
ORIENTATIONS DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE POUR LA PRÉPARATION AU MARIAGE (Conférence des Evêques de France nov 2002)
Depuis quelques années, un certain nombre d'aspects de la pastorale du mariage ont changé. Aussi, les prêtres, les diacres et les animateurs pastoraux, souhaitent-ils voir préciser les orientations de l'Eglise catholique, notamment pour la préparation au mariage. Nous rappelons les grands textes du Magistère, notamment l'Exhortation Apostolique Familiaris Consortio. En 1990, les évêques français ont publié un directoire pour l'Entretien pastoral en vue du mariage. En 1992, leur Assemblée plénière a encore travaillé sur la famille. Nous renvoyons aussi au numéro de juin 1994 de Documents-Episcopat intitulé : "Points de repère en pastorale sacramentelle : les sacrements de l'initiation chrétienne, le sacrement de mariage". Ces documents demeurent des références essentielles.
Nous sommes heureux de constater les aspects positifs de la situation présente
: le prix attaché par nos concitoyens à la vie familiale, leur
préoccupation pour l'éducation des enfants, l'augmentation du
nombre des mariages en France depuis plusieurs années, la demande fréquente
des jeunes adultes de marquer leur union par un mariage religieux, leur disponibilité
à s'investir dans une préparation sérieuse, l'engagement
de l'Eglise pour répondre à cette attente, en accueillant et
en écoutant chacun avec bienveillance, enfin le témoignage donné
par des célébrations de qualité.
En même temps, nous observons des changements préoccupants notamment
dans le domaine social, culturel et éducatif : la vie commune sans
mariage pendant un certain nombre d'années, l'anxiété
causée par les instabilités sociales, l'augmentation des divorces
et la crainte de l'échec, l'écart croissant entre chrétiens
convaincus et candidats au mariage sans grande expérience chrétienne.
Plus peut-être qu'auparavant, le mariage éprouve les convictions
des chrétiens. Pour certains, il est une occasion positive de reprendre
contact avec leur communauté. Cela arrive notamment quand il s'agit
de mariages entre chrétiens de différentes confessions. Nous
souhaitons que de tels mariages contribuent à une meilleure connaissance
entre les différentes communautés chrétiennes et favorisent
un progrès vers l'unité.
C'est d'une tout autre manière que la foi des chrétiens est
mise à l'épreuve lors des mariages interreligieux, notamment
islamo-chrétiens. Nous encourageons les pasteurs et leurs collaborateurs
à étudier les documents qui éclairent cette situation,
en particulier dans le Directoire de 1990 et les instruments de travail du
Secrétariat pour les Relations avec l'Islam.
Fréquemment aussi, les époux catholiques eux-mêmes diffèrent
beaucoup dans l'expression de la foi et la participation à la vie de
l'Eglise. Cet écart peut être un facteur d'éloignement
du couple par rapport à l'Eglise. Il peut aussi favoriser la redécouverte
de la foi chrétienne dans la vie familiale et dans l'éducation
des enfants. Il n'en reste pas moins que, pour ceux qui reçoivent les
futurs époux, cette situation peut rendre le dialogue difficile.
Les présentes dispositions, adoptées par l'Assemblée
plénière des Evêques, ne traitent pas toutes les questions
relatives à la pastorale du mariage. Certaines appellent un travail
ultérieur notamment au sujet de la pratique des sacrements : la pénitence
et la réconciliation, l'eucharistie.
Dans le respect du droit canonique, ces dispositions soulignent seulement
quelques aspects plus présents dans les préoccupations des pasteurs
et des animateurs pastoraux. Elles essaient de formuler ces orientations de
manière concise et concrète. Elles supposent un travail suivi
dans les équipes diocésaines, les paroisses et les mouvements.
