couples, et de tous les hommes et femmes, à qui nous devons proposer la bonne nouvelle de la famille telle que Dieu la veut.

La pastorale de la famille (haut)

C’est d’abord en ce sens qu’il faut comprendre et vivre la pastorale de la famille. Quand nous abordons cette pastorale, nous en venons souvent à mettre en avant immédiatement les questions extrêmes comme le divorce avec remariage, la cohabitation hors mariage, la contraception, l’avortement, la procréation médicalement assistée, toutes les recherches que nous mettons sous le mot de bioéthique. Nous n’avons pas à minimiser ces questions très réelles. Mais la tâche de la pastorale de la famille doit les remettre dans une vue plus fondamentale. Ces questions ont à être bien situées dans une vision d’ensemble. Sinon nous tombons dans une vision « moraliste » de la pastorale de la famille.

Je ne dis pas « morale », mais « moraliste ». On ne peut pas rejeter la morale, car la foi veut transformer l’existence humaine dans toutes ses dimensions. La morale est la conduite pratique qui découle pour les chrétiens de la foi, du baptême, de la vie avec le Christ dans tous leurs comportement, personnels, conjugaux, familiaux, sociaux, publics ou privés. On ne peut pas évacuer la morale, sinon la foi devient ce qu’on ne veut pas qu’elle soit, à savoir quelque chose d’irréel et sans prise sur la vie. Quand on veut l’évacuer du reste, elle ressurgit d’elle-même, et sous forme du « moralisme ».

Car autre est la morale et autre le moralisme. Le moralisme est la manière d’envisager les comportements humains en termes de « défendu » et de « permis », sans référence à un idéal humain, et pour nous sans référence à la foi, mais seulement à des interdictions et à des impératifs. Il n’est pas sûr qu’aujourd’hui ceux-mêmes qui reprochent à l’Eglise d’être moraliste ne soit pas plus moralistes qu’elle. Dire par exemple : tel comportement sexuel est interdit est du moralisme. Mais dire que le même comportement est permis relève du même moralisme. Revendiquer la permissivité est aussi moraliste que de s’enfermer dans les interdits.

Une pastorale d’évangélisation de la famille (haut)

La pastorale de la famille ne relève pas d’abord du moralisme. Elle relève de l’évangélisation. L’objectif de la pastorale de la famille est l’évangélisation de tout ce qui touche à la vie de la famille en toutes ses dimensions: l’alliance conjugale, donc la relation de l’homme et de la femme, le sens du mariage et du célibat, l’amour, le corps et la sexualité, les relations parents-enfants, les relations frères et sœurs. Seule cette évangélisation permet de bien comprendre l’attitude de l’Eglise par rapport à l’avortement, au divorce avec remariage, à la cohabitation hors mariage, à la contraception, etc. Cette oeuvre d’évangélisation permet aussi d’en déterminer les acteurs et les conditions spirituelles. Par le fait même, une telle exigence d’évangélisation souligne l’importance de la préparation lointaine et prochaine du mariage, de ses suites, et du rôle de la famille dans la société et l’Eglise.

L’objectif de la pastorale de la famille est avant tout de promouvoir l’évangélisation de tout ce qui constitue la vie familiale, à commencer par la vie du couple. Ont besoins d’être évangélisés non seulement les personnes (hommes, femmes, enfants, jeunes, personnes âgées, malades, etc.), mais aussi les relations entre les personnes, à commencer par ces relations particulières qui sont tissées dans cet ensemble humain qu’est la famille. Or il faut bien le reconnaître, ce qui domine dans notre pastorale, c’est l’évangélisation des personnes, nécessaire certes, mais insuffisante si elle ne touche pas les relations existant ou non entre les personnes. Telle a été l’intuition de l’action catholique : évangéliser les relations à l’intérieur des milieux sociaux. Il en est de même dans le famille.

Evangéliser, c’est mettre en relation avec le Christ, laisser l’Esprit Saint et la vie ressuscitée du Christ pénétrer, non seulement les personnes qui composent la famille, mais les relations au sein de la famille. Le couple n’est pas seulement un homme plus une femme. La famille n’est pas seulement un homme, une femme, plus des enfants. C’est aussi les relations d’un ordre spécial qui existent entre ces personnes. Ces relations sont d’ordre matériel, charnel, biologique, affectif, spirituel.

Toutes ces relations doivent être mises en lien avec le Christ qui est l’Evangile, la Bonne Nouvelle de l’homme individuel et communautaire entièrement sauvé. Tel est le sens de l’Eglise, peuple de Dieu, corps du Christ, Temple de l’Esprit, troupeau du Bon Pasteur, vigne de Dieu, édifice spirituel. Ce ne sont pas seulement des éléments séparés, mais des éléments reliés. Leur lien même doit être évangélisé. Une des causes du drame de bien des familles est la non-évangélisation des relations, de cet ensemble nouveau qui fait que les personnes ne sont plus tout à fait comme elles étaient avant, même si elles étaient personnellement bien ancrées dans l’Evangile.

La famille a besoin comme telle d’être évangélisée, d’être vue sous la lumière de la foi, d’être convertie par l’Esprit de Dieu. C’est alors qu’elle porte le vrai nom d’Eglise domestique, de petite Eglise. Or l’Eglise n’est pas seulement un assemblage de personnes converties, mais leur ensemble lui-même uni par l’Esprit Saint, transformé par la grâce. Cela nous montre que la famille chrétienne peut prendre des formes concrètes différentes selon les temps de l’histoire, les cultures, les continents, les pays, les milieux dans un même pays, et même d’une famille à l’autre. Evangéliser la famille ne revient pas à bâtir le même modèle de famille, mais à convertir et sanctifier les relations elles-mêmes et donc l’ensemble lui-même.

Cette évangélisation n’est jamais terminée. Elle est toujours en route, en croissance, à moins que ce ne soit en recul. Nous avons sans cesse à devenir chrétiens à partir de ce fondement qu’ont été le baptême et la confirmation, et à nous replonger dans le pardon de Dieu dans le sacrement de la réconciliation, à nous nourrir de l’Eucharistie, de la parole de Dieu, de la prière, et cela dans l’Eglise. Quand il s’agit de la vie familiale, cette évangélisation plonge ses racines dès l’enfance au sein de la famille, d’où l’importance pour l’évangélisation de la famille que les enfants soient dans une famille et rencontrent des familles vivant leur foi, donc que les enfants qui ont perdu leurs parents ou qui ont été abandonnés par eux soient accueillis dans des familles baignant dans un climat chrétien (il y a là un devoir apostolique pour les familles).

