25 mai 2003

Fête des Mères
Journée mondiale pour la Vie

Mgr André Vingt- Trois,
Archevêque de Tours, Président de la Commission épiscopale pour la famille

Le dernier dimanche du mois de mai est le dimanche de la Fête des Mères et, depuis plusieurs années les évêques de France ont choisi ce dimanche pour nous inviter à réfléchir et à prier sur le don de la vie.

Il ne s'agit pas d'un culte païen aux énergies vitales éparses dans l'univers, comme certaines sectes le développent aujourd'hui. Il s'agit de la vie humaine dans toute son originalité.

La reproduction de la vie relève de mécanismes de mieux en mieux connus, qu'il s'agisse de la reproduction des végétaux ou de la reproduction animale.

Mais la transmission de la vie humaine est un acte d'un autre ordre,

c'est un acte personnel qui s'inscrit dans la relation responsable d'un homme et d'une femme engagés l'un envers l'autre et dont l'amour se déploie dans l'accueil d'une autre personne, différente de ses parents qui la reçoivent, la respectent et lui permettent d'atteindre son autonomie personnelle.

On peut ne voir que les mécanismes biologiques ou génétiques de la reproduction humaine. Mais on la réduit alors à son expression la plus pauvre, on lui retire sa grandeur et sa dignité personnelles. Dans l'embryon, puis le fœtus, on ne voit plus qu'un amas de cellules disponibles pour toute intervention, soit pour le soigner, soit pour le rendre conforme aux désirs de ses producteurs ou de la société, soit pour le détruire, s'il vient à entraver des projets plus intéressants ou s'il pose des problèmes. Que reste-t-il d'humain dans ce regard sur petit d'homme ?

Si une société développée comme la nôtre doit enregistrer un avortement pour trois naissances, (soit environ 250 000 avortements provoqués en France depuis la loi Veil de 1975 -ndlr-) ne sommes-nous pas devant une crise qui révèle notre impuissance à assumer notre humanité, à nous comporter en hommes et en femmes raisonnables ? Beaucoup défendent le droit à cette hécatombe comme un moyen d'échapper à la détresse ? Il est vrai que la perspective d'une maternité peut susciter la détresse chez un certain nombre de femmes. Pourquoi notre société, si passionnée à développer

toutes sortes de protections, est-elle incapable de secourir ces cas de détresses réelles ? Comment se fait-il que la législation, comme la réglementation, pénalise de plus en plus ceux qui ceux qui prennent le risque de transmettre la vie ? Quel est le projet d'avenir d'une société qui rejette ses enfants potentiels ?

Puisque la pression de la "pensée correcte" censure tout débat raisonnable sur ce sujet, puisque nos élus, dans leur grande majorité, refusent toute réflexion qui pose ces questions, que pouvons-nous faire ? Comme à bien des reprises au cours des siècles, les chrétiens sont invités à jouer un rôle

de suppléance devant les carences de leur société.

1 -La prière. La maladie morale qui frappe notre société ne se guérira pas sans un profond changement des mentalités, un retour à la générosité et à la fécondité d'un amour authentique.

Pour cela, nous devons prier sans relâche, mais plus encore en ce jour, pour la défense de la vie humaine.

2 -Le témoignage. Il serait ridicule et hypocrite de croire que cette crise morale est seulement le complot de quelques groupuscules égarés. Si les idéologies du refus de l'enfant ont une telle influence, c'est parce qu'elles trouvent un écho favorable dans toute la population. Nous devons nous interroger sérieusement sur nos attitudes et nos réactions devant la naissance d'un enfant.

3 -L'action. Si nous sommes convaincus que tout enfant à naître est une chance, non seulement pour ceux qui transmettent la vie, mais aussi pour notre société, chacun doit faire ce qui lui est possible pour aider à l'accueil de cet enfant.

* D'abord en soutenant réellement, par notre financement et notre engagement personnel, les quelques associations qui se consacrent à l'accueil et au soutien des femmes en détresse. Aujourd'hui, il n'est pas admissible que certaines familles se dépensent sans compter pour leurs enfants et se désintéressent des enfants auxquels on refuse la vie, faute de moyens pour les accueillir .

* Ensuite par l'aide concrète que nous pouvons apporter à ceux qui nous entourent pour l'éducation de leurs enfants. Beaucoup de grands-parents sont engagés dans cette aide quotidienne pour leur propre famille. Mais il y a beaucoup d'autres occasions où une aide, même modeste, encourage des

familles: la prise en charge d'un bébé pendant quelques heures ou l'accueil des enfants hors du temps scolaire, par exemple.

Que ce dimanche de la Fête des Mères permette à chacun de voir ce qu'il peut faire pour que la maternité cesse d'être vécue comme une malédiction et qu'elle soit vraiment une fête !

Mgr André Vingt- Trois,
Archevêque de Tours Président de la Commission épiscopale pour la famille

voir également l'intervention de Monseigneur Bouchex