Ce document est tiré d'une exposition réalisée en 1991 par un groupe de la Paroisse Saint-Hippolyte qui avait jugé important que « cette question vienne au grand jour et qu'on puisse en parler ».

Sur ce point, l'objectif a été atteint, puisqu'elle a suscité de l'intérêt auprès de nombreuses personnes qui nous ont demandé de leur transmettre le contenu de l'exposition. Nous joignons aux textes quelques témoignages tirés du cahier mis à la disposition de ceux qui voulaient réagir, ainsi que quelques témoignages extraits de différents documents. Depuis 1991, beaucoup d'évêques et de synodes s'étant exprimé sur la question du divorce, les textes de l'exposition ont été complétés et mis à jour en 2000.                                                

Chrétiens Divorcés – Chemins d’Espérance

27 avenue de Choisy 75013 Paris    tél.: 01 45.85.12.05

Vos réactions ou expérience ….au mail:  pastoralefamiliale@free.fr

L’EGLISE et le DIVORCE

1-    Prières.

      Genèse de l’exposition.

      Bibliographie.                                                                                                     

2 - Le divorce aujourd'hui.                                                                                        

3 - La position de l1Eglise catholique.                                                                     

4 - La position des autres Eglises chrétiennes:

            protestante                                                                                                        

            orthodoxe.                                                                                                        

5 - Des textes d'Evangile qui font réfléchir.                                                           

6 - Les arguments en faveur des divorcés remariés.                                             

7 - Un long chemin d'espérance.                                                                              

8 - La réflexion se poursuit avec des paroles d'Eglise aujourd'hui.  ( en particulier dans le diocèse de Digne)

9 - Témoignages.

10 Réaction à l'exposition liée à ce document

PRIERES

Seigneur, tu connais le cœur de chacun de nous, tu sais les combats, les épreuves, les blessures, qui ont marqué la vie de nombreux couples dont nous sommes, comme aussi les échecs de l'amour. Toi seul peux mesurer notre part de péché comme aussi la part de générosité et de fidélité qui a marqué nos vies. Toi seul peux comprendre le chemin qui nous a conduits, au delà de l'échec, à rencontrer et accueillir un amour authentique.

Nous savons que nous avons besoin de Ta miséricorde;

qui pourrait se croire dispensé de Te tendre les bras?

Nous croyons que cet amour dont nous vivons aujourd'hui, est vraiment une part,

même petite, de ton amour à Toi.

Nous avons besoin du pain qui dit notre espérance et donne la force de vivre selon ta parole.

Seigneur nous t'en prions accueille-nous à la table où tu rassembles tes amis.

Toi qui as répondu à l’implorante cananéenne, Toi qui aimes sans condition et sans retour, Toi que nous voulons aimer, toujours.

Amen.

C'était un vendredi, un vendredi lourd de vécu mai vécu quand il m'a dit: "Je ne t'aime plus. Je t’ai trompée, je le ferai encore, tout est fini...."

Coup de tonnerre en mon cœur, chaos des joies et des peine~:

le vertige, la peur.

Seigneur, tu nous connais: un couple normal, construit jour après jour, enfant après enfant... Tout bascule, tout s'écroule.

Seigneur, ta croix est lourde. Les yeux embués de larmes, aveuglée, épuisée, je me suis répétée instinctivement, comme en randonnée de montagne:

marche, marche, c'est la seule solution. Alors j'ai fui, fui dans le divorce, pensant que c'était la seule route possible.

J'ai voulu fuir la haine qui m'envahissait, qui gagnait toute la maison.

En plus de ma déchirure, de ma peine, de celle de mes enfants j'ai découvert l'échec, la honte, et puis la solitude. Seigneur explique-moi : quel crime ai-je commis?

Par réflexe, j'ai regardé ta croix, mais je n'y comprenais plus rien. Une voix me disait: "marche, marche encore!"