Cette évangélisation de la famille trouve une racine nouvelle dans le sacrement de mariage qui est un début, une semence, un appel ouvert sur l’avenir et qui a toujours à être réentendu et revivifié pour animer la vie conjugale et familiale aux différents moments de son histoire. Car la vie conjugale et familiale a une histoire dont les moments ne se ressemblent pas et doivent être remis dans un dynamisme qui a un passé, qui a un présent et qui doit regarder l’avenir, riche du passé et du présent. D’où l’importance des anniversaires, des fêtes de famille, du lien au passé, du sens des ancêtres, peut-être de la vogue des arbres généalogiques (cf. la Bible et les généalogies de Jésus), le rôle des grands parents, et aussi les projets d’avenir.

Je m’arrête maintenant à quelques points auxquels cette évangélisation doit être attentive, pour les adultes concernés comme pour les enfants et les jeunes.

Evangéliser la relation de l’homme et de la femme. (haut)

La famille est fondée sur la relation d’un homme et d’une femme. Je me situe là, non dans la relation de couple, mais dans la relation homme-femme de tous les jours, qui appartient à la vie sociale. A la base de l’évangélisation de la famille, il y a l’évangélisation de la relation homme-femme avant même le moment du mariage, au moment où nous commençons à exister comme hommes et femmes, dès le début même de l’existence. La rencontre de l’homme et de la femme fait partie de notre vie humaine. Elle est voulue par Dieu comme dimension de l’humanité, mais elle n’est pas spontanément chrétienne.

Cette relation, comme toutes les relations, a besoin d’être évangélisée, donc sauvée et transformée par la vie du Christ. Elle peut être le lieu de la grâce, mais elle est aussi le lieu du péché. Cette évangélisation commence dès la petite enfance, au travers des relations garçons-filles entre enfants, adolescents, jeunes. Capitale est de ce point de vue la manière dont les adultes vivent cette relation homme-femme devant les enfants. Les adultes se rendent-ils compte de cela ?

Capitale est la relation mari-épouse dans une famille. Car la manière dont le père et la mère vivent leurs relations mutuelles a une influence considérable sur l’enfant. Le garçon va se situer vis-à-vis des filles, et réciproquement, selon ce qu’il a vu vivre par ses parents. Les parents ne peuvent pas faire n’importe quoi devant les enfants, par exemple vivre nus ou exercer leur sexualité devant eux. Là est le drame de la pédophilie qui oriente ou désoriente totalement la relation homme-femme.

Nous avons à aider les parents à prendre conscience de leur rôle évangélisateur simplement par la manière dont ils vivent entre eux. Car l’enfant n’est pas seulement marqué par le père comme individu, par la mère comme individu, mais par la relation même du couple. L’enfant n’a pas seulement besoin d’un homme et d’une femme, mais il a besoin d’un couple dont la relation est évangélisée.

Evangéliser cette relation homme-femme, en dehors même de la famille, c’est permettre à l’homme et la femme de rejoindre la volonté de Dieu créateur sur l’homme et la femme et sur leurs relations. Cette évangélisation consistera à faire grandir entre eux le sens de l’égalité. Non pas l’égalitarisme, mais l’égalité. Ils ne sont pas en tout point semblables, mais ils sont égaux. Cette évangélisation doit aussi mettre en lumière la reconnaissance que chacun, homme et femme, est une personne, c’est-à-dire un être qui dépasse infiniment l’animalité (cf. l’exclamation d’Adam devant Eve !), qui a une dimension spirituelle, qui peut dire « je », qui ne peut jamais être fondu dans l’autre, qui a une destinée à la foi personnelle et communautaire dans l’humanité et devant Dieu.

Homme et femme sont des personnes; ils ont une vocation; Dieu les appelle à vivre ensemble sans jamais perdre de vue ce qu’ils ont de proprement personnel. Cette vocation les ordonne à une vie non seulement temporaire, passagère, enclose dans les limites de l’histoire humaine, mais à une vie éternelle, participation de la vie de Dieu, vie en plénitude sur laquelle la mort n’a pas de prise. Cette évangélisation doit en fin de compte éduquer à l’amour vrai (je ne parle pas encore de l’amour conjugal).

Cet amour est de convoitise certes. Il nous marque profondément. Cet amour de convoitise doit être, non nié, refoulé, mais assumé dans un amour qui s’adresse à la personne elle-même, non seulement en considération de ce qu’elle peut apporter à l’autre, mais pour elle-même, à l’exemple de cet amour qui culmine dans la relation que Dieu a établie avec nous, que le Christ établit avec chacun et avec l’Eglise son épouse, une relation d’amour qui est don de soi réciproque, qui est désir que l’autre ait ce qu’on désire pour soi. La relation de l’homme et de la femme a à être évangélisée, et cette évangélisation n’est jamais finie.

Il n’est pas sûr que les relations entre hommes et femmes, entre chrétiens et chrétiennes, entre prêtres et femmes, soient vraiment chrétiennes. Cette évangélisation est à la base de tout le reste, à la base de l’amour conjugal, à la base des autres problèmes qui marquent la vie familiale, la vie conjugale, comme aussi la vie dans le célibat consacré ou non consacré. Nous avons sans cesse à progresser dans cette évangélisation de la relation homme-femme qui retombe toujours ou dans l’inégalité ou dans la possessivité ou dans la domination de l’un par l’autre, de la femme par l’homme ou de l’homme par la femme, qui risque de retomber dans la transformation de l’autre en simple bien de consommation ou objet de service.

Evangéliser le mariage et le célibat (haut)

Cette évangélisation de la relation homme-femme passe en particulier par le sens du sacrement de mariage et du célibat vécu dans la chasteté chrétienne. Le mariage d’abord a à être évangélisé. C’est une des grandes tâches de la pastorale familiale. Cela peut paraître étrange, puisque le mariage est un sacrement. Nous savons que cela n’est pas si étrange que cela. Notre grande plainte est justement que ceux qui viennent nous rencontrer en vue du mariage ne semblent pas (il ne m’appartient pas de porter un jugement sur la foi intérieure et les sentiments réels des personnes !) avoir conscience d’un acte tout entier marqué par la lumière du mystère du Christ et de l’Eglise.

La préparation au mariage est aujourd’hui un moment d’évangélisation. Nous le savons tous. Il n’est pas possible de fixer des règles permettant de dire à coup sûr quand il faut accepter de célébrer le mariage ou quand il faut, non pas refuser brutalement, mais amener les personnes à différer la célébration du mariage religieux. Par contre, il faut dire que, quel que soit le résultat, il nous revient de faire des rencontres avant le mariage des moments forts d’évangélisation. De plus en plus aujourd’hui dans les diocèses de France, nous allons vers une préparation d’une année, ce qui est facilité par le fait que les futurs époux entament leurs préparatifs 10 ou 12 mois à l’avance.(cf les orientations des Evêques de France)

Ces mois de préparations doivent permettre d’organiser une sorte de parcours catéchétique qui s’organise à la fois autour du sens profond du mariage et autour des données essentielles de la foi. Ce parcours doit être centré par exemple sur la réalité de l’alliance. Il peut partir de la création par Dieu de l’homme et de la femme pour arriver au sens paulinien de la relation du mystère du Christ et du mariage.