1- Nous appelons les éducateurs adultes (parents,
catéchistes, aumôniers, enseignants, animateurs, etc.) à
s'engager dans l'éducation affective et sexuelle des enfants et des
adolescents en faisant connaître l'éthique chrétienne
du corps, du mariage et de la famille pour les préparer à un
exercice responsable de leur sexualité. Il s'agit d'initier à
la beauté de l'amour, à l'amitié et à la maîtrise
de soi. Cet engagement suppose :
des convictions fondées sur les caractéristiques spécifiquement
humaines de la vie affective et sexuelle : respect de l'autre, rôle
éducatif des interdits, engagement de toute la personne dans le don
mutuel, estime de la chasteté comme chemin de liberté et de
maturation, avant le mariage et tout au long de la vie conjugale ;
une formation des éducateurs régulièrement actualisée
;
la disponibilité pour le dialogue avec les jeunes dans les divers lieux
d'accueil et de rassemblement ;
une formation au sens critique à l'égard des messages sur la
sexualité dans les expressions culturelles dominantes, comme par exemple
: chansons, cinéma, radio et télévision, etc.
2- Nous invitons tous les candidats au mariage sacramentel, y compris ceux
qui mènent déjà la vie commune, à vivre cet engagement
public comme un événement décisif. Il exprime l'authenticité
de leur amour mutuel. Il introduit une nouveauté radicale dans la vie
de chacun des conjoints. Cette nouveauté est participation au mystère
du don sans retour de Jésus-Christ à son Eglise. C'est dire
que le mariage doit être préparé sérieusement.
Nous appelons à vérifier que chacun des conjoints est vraiment
libre devant cet engagement, notamment en raison des implications éventuelles
de leur situation antérieure.
3- En prenant le temps de les écouter personnellement, l'Eglise catholique
accueille tous ceux qui demandent un mariage chrétien. Elle leur propose
des moyens adaptés à leur situation pour progresser dans leur
amour et cheminer dans la foi chrétienne.
L'Eglise catholique célèbre le mariage quand les conditions
suivantes sont remplies :
au moins l'un des deux conjoints doit être catholique ;
aucun des conjoints ne doit être lié par un mariage antérieur
valide ;
ils doivent être vraiment libres dans leur consentement (liberté)
;
l'homme et la femme s'engagent définitivement l'un envers l'autre (indissolubilité)
;
ils veulent persévérer dans la fidélité de leur
amour pour toute la vie (fidélité) ;
ils acceptent la responsabilité d'être parents (fécondité).
4- Nous demandons à tous de participer à une préparation,
si possible commune, pendant l'année qui précède leur
mariage. Cette préparation au mariage permet aux futurs époux
de préciser leur compréhension des éléments de
la Déclaration d'intention qui définissent un mariage authentique
: engagement libre, unique, définitif et ouvert à l'accueil
responsable des enfants. Pour ceux qui les accompagnent dans cette réflexion,
il ne s'agit pas seulement de vérifier une conformité des mots.
Il faut aussi évaluer la crédibilité des propos. Dans
la plupart des cas, l'échange sur les fondements du mariage sera d'autant
plus libre et profitable qu'il comportera un temps de partage avec d'autres
couples.
5- Le plus souvent, la préparation au mariage est, pour les fiancés,
un moment important de leur vie. L'Eglise accueille avec joie leur demande
de préparation et la prend au sérieux. C'est pourquoi les responsables
pastoraux généraliseront la mise en place d'équipes de
préparation au mariage, composées de laïcs et de ministres
ordonnés. Chaque fois que cela est possible, la participation à
une récollection ou à une retraite sera proposée.
L'importance de l'entretien particulier, de la rencontre personnelle avec
chacun des fiancés ne sera pas oubliée. Les équipes de
pastorale familiale des diocèses, elles-mêmes composées
de laïcs mariés et de ministres ordonnés, ont la charge
de proposer régulièrement aux acteurs de la préparation
au mariage des moyens de réflexion et de formation.
6- Pour nous, catholiques, la préparation au mariage constitue un moment
favorable pour redécouvrir le mystère de l'être humain,
de sa vocation divine, de son désir de vie et de liberté. Membres
d'une communauté ecclésiale, l'homme et la femme, à travers
leur amour humain, peuvent suivre un chemin d'initiation à l'expérience
chrétienne : écoute de la Parole de Dieu, prière, découverte
de l'amour de Dieu et du don de soi.