Petit à petit mes yeux ont séché, puis un jour de Pâques j’ai été éblouie:

Seigneur ta croix n'a de sens que suivie de ta Résurrection. D'un seul coup, j'ai aperçu comme un lumignon à l'horizon, encore faible et éloigné: une espérance à creuser, à prier, peut-être un nouveau départ.

Et puis j'ai découvert l'amitié, la vraie amitié, j'ai regardé d'une autre façon cette croix, j'ai pu essayer de comprendre cet échec, oser le regarder en face.

J'ai entendu crier les autres. Restons ensemble. Plus tard on pourra leur dire que tu as une tendresse particulière pour ces blessés de l'âme que nous sommes.

Seigneur, tu ne nous a jamais abandonnés. Tu nous as laissé la faim de ta Parole, celle qui interpelle, qui éveille, qui rend à soi-même et qui reconstruit dans la dignité. Maintenant, j'ai envie d'adoucir mon cœur de pierre. Ta croix a été lourde, amis ta présence m'a permis de ne pas désespérer. Aide-moi à marcher droit, seule avec les autres. Aide-moi encore, car je sais bien que plus tard, Si je voulais passer par la porte étroite en m'appuyant au bras d'un homme, je rencontrerais la dure loi de l'Eglise. Seigneur, cela je ne l'ai encore ni compris, ni accepté. Seigneur, marche avec moi.

Prière d'une divorcée (extrait)

(de Prier n0 80 avril 1986)

Laissez-vous réconcilier

Dieu est le seul Saint, Fort, Très-Haut, Père tout puissant, Il est tout à la fois Père, Fils et Esprit. Il est Charité, Amour, souverain Bien, totalement Bon et Aimable, Sagesse, Humilité, Patience, Sécurité et Repos. Il est Juste, Beau, notre Douceur et notre Force, notre Gardien et notre Défenseur. Il est notre Foi, notre Espérance, notre Vie éternelle et notre Sauveur très miséricordieux.

Il nous a faits pour le bonheur de vivre avec Lui, dans l'amour des autres et le respect de notre dignité. Nous sommes à son image. Il parle en nous par la conscience.

Quand nous refusons de vivre en harmonie avec Lui, il nous reste Fidèle. Il nous cherche surtout quand nous devenons fils prodigue ou brebis perdue.

Laissons-nous réconcilier avec Lui; avec tous nos frères et sœurs de ce temps, et avec nous-mêmes. Et ensuite pardonnons à tous comme Dieu nous a pardonnés. Nous ne pouvons rien faire de plus utile et de plus beau que de travailler avec Lui à la Réconciliation de tous les Hommes. La Vie éternelle sera Joie pour tous les hommes réconciliés.

N'attendons plus. Le moment est venu.

Mgr J.C Thomas

Evêque de Versailles

QUESTIONS à notre EGLISE   sur le DIVORCE

Genèse de l'exposition

Cette exposition a été conçue et réalisée en 1991 par un groupe de jeunes adultes de 25-39 ans de la paroisse Saint ­Hippolyte ( Paris XIIIe >, qui n'étalent pas personnellement divorcés. Ils se sentaient néanmoins Interpellés par ce problème, et se posaient beaucoup de questions sur la position de l1Eglise dans ce domaine

Cette exposition qui a séjourné plusieurs mois dans trois paroisses du XIIIe a suscité la naissance à Saint-Hippolyte, d'une permanence et d'un groupe d'accueil. Ce groupe d'accueil qui se veut être un simple relais pour permettre aux divorcés de retrouver leur vraie place dans l'Eglise, s'est engagé dans différentes actions: notamment la création d'une affiche destinée à toutes les paroisses et devant permettre à celles-ci de faire connaître les coordonnées d'un lieu d'accueil pour les divorcés remariés ou non. Ce groupe a également créé en janvier 1995 un nouveau journal "Chrétiens divorcés, chemins d'espérance", qui se veut être un lien entre tous les divorcés chrétiens souvent Isolés dans leur souffrance.