Le mariage est une réalité humaine. Dans toutes les civilisations et cultures on se marie sous une forme ou sous une autre. On se met en couple dans notre société, soit avec passage à la mairie pour le mariage civil, soit sans aucun rite institutionnel. Evangéliser ces unions, ce n’est pas les bénir ou les approuver. C’est leur faire découvrir qu’en demandant le mariage, ils vont dans le sens du projet créateur de Dieu. Ce projet créateur tel que le présente la Genèse fait partie de la bonne nouvelle de l'Evangile puisque Jésus a renvoyé à ce projet ceux qui y étaient infidèles.

C’est leur faire deviner la grandeur de leur union en leur montrant comment Dieu s’est servi de leur unité et de leur fidélité pour exprimer son propre désir d’être uni et fidèle à l’humanité. C’est les conduire à se réjouir de la grandeur de leur démarche en leur présentant Jésus aux noces de Cana, se disant l’époux de l’humanité, élevant le mariage à la grandeur de son amour pour l’humanité dont il fait son épouse.

Ainsi le sacrement de mariage n’abolit pas la réalité humaine de la rencontre de l’homme et de la femme. Il ne lui enlève pas son réalisme charnel. Il appelle ce réalisme à être habité par le salut de Dieu. Dans son réalisme, il devient le signe d’un autre amour. La relation de l’homme et de la femme prend place dans l’histoire de l’amour de Dieu et dans la mission que l’Eglise a à vivre au sein du monde. Tel est le sens de ce qu’on appelle la grâce du mariage.

Elle est la puissance de l’Esprit Saint qui vient habiter la relation d’un homme et d’une femme pour qu’elle soit assumée et vécue dans la relation de Dieu avec l’humanité, dans le don du Christ à l’Eglise et à chacun de nous. Le mariage devient une réalité porteuse du mystère du Christ, une réalité chargée de la Bonne Nouvelle du Christ. Cette christianisation du mariage n’est jamais terminée. La célébration du sacrement est le début d’une histoire d’évangélisation à laquelle les époux ont toujours à se référer jusqu’à la fin de leur vie.

En même temps, une des tâches de la pastorale familiale est d’aider à la compréhension du célibat consacré et même du célibat accepté dans la souffrance et pourtant dans le don de soi à Dieu et aux autres. Le célibat n’est pas une absence de la relation de l’homme et de la femme. Il est une autre manière de vivre cette relation. Cette manière autre consiste dans le renoncement à cette relation homme-femme qui a lieu dans le mariage. Elle est d’abord le choix ou l’acceptation d’une pauvreté, car la relation de l’homme et de la femme dans le mariage est une richesse humaine et chrétiennement une richesse spirituelle.

Cette pauvreté veut être le signe de ce qui doit animer toutes les autres relations hommes-femmes, à savoir l’amour de Dieu qui, dans le Christ, se communique dans la pauvreté. C’est pourquoi le Christ non seulement a été obéissant et pauvre, mais encore célibataire chaste, comme tout naturellement, presque obligatoirement, au point que dans les évangiles, on ne parle pas du célibat du Christ tant cela semble aller de soi. C’est pourquoi l’évangélisation du couple a besoin que certains renoncent au mariage.

En revanche les célibataires, consacrés ou non, ont besoin de voir des époux vivre chrétiennement leur relation. Il est évident que le célibat consacré a lui aussi constamment besoin d’être évangélisé. Car il risque de devenir une routine, un déssèchement du cœur, un isolement stérile. On n’est jamais célibataire consacré ou non une fois pour toutes. Comme le mariage, il doit être sans cesse repris au sein de reculs et de reprises, car le célibat a sans cesse besoin d’être sauvé.

Evangéliser l’amour conjugal (haut)

Par cette préparation au mariage, mais aussi après le mariage, la pastorale de la famille a comme tâche d’évangéliser l’amour entre le mari et la femme. L’amour conjugal, quand il est vrai, et nous n’avons pas le droit ni les moyens de porter un jugement dépréciatif sur ce point, participe au projet de Dieu sur le couple des origines. Il est étonnant pourtant que, dans la Genèse, il ne soit pas question d’amour entre l’homme et la femme. Il est question d’égalité (il les créa homme et femme ; il tire la femme de l’homme : elle est « chair de ma chair »), d’admiration de l’homme pour la femme, d’unité (« une seule chair »: unité dans la diversité, l’enfant fruit des deux), de connaissance (qui inclut l’amour, mais plus fort que l’affectivité).

Peu à peu il sera fait une plus grande place à l’amour, tout spécialement quand il s’agit de l’amour de Dieu époux pour son peuple épouse (Osée, Ezéchiel) et bien sûr dans le Cantique des Cantiques, long poème d’amour à la fois de l’homme et de la femme et de Dieu pour son peuple et l’humanité. Cette place de l’amour dans le mariage culminera avec saint Paul dans les lettres aux Ephésiens et Colossiens, toujours en référence à l’amour du Christ pour l’Eglise, un amour qui va jusqu’à donner sa vie comme l’a fait l’époux Jésus. Est-il exagéré de dire que c’est surtout sous l’influence de l’Ancien et du Nouveau Testament que l’amour a pris une grande place quand il s’agit du mariage?

Encore faut-il noter que le Nouveau Testament a utilisé pour parler de cet amour un mot particulier, celui de charité ou mieux amour de charité (Col 3, 18 : agapate ; Ep 5,25 : agapate). Dans le Christ, l’amour devient celui dont Dieu nous aime, dont le Christ nous aime, et dont nous devons nous aimer les uns les autres. C’est pourquoi cet amour prend un caractère définitif, indissoluble, fidèle, comme l’est celui de Dieu pour nous. Il est un amour fécond, non seulement de la fécondité qui transmet la vie, mais de la fécondité spirituelle qui veut partager la foi, la prière, l’appartenance à l’Eglise, toutes les richesses dont l’Evangile est porteur pour nous. Il devient participant de la fécondité même de Dieu.

Ainsi le sacrement de mariage devient la source d’un amour apostolique, missionnaire. Il fait du couple un foyer d’évangélisation : des époux l’un par l’autre, des époux pour les enfants, des enfants pour les époux, de la famille envers les autres familles, envers la société, envers l’Eglise elle-même. L’amour évangélisé devient évangélisateur, constructeur de l’humanité sauvée, édificateur de l’Eglise. L’amour évangélisé n’est pas replié sur lui-même, enfermé dans le petit monde de la famille, mais ouvert sur l’Eglise et le monde. Envers les enfants en premier, il n’est pas étonnant que des parents qui s’aiment veuillent qu’ils partagent la même foi par le baptême, par la prière, par la catéchèse en famille.