Sur ce chemin, ils redécouvriront la dynamique de l'initiation chrétienne
: baptême, confirmation et eucharistie. La préparation au mariage
permettra aux conjoints de faire la vérité sur leur vie chrétienne
et leur pratique sacramentelle, notamment en ce qui concerne le sacrement
de pénitence et de réconciliation ainsi que leur participation
à l'assemblée dominicale.
Chaque fois que le cas se présentera, on veillera à proposer
le sacrement de la confirmation. Sa préparation se déroulera
dans un délai convenable, avant ou après la célébration
du mariage.
7- La vie conjugale et familiale peut connaître des difficultés,
voire des crises. Aujourd'hui beaucoup ne voient pas d'autres solutions que
le divorce trop souvent présenté comme une issue pacifique.
On est frappé de la rapidité avec laquelle une rupture est décidée
et du peu de moyens de réflexion dont disposent les personnes confrontées
à cette épreuve.
La préparation au mariage doit envisager ces hypothèses très
clairement et pousser les conjoints à identifier les personnes qui
pourraient les aider en cas de besoin, à les choisir éventuellement
comme "témoins" de leur mariage. On veillera, de même,
à leur fournir des informations précises et utilisables sur
les mouvements familiaux ou les groupes de foyers.
Les services diocésains de pastorale familiale et les mouvements spécialisés
ouvriront des lieux d'accueil et de dialogue pour les époux confrontés
à des crises graves.
8- Dans le sacrement de mariage, les options proposées par le rituel
permettent de construire la célébration en tenant compte des
situations particulières. Aussi, les lectures seront-elles choisies
parmi les textes bibliques liturgiques. L'éventuel accompagnement choral
et musical sera pris parmi les répertoires de musique et de chants
religieux.
Si, dans des circonstances particulières, des éléments
d'une autre nature étaient demandés, ils pourraient trouver
place avant ou après la célébration liturgique proprement
dite.
9- Tout divorce implique des souffrances. Nous ne jugeons pas celles et ceux
qui y ont recours ou qui y sont contraints.
Par fidélité au caractère unique et définitif
de leur mariage, certaines personnes divorcées choisissent de ne pas
se remarier. Nous reconnaissons la grandeur de ce choix conforme à
l'appel de l'Evangile.
D'autres décident de contracter une nouvelle union civile. Certaines
veulent être accompagnées par la prière de l'Eglise dont
elles sont et demeurent membres. Une telle prière ne peut pas prendre
la forme d'une célébration, laquelle présenterait les
signes extérieurs d'un mariage sacramentel.
Par respect de la cohérence entre les deux sacrements de l'Alliance,
l'eucharistie et le mariage, l'Eglise leur propose différents modes
de participation à sa vie ainsi que des moyens d'accompagnement pour
un cheminement spirituel.
10- Quand un couple demande la célébration conjointe de son
mariage et du baptême de son (ou ses) enfant(s), il est préférable
de distinguer les deux démarches sacramentelles. Si des motifs particuliers
conduisent exceptionnellement à accepter la célébration
conjointe, on veillera à respecter le sens de chaque sacrement.
11- Dans certaines paroisses, les demandes de mariage se trouvent regroupées
sur quelques samedis de l'été et, de plus, dans les mêmes
églises. Pour préserver la dignité et la qualité
des célébrations, pour éviter aux prêtres et aux
diacres d'accumuler des célébrations successives, ceux-ci ne
célébreront pas plus de deux mariages chaque samedi. En cas
d'impossibilité, plusieurs solutions sont envisageables :
proposer de changer la date prévue, soit pour un vendredi après-midi
ou un autre jour, soit pour un autre samedi, éventuellement dans le
cadre d'une célébration dominicale ;
faire appel à un confrère, prêtre ou diacre, pour célébrer
dans la paroisse souhaitée ou dans une autre paroisse ;
avec l'accord du curé, faire appel à un prêtre ou un diacre
ami des familles ;
proposer de garder la date et le lieu et de célébrer plusieurs
mariages ensemble.
Le délai de préparation d'un an facilitera ces arrangements
nécessaires.