D'autre part, l'exposition peut être prêtée et a d'ailleurs également été utilisée par plusieurs paroisses, notamment de la région parisienne, ainsi que dans le cadre de manifestations, rassemblements et forums.

Bibliographie

•  Le couple face à l'echec: M.D Trapet. Edition Centurion 1989

•  Le divorce autrement (la médiation familiale) : Bastard et Cardia Vonèche. Edition Syros Alternatives 1990.

•  Chrétiens divorcés-remariés: ~gr Le Bourgeois. Edition Desclée de Broirwers 1990.

•  Remariage et communautés chrétiennes: M Legrain. Edition Salvator 1991.

•  Les chrétiens face au divorce : M. Legrain. Edition Centurion 1991.

•          Les divorcés remariés dans les communautés chrétiennes (commission familiale de l'épiscopat). Ed. Centurion 1992.

•  Séparés. divorcés. le chemin du pardon : P.Salaûn. Edition Nouvelle Cité 1992.

•  Questions des divorcés à l1Eglise : Mgr Le Bourgeois. Edition Desclée de Brouwers 1994.

•  Les personnes divorcées remariées: M. Legrain. Edition Centurion 1994.

•  Groupe d'entraide pour personnes séparées/divorcées:

J. Monbourquette. Edition Novalis 1994.

•  Plaidoyer pour les divorcés remariés: Bernhard Hàring. Edition Cerf 1995.

Le DIVORCE AUJOURD'HUI

Amorcée dès le début du siècle, l'augmentation du nombre de divorcés a subi une véritable explosion depuis le début des années 70. En 20 ans , le nombre des divorces a triplé: de 38.900 en 1970, à 109.300 en 1992. Aujourd'hui la moyenne nationale, est d' un divorce pour deux mariages et demie. Evidemment on divorce plus en ville que dans les villages de campagne. On divorce plus, mais aussi de plus en plus tôt. Les divorcés se remarient de moins en moins. Les hommes divorcés se remarient dans un cas sur deux avec une femme célibataire.

Les causes

•    Durée de vie

Aujourd'hui, on peut enfin parler de fidélité conjugale d'une manière positive.

La fidélité a en effet pris corps, elle n'est plus une simple valeur abstraite plus ou moins contraignante. Plusieurs phénomènes majeurs ont permis d'en arriver là. D'abord l'espérance de vie des hommes et des femmes s'est considérablement allongée. De plus, la retraite survient beaucoup plus tôt, et par conséquent, après avoir élevé leurs enfants, un couple doit envisager une longue période de face à face.

•    Diminution de la pression sociale

Un autre phénomène est l'avènement, au fil de l'histoire, de l'individu autonome, soumis à une pression sociale moins forte qu'autrefois. La fidélité est donc devenue une affaire personnelle et concrète inscrite dans la durée qui est son vrai milieu de développement. Il appartient alors à chacun de gérer au mieux cette durée.

•    Plus grande maîtrise de la procréation

Autour des années 60, l'accession plus facile à des moyens contraceptifs simples a permis une véritable révolution dans les rapports hommes/femmes, en même temps qu'une plus grande possibilité de paternité et de maternité responsable.

•    L'autonomie de la femme

En 30 ans, le nombre des femmes ayant des revenus propres a considérablement augmenté, et a donc favorisé une autre façon de poser les questions matérielles et financières dans le couple.

•    Prise de conscience de l'identité féminine

La femme n'est plus l'ombre de l'homme. Elle revendique petit à petit des responsabilités d'un niveau Identique à l'homme, même Si ce ne sont pas forcément les mêmes.

•    Remise en cause des valeurs traditionnelles

1968 en a été le grand révélateur. Cela s'est accompagné d'une

baisse très sensible de la référence religieuse institutionnelle.

Position de l'EGLISE Catholique

Historique

•     Au lIe siècle les chrétiens se marient selon les rites familiaux locaux, en se contentant d'éliminer les rites typiquement païens.