Cette fécondité est s’exerce envers les époux qui s’aident à grandir dans la foi, mais aussi envers les autres couples, envers les veufs, les célibataires. Cela grâce à leur présence missionnaire dans la paroisse, dans les écoles, dans les mouvements, familiaux mais pas uniquement, dans les associations confessionnelles ou non. Le mariage fait du couple et de la famille la première cellule de l’Eglise, une « Eglise domestique », une « ecclesiola », où se réalise la fécondité pour les membres de la famille et pour la société. L’amour sauvé devient l’amour sauveur.

Il est important de souligner que l’amour évangélisé, l’agapè conjugale si l’on peut dire, ne se réduit pas à l’affectivité à laquelle est souvent réduit aujourd’hui l’amour conjugal. C’est ce qui rend si fragile les foyers. Parce que si l’amour est identifié à l’affectivité, il est forcément condamné à disparaître à un moment ou l’autre. Dès lors la réaction est claire : nous ne nous aimons plus, donc nous devons nous séparer et fonder un autre foyer. C’est pourquoi il faut oser dire aux couples qui se préparent au mariage ou qui sont déjà mariés : plus qu’une affaire d’amour, le couple est une affaire de foi, de parole donnée, gardée, vécue, donc de fidélité.

L’amour d’agapè est le don fidèle de Dieu à l’homme, du Christ à l’Eglise. L’amour conjugal est avant tout le don de l’homme à la femme et de la femme à l’homme. Il est accueil de l’autre comme un don, il est tout autre chose que la possessivité. L’homme ne devient pas la propriété de la femme, ni la femme de l’homme. Il est accueil réciproque d’un don gratuit. Et ce don gratuit se fait sur le fondement de la foi à une parole, sur une parole donnée, sur une parole engagée, sur une fidélité à la parole. Le mariage est tout entier construit sur une parole : « oui », j’accueille la parole par laquelle tu te donnes à moi, et je te donne ma parole par laquelle je me donne à toi.

Evangéliser l’amour, c’est lier l’amour à un don fait par une parole à laquelle j’accorde ma foi. Elle n’est pas fausse la phrase d’un évêque africain : « Vous en occident, vous vous mariez parce que vous vous aimez ; chez nous nous nous aimons parce que nous nous marions ». Sans aller jusque là, il faut oser dire : « Je me marie à toi parce que je t’aime et tout autant parce que je veux t’aimer ». L’amour évangélisé est dépassement de l’affectivité spontanée et immédiate, forcément allergique à la durée, par l’amour habité par la foi: je te donne mon amour, tu peux y accorder ta foi, tu peux te fier au don que je te fais de moi-même.

Il y a donc une dimension de volonté, d’engagement de l’avenir, de respect de la parole donnée. C’est pourquoi la parole est si importante dans le foyer et la famille. Malheur aux époux qui ne se parlent pas ou plus. Malheurs aux enfants à qui les parents ne parlent pas ou que les parents n’écoutent pas. C’est par là que la famille est le lieu premier de la socialisation et de l’évangélisation. C’est en particulier par la parole que la sexualité prend sa dimension humaine et chrétienne.

Evangéliser le corps et la sexualité (haut)

Une des tâches de la pastorale de la famille est de promouvoir l’évangélisation du corps et de la sexualité. Contrairement à ce que nous pouvons penser parfois, l’évangélisation ne concerne pas seulement l’esprit, l’âme, l’intériorité, le cœur, comme si l’esprit, l’âme, l’intériorité étaient séparés du corps. L’homme est esprit, âme et corps, intériorité et extériorité, liberté et biologie. L’homme tout entier a besoin de devenir chrétien, y compris dans sa partie que nous appelons corporelle. La résurrection est précisément l’homme tout entier plongé dans la vie du Christ. L’Esprit Saint qui nous est donné est celui qui a fait surgir la création, qui a fait naître Jésus en Marie avec son humanité et sa divinité, qui nous est donné à travers les signes sensibles et corporels que sont les sacrements, qui met en nous dès maintenant les germes de la résurrection et qui ressuscitera notre être tout entier à la fin des temps.

Le corps n’est pas étranger à nous-mêmes, un objet sans importance et sans signification, dont nous pouvons faire ce que nous voulons, qui n’aurait rien à voir avec notre liberté et notre spiritualité. Il a besoin d’être mis en relation avec le Christ qui nous le savons est le Fils de Dieu devenu chair avec tout le réalisme de ce mot, et qui est ressuscité, c’est-à-dire qui demeure toujours homme au sein de la Trinité. Cette évangélisation de notre corps consiste à le mettre peu à peu sous l’influence de la liberté, elle-même guidée par l’Esprit Saint.

Elle consiste à le vivre comme notre manière chrétienne d’être présents au monde et aux autres, de nous unir au Christ dans les sacrements, spécialement l’Eucharistie qui est le Corps du Christ, de le reconnaître dans les autres. Elle comporte l’ascèse. Celle-ci n’est pas un but en soi ; elle est la condition pour que notre corps sois mis de plus en plus sous la lumière et le dynamisme de la liberté, de manière à ce qu’il n’agisse pas d’une manière anarchique, mais que dès à présent il commence à être imprégné de l’Esprit, à être spiritualisé, ce qu’il sera totalement lors de la résurrection. Cela explique la position de l’Eglise lorsqu’elle dit que les puissances du corps ne doivent pas nous dominer, mais qu’elles doivent coopérer à notre humanité devenant chrétienne.

Ainsi en est-il plus précisément aussi de la sexualité. Celle-ci n’est pas seulement le sexe. Elle est ce qui fait que dans tout notre être spirituel et corporel, dans notre intelligence et notre manière d’aimer, notre manière de voir le monde, d’y travailler comme de rencontrer les autres, nous sommes nous-mêmes. Mais, c’est vrai, la sexualité prend tout spécialement la forme de notre sexe. On l’a présentée parfois comme le lieu par excellence du péché. Elle ne l’est pas plus que le reste. Elle fait partie de nous-mêmes. Nous n’avons pas et nous ne pouvons pas y renoncer. Elle marque profondément notre être et notre vie d’hommes et de femmes.

Nous avons à apprendre à la vivre en chrétiens et chrétiennes, en relation avec le Christ. Elle a à entrer dans le projet de grâce de Dieu en nous. A l’inverse elle peut entrer dans notre refus de Dieu par le péché. Elle peut être marquée par la grâce comme par le péché. Elle peut être l’expression de notre rencontre avec les autres et de notre vérité devant Dieu. Mais elle peut tout autant être marquée par l’égoïsme, le mensonge, la possessivité, la domination, l’esclavage. Elle a donc besoin d’être sauvée. Nous avons à la vivre selon l’Esprit de Dieu, soit par le mariage, soit par le célibat consacré ou non, porté dans la chasteté. Christianiser notre vie sexuelle, c’est en faire l’expression d’un amour vrai, de la rencontre des autres, du don de soi, de la fécondité humaine et chrétienne.

Le Christ a été un homme vrai, et il l’est toujours. Il a eu une sexualité d’homme. Il n’a pas été une femme. Cela caractérise le Christianisme que le Fils de Dieu soit devenu un homme, et non une femme, ni un ange, ni tous les sexes. Il a vécu en homme célibataire chaste, totalement en dépendance de Dieu son Père, tourné vers son Père, donné à l’universalité des hommes. A son exemple, et en union avec lui, nous avons à vivre notre sexualité en chrétiens. C’est vrai des gens mariés, c’est vrai des célibataires consacrés ou non. Et pour tous cela n’est jamais fait une fois pour toutes. C’est toujours à reprendre. Nous avons à nous y aider les uns les autres, gens mariés et célibataires.

Evangéliser les relations parents-enfants (haut)

La pastorale de la famille a pour tâche encore d’évangéliser les relations parents-enfants, parents-jeunes. Rencontrer les futurs mariés, c’est aborder la question de la fécondité humaine. Notre époque tend à dissocier de plus en plus l’amour conjugal de l’apparition et de l’éducation des enfant. Dans le passé, toute la vie chrétienne des époux était centrés sur la fécondité : on se mariait pour avoir des enfants; la sexualité avait valeur par la génération. L’amour nuptial passait après l’amour fécond.

Les mentalités, liées en partie aux conditions nouvelles des femmes et aux progrès des techniques de la génération (contraception, avortement), se sont totalement inversées. Le bonheur des époux prime la venue de l’enfant. Les parents ont le droit de « refaire leur vie » et de chercher leur bonheur avant de faire la vie et le bonheur des enfants. Il y a là quelque chose de très préjudiciable au sens de la famille. Même s’il est bon de ne pas centrer toute la vie conjugale sur la venue et l’éducation des enfants, il faut redire que la venue des enfants est l’un des premiers objectifs du mariage. « Croissez et multipliez » : le projet créateur demeure. Ils seront une seule chair (une seule personne): l’un des sens de ce texte porte sur l’enfant grâce auquel les deux époux deviennent « une seule personne ».

Et l’une des exigences de la permanence et de l’indissolubilité de l’union des époux est le bonheur, l’équilibre, la maturation des enfants. Il est avéré que la plus grande partie des mineurs en prison ou auteurs de violence ou suicidaires sont des enfants sans famille stable. Les responsables politiques qui savent cela devraient en tirer les conclusions pour la politique de la famille. Le lien du mariage et de l’enfant est à remettre en lumière.

Encore faut-il, pour les familles fondées sur le mariage sacrement, que les relations parents-enfants soient évangélisées. Ces relations sont d’abord humaines. Quoi de plus naturel que les relations entre une mère, un père, et leurs enfants, et réciproquement. Ces relations sont vécues, et différemment dans toutes les cultures, toutes les sociétés. Pour les chrétiens, ces relations ont à être pénétrées par la foi. Ces relations immensément humaines ont à devenir des relations qui existent entre fils de Dieu situées différemment les uns par rapport aux autres.

Ces relations sont fondées sur la conviction de foi que l’enfant est un don, qu’il n’appartient pas aux parents, que les parents ont à adopter chaque enfant qui vient au monde Plus que désiré, il est important que l’enfant soit adopté : que d’enfants engendrés mais non adoptés. Ils n‘ont pas à vouloir un enfant simplement pour leur bonheur mais pour son bonheur à lui ; ils ont à l’accueillir tel qu’il est, même s’il ne correspond pas à leur projet : vouloir absolument des enfants sur mesure, donc empêchés d’être libres et différents des désirs des parents, est une catastrophe pour l’enfant. Ils ont au contraire à l’accueillir tel qu’il est et à l’éveiller à sa vocation propre.

De ce point de vue l’attitude de Jésus enfant est très significative: il a ainsi éduqué sa mère à le laisser libre d’être le Fils du Père (Jésus au temps à 12 ans), à obéir à l’heure du Père (les noces de Cana), à accepter qu’il vient fonder une nouvelle famille ayant priorité par rapport à sa famille humaine (qui est ma mère ?), à accepter de souffrir par lui et d’être dépouillée de lui (la croix).

S’enracinant dans la transmission de la vie, dans le même sang, dans l’amour, ces relations des parents à leurs enfants doivent devenir des relations d’éducation humaine et chrétienne, de partage de la foi, d’éveil de la vocation chrétienne, de consentement à les voir prendre en mains leur propre vie, à devenir à leur tous des adultes responsables. Les enfants eux-mêmes peuvent devenir éducateurs de leurs parents. Si les relations chrétiennes entre parents et enfants assument l’affection et l’amour humain qui les constituent, elles doivent aussi devenir amour de charité, où parents et enfants se reconnaissent frères, également dépendants de Dieu et faits pour lui. Cela ne va pas sans la croix, qui parfois est la croix de l’échec. Recevant de Dieu le don de transmettre la vie, les parents ont à se défaire de toute possessivité, comme Dieu Père donnant son Fils, son Unique, pour le salut du monde. Ils deviennent ainsi des images de la paternité de Dieu qui seul peut être appelé pleinement Père.

En ce qui concerne les enfants, il faudrait insister sur la frâtrie, c’est-à-dire sur la vie entre frères et sœurs, ou entre cousins et cousines et le rôle que joue cette vie dans l’évangélisation des enfants. La grande famille de ce point de vue-là est un secours précieux pour la famille conjugale.

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Evangéliser les situations difficiles relevant de la vie des familles

C’est dans cette nécessité d’évangéliser la famille que doivent être remises les positions de l’Eglise catholique sur les situations difficiles que rencontrent les familles. En même temps il faut aborder les personnes rencontrant ces situations avec une attitude, non de juges qui condamnent, mais de disciples du Christ qui évangélisent.

- L’avortement. C’est en fidélité à sa mission évangélisatrice que l’Eglise refuse l’avortement. Evangéliser la fécondité humaine, c’est montrer la grandeur de l’être issu de l’union d’un homme et d’une femme et la grandeur de l’acte qui est à l’origine de cet être humain dès la fécondation. Le germe d’être humain qui commence à être est déjà englobé dans la relation au Christ, dans l’amour de charité dont Dieu aime chacun. Il n’est pas possible de détruire ce germe d’être humain. L’Eglise ne peut accepter que l’avortement soit une manière, surtout une manière qui devient courante et qui s’identifie à un droit, de vivre en société et de régler les problèmes de la rencontre sexuelle entre l’homme et la femme.