•     A partir du Ive siècle mise en place progressive d'une liturgie (avec bénédiction, voile, anneau), pour remplacer les rites païens.

•     Au vile siècle les mariages se font toujours selon les rites familiaux locaux qui sont pour l'essentiel des rites civils.

•     A la fin du VIlle siècle la bénédiction religieuse s'institutionnalise, mais elle reste facultative pour la validité du mariage chrétien.

•     Au XI siècle ce rite religieux se répand dans toute la France.

•     Au Xlle siècle naissance du droit concernant le mariage.

•     Au XIIIe  siècle le mariage devient un des sept sacrements, alors qu'il n'était jusque là qu'un lien sacré ayant valeur sacramentelle.

•  En 1563 au Concile de Trente: désormais, entre 2 baptisés le seul mariage valide est sacramentel, avec élaboration d'une célébration obligatoire de mariage telle que nous la connaissons aujourd'hui.

•          Code de 1917: l'Eglise considère explicitement les divorcés remariés comme des " bigames", "infâmes" et pécheurs publics (canon 2356). Comme tels ils sont notamment privés de sépulture ecclésiastique ( canon 1240) et d'eucharistie. Ils peuvent même être excommuniés.

•     Suite au Concile de Vatican Il et au nouveau droit canonique de 1983:

Le mariage est d'abord une alliance, avant d'être un contrat. La notion de "pécheur public" n'est plus expressément retenue.

"Les pasteurs    ont l'obligation de discerner les diverses situations 

En découle, en pratique, une attitude moins répressive envers les divorcés remariés.

Position de L'Eglise face au mariage

•          Le mariage est l'un des 7 sacrements de l'Eglise Catholique.

•          Le mariage repose sur:

•  la liberté: il ne peut y avoir d'amour sans liberté

•  la fidélité: l'acte de se marier ne peut être pris à la légère, en pensant que peut-être dans l'avenir.....

•  la créativité: le mariage est fait pour donner la vie, ou toute autre production « généreuse »

•          Le mariage est indissoluble car il est « fruit, signe et exigence de l'amour absolument fidèle que Dieu a pour l'homme et que le Christ manifeste à son Eglise » (Jean-Paul Il)

•          Possibilité d'une procédure en reconnaissance de nullité du mariage sacramentel.

Une démarche de déclaration de nullité de mariage est possible. Ce genre de procédure demeure encore rare (quelques centaines en France par an) et est traitée au niveau régional par des tribunaux ecclésiastiques appelés "officialités". L'Eglise a toujours reconnu plusieurs cas de nullité: l'impuissance physique, la contrainte morale, l'erreur grave sur la personne, la volonté explicite de ne pas avoir d'enfants, certains vices de forme et l'immaturité qui rend inapte à poser un acte aussi important que le mariage.

Les conséquences du divorce pour les catholiques

Le divorcé peut mener la même vie que tout catholique dès l'instant qu'il ne se remarie pas.... Sinon, il ne peut plus communier ni participer au sacrement de la réconciliation.

L'Eglise.... ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés... car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu"elle s'exprime dans l'eucharistie".

Jean-Paul Il

Le divorcé remarié peut recevoir les sacrements dès l'instant qu'il vit avec son conjoint comme "frère et sœur".

Epouser un divorcé signifie rompre avec les sacrements de pénitence et d1eucharistie.

Cette loi disciplinaire a une conséquence psychologique très importante sur la personne, qui se sent exclue de l1Eglise et de le communauté des chrétiens.

Position des autres EGLISES  CHRÉTIENNES

POSITION DES EGLISES PROTESTANTES

Pour les protestants, le mariage ne constitue pas un sacrement au même titre que le baptême ou l ‘eucharistie. Le mariage est considéré comme une haute réalité spirituelle,

un appel à la fidélité totale à l’image du lien établi dans la Bible entre Dieu et son peuple.