Mais en prenant cette position ferme, l’Eglise ne condamne pas les personnes qui sont dans certaines situations de détresse. Elle ne s’en prend pas aux femmes, qui la plupart du temps sont laissées seules, surtout quand ces femmes se trouvent face à des conditions de vie difficiles. Ce que l’Eglise demande, c’est que la société ne se contente pas d’aider financièrement l’avortement, mais qu’elle aide financièrement les femmes ou jeunes filles qui attendent un enfant et de les aider moralement et psychologiquement à recevoir l’enfant.

- Le divorce avec remariage. Christianiser la relation de l’homme et de la femme, l’amour humain, la sexualité, c’est la mettre en relation avec l’amour de Dieu qui est définitif, fidèle, indissoluble. Rompre l’alliance que constitue le mariage, sacrement de l’alliance, c’est en quelque sorte revenir sur cet amour de charité, sur ce don, sur la parole donnée, sur la foi engagée. C’est surtout vrai lorsqu’il y a remariage. Elle accepte qu’en certains cas il y ait une séparation qui ne rompt pas le lien. Mais elle ne voit pas comment accepter le remariage . Car le remariage veut annuler en quelque sorte la parole engagée. Pour l’Eglise, il y a une contradiction entre la conception de l’union chrétienne dans le mariage et le remariage.

C’est pourquoi il y a un lien étroit entre le mariage et l’Eucharistie : tous deux sont d’une manière spéciale les sacrements de l’alliance. C’est là dessus que s’appuie l’attitude de l’Eglise quant à l’admission à la communion eucharistique des divorcés remariés. En même temps, l’Eglise ne condamne pas les personnes divorcées remariées. Il est nécessaire d’évangéliser notre attitude à leur égard. Il faut leur permettre de prendre place dans l’Eglise. Il est utile de se référer pour cela à l’Exhortation Apostolique de Jean Paul II « Familiaris consortio ».

- La cohabitation hors mariage. Pour l’Eglise, l’usage évangélisé de la sexualité est source d’un engagement total, définitif, fidèle, tel qu’il est créé par le mariage chrétien. Il est tellement grave qu’il peut aboutir à l’enfant. L’usage de la sexualité, comme l’affirmait saint Paul (1 Co 6), est bien différent d’autres usages dans les relations entrer hommes et femmes. Il ne relève pas du provisoire ni de l’essai. Comme l’a dit Jean Paul II en Allemagne, on ne peut pas vivre à l’essai, mourir à l’essai, aimer à l’essai, se lier à l’essai. Le lien de l’union définitive et durable dans le mariage avec l’Eucharistie amène aussi l’Eglise à ne pas admettre à la communion ceux qui vivent en concubinage.

En même temps, nous avons à christianiser nos relations avec les personnes vivant en cohabitation. Sans approuver ni bénir leur union, nous avons à les respecter, à les aimer, à leur faire comprendre le sens de la position de l’Eglise, à les inviter à envisager le mariage. Une question se pose parfois touchant le baptême d’un des deux partenaires d’une cohabitation. Pour que le baptême soit possible, il faut au minimum qu’il y ait engagement des deux à préparer et célébrer le mariage.

- La régulation des naissance. L’opinion parle en général de contraception. Il est préférable de parler de régulation des naissances. Le mot contraception indique une attitude d’opposition à la fécondité, et la plupart du temps avec des moyens techniques. La régulation des naissances indique au contraire une paternité et maternité responsables grâce à une attitude responsable des deux époux et non seulement de la femme. Elle implique une recherche commune qui fait grandir la qualité de l’amour. Ce qui est sous-jacent à la position de l’Eglise refusant la contraception par des moyens techniques, c’est ceci : il est conforme à la vocation de l’homme et de la femme d’arriver à vivre chrétiennement l’amour sans qu’ils recourent à des moyens extérieurs à eux-mêmes, c’est-à-dire à des moyens qui ne sont pas le fruit de l’amour responsable.

Par là l’Eglise rejoint des courants d’idées et de vie qui se manifestent en bien des domaines. On souligne par exemple que pour vivre en bonne santé physique et psychique, l’idéal n’est pas de recourir à des médicaments, nécessaires à certains moments, mais de devenir capables d’assumer nos propres limites, nos propres angoisses, dans la responsabilité et la liberté. La vraie solution à beaucoup de problèmes humains n’est pas le moyen technique utilisé à longueur de vie, mais la capacité de nous assumer, de nous prendre en mains et de vivre en responsables avec nos limites, nos pauvretés et nos souffrances. Pensons aussi à tous les mouvements écologiques ou dit « naturels » qui portent en eux-mêmes une telle intuition. C’est un peu dans cette ligne qu’il faut comprendre la position de l’Eglise vis-à-vis de certaines méthodes de contraception, qui tendent de plus en plus à relever du domaine médical.

Evangéliser la famille demande des moyens spirituels. (haut)

Il est évident que l’évangélisation de la famille ne se fait pas d’un seul coup, comme d’ailleurs l’évangélisation de tous les domaines de la vie humaine: vie de travail, vie politique, économique, culturelle, internationale, etc. C’est une histoire, une longue histoire parfois, une histoire personnelle et communautaire, une histoire vécue à deux et à plus que deux. L’Eglise nous indique là où il faut aller. Nous sommes appelés à y avancer pas à pas. Nous avons, je le répète, à devenir chrétiens. Et nous devenons chrétiens pas à pas, grâce à l’action conjointe de l’Esprit Saint, de nos efforts, de l’aide fraternelle que nous nous portons, de l’Eglise.

C’est ce que nous pouvons appeler la « loi de la gradualité. Non pas la « gradualité de la loi », mais la « loi de la gradualité ». Il ne s’agit pas de faire des coupes dans la loi, de l’adapter selon nos goûts, d’en prendre ce qui nous plaît et de laisser ce qui nous gêne. Mais il s’agit de vivre cette loi, qui est la loi de notre être profond repris par le Christ, la loi de l’Esprit Saint, d’une manière graduelle, progressive, en ne perdant jamais de vue le terme, en y tendant toujours et en nous en approchant par des ruptures de conversion, et dans l’espérance. Dans cette marche, il y a des chutes, des reculs, des faux pas, disons en langage chrétien des péchés.

Cette marche ne peut se faire qu’en ayant conscience que nous avons besoin du pardon de Dieu, en particulier par le sacrement de la réconciliation. C’est déjà vrai sur le plan humain : un foyer où chacun se croit parfait, ne veut pas reconnaître ses fautes, prétend ne pas avoir besoin du pardon de l’autre, est un foyer qui souvent va à la catastrophe. Il en est de même dans l’évangélisation de la vie conjugale et familiale, comme du reste de la vie.

Cette marche en avant ne peut pas se faire sans une certaine « mystique », je veux dire sans une vie spirituelle, une vie dans l’Esprit Saint. Les exigences de l’Eglise quant à la vie conjugale et familiale, comme d’ailleurs dans les autres domaines, ne peuvent être en dehors de là comprises que comme des oukases ou des interdits, que comme du « moralisme ». La loi chrétienne a besoin d’être intériorisée. Et cela se fait par la vie spirituelle, la vie de l’Esprit, la vie mystique, c’est-à-dire la vie dans le mystère du Christ. Notre vie dans toutes ses dimensions a besoin d’être transfigurée.

Cela explique la place que doit prendre la prière dans cette évangélisation de la vie conjugale et familiale. Cette prière n’est pas d’abord faite pour obtenir une aide extérieure de la part de Dieu, mais pour entrer dans une transformation de notre propre volonté en la volonté de Dieu. « Que ta volonté soit faite ». Une telle évangélisation suppose aussi l’importance des sacrements, en particulier du sacrement de la réconciliation et l’Eucharistie. Nous n’allons pas aux sacrements seulement pour quêter une aide, mais pour que notre union au Christ imprègne notre être jusqu’en ses fibres les plus secrètes.

Cette évangélisation ne peut se faire aussi qu’en nous appuyant les uns sur les autres, mariés entre eux, célibataires entre eux, et aussi mariés et célibataires entre eux. Nous avons besoin de nous appuyer les uns sur les autres dans cette communion spirituelle qu’est l’Eglise, les progrès des uns favorisant ceux des autres.

Une évangélisation de la famille, déjà dans la petite enfance, et aussi dans l’adolescence, la jeunesse, suppose ces appuis divers. Mais il est nécessaire d’aborder cela aussi dans la préparation au mariage. Et, lorsque c’est possible, il est indispensable de le reprendre sans cesse avec les couples et les familles.

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Evangéliser la vie familiale est une des grandes tâches de l’Eglise aujourd’hui.

Il y a beaucoup de tâches pastorales urgentes aujourd’hui. L’évangélisation de la famille est l’une des plus urgentes. Car d’elle relèvent beaucoup d’autres secteurs de la vie sociale et de la vie ecclésiale. Ainsi la catéchèse, la vie liturgique, la vie de prière, les vocations, l’ouverture au monde de la pauvreté, la création des liens sociaux dans les immeubles, un quartier, un village, une ville, la réponse aux violences des jeunes, au problème de la drogue, à la tentation du suicide, à la santé des établissements scolaires, etc. Peut-être n’avons-nous pas pris suffisamment au sérieux cette évangélisation, non seulement des personnes, mais des familles comme telles.

J’ai souligné déjà certains aspects de cette tâche. Je relève en particulier: l’éducation affective des enfants depuis le plus jeune âge, puis des adolescents et des jeunes, l’apprentissage des relations garçons-filles aux différents âges, l’éducation au sens humain et chrétien de la sexualité. Les établissements scolaires ont une place privilégiée dans ce domaine, qu’il s’agisse des établissements publics ou des établissements catholiques. La mixité dans les écoles peut être bonne, à condition qu’elle devienne un terrain d’éducation, car par elle-même elle peut produire des bons fruits comme de mauvais fruits. Les cours des sciences de la vie, les manuels utilisés, les campagnes sur la contraception ou sur le sida, ne peuvent pas se contenter des aspects biologiques, mécaniques, fonctionnels, sanitaires. Ils doivent aller jusqu’aux dimensions humaines et chrétiennes. Les établissements catholiques doivent œuvrer en ce sens. Les parents sont à aider pour qu’ils soient de vrais éducateurs en ces domaines. Nous savons combien sur ce point-là comme sur d’autres les grands-parents peuvent aider les petits enfants, parfois plus que les parents. Et parfois tel ou tel membre de la grande famille : tante, oncle, frères et sœurs des parents.

Nous ne devons pas négliger pour l’évangélisation des enfants et des jeunes les mouvements d’enfants et de jeunes. La famille ne peut pas tout faire. Les enfants et les jeunes ont besoin d’autres dimensions. Non seulement les camarades du quartier, les enfants et les jeunes de la grande famille, mais de mouvements comme les enfants de chœur, le MEJ, les scouts, les mouvements d’action catholique, les aumôneries… Ces organismes, s’ils jouent bien leur rôle, peuvent avoir un effet bénéfique pour l’évangélisation de la vue affective et sexuelle.

La préparation au mariage est un temps privilégié, qu’il faut revoir dans le sens d’un parcours plus long, plus évangélisateur, plus initiateur de la vie chrétienne, en particulier par la possibilité parfois de proposer et de préparer le baptême et la confirmation. Il est bon de toujours proposer le sacrement de la réconciliation, en expliquant ce qu’il est même s’ils ne l’acceptent pas. Les CPM ont joué et jouent un rôle important, même s’il faut sans cesse revoir leur organisation, leur déroulement, leur contenu. La préparation au mariage est un champ de mission particulièrement prioritaire et adapté aux couples et laïcs chrétiens. Ne serait-ce pas là leur premier champ de mission ?

Faut-il accepter toujours la célébration du mariage chrétien ou refuser parfois? Je n’aime pas le mot refuser. On ne refuse jamais une demande de sacrement. Mais il est possible en certains cas très clairs d’aider les intéressés à comprendre qu’il vaut mieux attendre, non pour le simple plaisir d’attendre, mais pour laisser du champ à la réflexion et à des nouvelles rencontres. N’oublions jamais en tout cas que l’Eglise prend en compte et que nous devons prendre en compte le projet créateur de Dieu qui est le premier enracinement du mariage. Jésus, je l’ai dit, a repris à son compte ce projet créateur, sans faire appel à une référence explicite à lui. Si les intéressés acceptent ce projet créateur sans pouvoir aller plus loin pour le moment, ils se marient déjà dans le Christ, car le Christ est déjà partie prenante et agissante du projet créateur de Dieu. Ce n’est pas là le sommet du sacrement de mariage, mais cela en est la racine.

Dans cette préparation le prêtre ou le diacre a toujours une place à tenir. Les démarches administratives sont à être prises au sérieux. Elles peuvent être l’occasion d’une évangélisation. Elles montrent que le mariage a toujours une dimension sociale, publique et durable. Il me semble intéressant de pouvoir recevoir les futurs époux individuellement et pas seulement ensemble, car ils ont peut-être des choses à dire personnellement.

La célébration du mariage peut tenir une bonne place dans l’évangélisation de la famille. Encore que certaines assemblées ne facilitent pas une telle évangélisation. Il est toujours important d’annoncer ces célébrations de mariage, soit par affichage, soit à la Messe dominicale, d’une part pour qu’un paroissien puisse dire quelque chose s’il a quelque chose à dire (empêchement ?), soit pour faire connaître cet acte non seulement privé, mais public qui intéresse la vie de toute la paroisse, soit pour inviter à prier pour ces futurs époux, soit, et il faut y insister, pour suggérer aux paroissiens qui le peuvent de participer à la célébration, et même d’y avoir un rôle actif : lecture, chant…Il est bon de ne pas accepter, sauf à la sortie, des chants profanes, en expliquant le caractère religieux de leur mariage.

Faut-il aller vers des laïcs devenant des témoins officiels de l’Eglise à la place du prêtre ou du diacre? Cela n’est pas souhaitable, au moins pour le moment, étant donné le lien très étroit entre le mariage et l’Eucharistie (même si elle n’est pas célébrée), le lien étroit aussi du mariage avec l’Eglise épouse du Christ, étant donné aussi que si les époux sont les ministres principaux du sacrement, il faut qu’apparaisse de plus en plus que le prêtre ou le diacre sont non seulement des témoins inactifs et presque inutiles, mais des ministres nécessaires. La position orientale sur ce point ne doit pas être négligée par nous. J’espère que dans le nouveau rituel il y aura un signe manifestant ce rôle actif du ministre. En tout cas, la bénédiction par le prêtre doit être bien mise en relief. Elle doit apparaître comme le rôle ministériel du prêtre.

Il reste l’après-mariage. L’évangélisation de la famille n’est pas terminée avec la célébration du mariage. Elle a à se poursuivre tout au long de la vie du couple, puis de la vie de la famille. C’est d’autant plus vrai que cette vie de la famille est une histoire, pour ne pas dire une aventure, passant par différents seuils. Il y a des seuils plus marquants. Les 5 et les 10 ans, qui sont les moments où beaucoup ont la tentation de se séparer. Il y a l’arrivée du premier enfant, puis d’autres enfants. Il y a parfois le chômage, des difficultés professionnelles, des déménagements. Il y a le départ des enfants, la retraite de l’un ou de l’autre, peut-être des deux. Il y a des maladies. Il y a la rencontre de tel autre homme ou de telle autre femme. Il y a la ménopause de la femme, puis le vieillissement. Que sais-je ? L’un et l’autre changent, et les enfants aussi. Et ils peuvent dire : nous ne sommes plus les mêmes. Il faut donc qu’ils apprennent à changer ensemble.

L’évangélisation de la famille doit se poursuivre en tenant compte de son histoire. Il faut donc profiter de toutes les occasions pour poursuivre l’évangélisation : la préparation au baptême des enfants, les regroupements des enfants à certains moments (la saint Joseph, le jeudi saint), l’éveil des petits enfants à la foi, l’entrée à l’école ( la « « fête des cartables »), l’entrée au catéchisme, les anniversaires, les jubilés (instaurer une fête des couples jubilaires dans la paroisse), les fêtes des familles.

Et il y a la promotion des mouvements familiaux : équipes Notre Dame, associations familiales catholiques, CLER, groupes de prière, formation de conseillers conjugaux, associations pour aider les femmes enceintes, mouvements d’action catholique qui peuvent soutenir des couples en les ouvrant à d’autres réalités, rencontres informelles de familles, mais aussi présence et services à la paroisse, sans omettre des engagements non confessionnels qui empêchent la famille de tourner en rond. Autant il est bon à certaines périodes que la famille, les époux surtout, ne se dispersent pas, autant il est bon à d’autres moments qu’ils s’orientent vers d’autres. Ce qui est sûr, c’est que nous ne devons pas penser trop facilement que des foyers vraiment chrétiens n’ont pas besoin d’aide. Il est utile pour cela de connaître des organismes ou des personnes qui peuvent aider des familles dans des moments difficiles (Cana, conseillers conjugaux).

Il fait partie aussi de la pastorale de la famille de ne pas oublier les veufs et les veuves qui se sentent exclus très vite de mouvements familiaux auxquels ils appartenaient auparavant. Pour eux et pour elles, il y a des mouvements : Espérance et Vie, Notre Dame de la Résurrection. Aidons aussi les époux séparés qui refusent de se remarier parce qu’ils veulent être fidèles à leur conjoint et à la demande de l’Eglise. Il existe ainsi le mouvement Renaissance. A ce propos ne confondons pas les divorcés et les divorcés remariés, dont la situation dans l’Eglise n’est pas la même.

Enfin, il appartient aussi à la pastorale de la famille d’être attentive aux célibataires, non seulement aux célibataires consacrés que nous respectons, mais aussi aux célibataires qui, pour une raison ou pour une autre, sont restés célibataires. Nous en rions souvent. Nous les méprisons. Ils ou elles sont utilisés soit par nous soit par leurs soeurs ou frères mariés. Il y a parfois en eux ou en elles une souffrance secrète dont personne ne s’occupe. Ne les laissons pas sur la touche. Ils ont besoin de considération et d’aide.

Conclusion (haut)

La pastorale familiale ne présente pas un modèle sociologique précis de famille. Entre les familles des premières communautés chrétiennes, celles du Moyen-Age, celles du 19ème siècle, celles des années 1930-1960, celles de notre temps, il y a sociologiquement des différences. Car sociologiquement la famille est une réalité humaine influencée par le contexte social où elle vit. Il est normal que St Paul ait parlé de la famille dans les termes de son temps, mais en leur donnant un sens nouveau: la femme soumise oui, mais dans le Seigneur, donc librement, et non esclave ou propriété du mari comme l’Eglise au Christ, par contre le mari devant aimer sa femme jusqu’à donner sa vie pour elle, ce qui changeait singulièrement pour l’époque la situation du mari par rapport à la femme. Quant aux relations parents-enfants, saint Paul déclare qu’elles ne sont plus commandées par la dépendance et l’autorité autocratique des parents qui commandent, mais de la part des enfants par l’obéissance dans le Seigneur, et de la part des parents par le refus de les exaspérer par des comportements tâtillons (cf. Ep 5 ; Col 3).

Il est donc périlleux de parler de la famille comme si elle était bâtie sur un modèle immuable. Ce qui intéresse le christianisme, et donc notre action pastorale, c’est les relations entre les personnes qui constituent cette communauté qu’est la famille. C’est ces relations homme-femme, parents-enfants, membres de la famille conjugale-membres de la grande famille qui intéressent la foi. L’originalité du christianisme se situe dans l’évangélisation de ces relations de manière à ce qu’elles deviennent chrétiennes, c’est-à-dire vécues en union avec le Christ, dans la communion de l’Esprit Saint, comme une communauté réalisant en petit les relations à l’intérieur de l’Eglise, Corps du Christ.

La famille peut être soumise à des forces de destruction. Elle peut être aussi absolutisée. Les deux choses se retrouvent aujourd’hui : la critique destructrice ou l’idolâtrie de la famille en laquelle on croit trouver tout le bonheur. Plongée dans cette double tendance, la pastorale de la famille a pour but d’insérer l’Evangile au sein de ces relations humaines originales qui constituent une famille. C’est par là que les familles chrétiennes demeurent un élément primordial de l’évangélisation du monde.

+ Raymond BOUCHEX

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