Mais l’Eglise est appelée à tenir compte des situations d'échec. Du coup la pastorale des divorcés ne concerne pas seulement ceux qui sont mariés àl1Eglise ou au Temple, mais elle prête attention à tous ceux qui ont vécu en couple et brisent leur relation. Elle y exerce son ministère.

La bénédiction d' un remariage ne va pas de soi et ne peut être autorisée qu'après un examen de chaque cas particulier par les commissions synodales compétentes. Cela n'implique pas une approbation du divorce. Les divorcés non autorisés à se remarier par la commission demeurent objet de souci fraternel et d'aide pastorale de l'Eglise protestante.

POSITION DE L'EGLISE ORTHODOXE

Si l'Eglise orthodoxe admet le mariage comme l'un des 7 sacrements, elle ne se montre pas cependant aussi rigoureuse que l'Eglise catholique quant à la situation des divorcés et quant à la possibilité dun remariage.

Elle insiste beaucoup  sur l'importance de la miséricorde et de la compassion à l’égard de tous ceux qui ont à vivre une telle souffrance. Les divorcés remariés ne sont pas exclus de la communion. L'Eglise orthodoxe, en outre, admet la possibilité d'un remariage religieux de la personne divorcée. Le rite de ce remariage sera alors moins solennel que pour les premières noces et s'accompagnera de prières pénitentielles.

Des textes d'EVANGILE   qui font réfléchir

L' Evangile et le mariage

Comme dans le récit de la création du premier couple humain (la genèse ch.1 verset 26 à 28) Le mariage est une institution divine

Adultère et répudiation

(Mathieu 5, 27-32)

Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras pas d'adultère. Et moi, je vous dis : quiconque, regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l'adultère avec elle.

Si ton oeil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi car il est préférable pour toi que périsse un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et Si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi  car il est préférable pour toi que périsse un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne s’en aille pas dans la géhenne.

D'autre part il a été dit : Si quelqu'un répudie sa femme, qu'il lui remette un certificat de répudiation. Et moi, je vous dis quiconque répudie sa femme

•          sauf en cas d'union illégale - l'expose à l'adultère; et si quelqu'un épouse une répudiée, il est adultère.

Jésus  donne sa  position sur  le divorce

Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni.

(Mathieu 19, 1-19)

Or, quand Jésus eut achevé ces instructions, il partit de la Galilée et vint dans le territoire de la Judée au-delà du Jourdain. De grandes foules le suivirent, et là Il guérit. Des pharisiens s'avancèrent vers lui et lui dirent pour lui tendre un piège : "Est-il permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif ?" Il répondit : "N'avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, les fit mâle et femelle et qu'il a dit : C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni!" Ils lui disent: "Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit de délivrer un certificat de répudiation quand on répudie?" Il leur dit

"C'est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; mais au commencement il n'en était pas ainsi. Je vous le dis  Si quelqu'un répudie sa femme - sauf en cas d'union illégale et en épouse une autre, il est adultère."

Les disciples lui dirent : "Si telle est la condition de l'homme envers sa femme, il ny a pas intérêt à se marier." il leur répondit "Tous ne comprennent pas ce langage, mais seulement ceux à qui cest donné. En effet il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein maternel; il y a des eunuques qui ont été rendus tels par les hommes; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du royaume des cieux.

Comprenne qui peut comprendre!"

Alors les gens lui amenèrent des enfants, pour qu'il leur imposât les mains en disant une prière. Mais les disciples les rabrouèrent. Jésus dit; "Laissez faire ces enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux." Et, après leur avoir imposé les mains, il partit de là.

Et voici qu'un homme s'approcha de lui et lui dit : "Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?" Jésus lui dit

‘'Pourquoi m'interroges-tu sur le bon? Unique est celui qui est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements." "Lesquels?"; lui dit-il? Jésus répondit "Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras d'adultère. Tu ne voleras pas

(Marc10, 1-12)

Partant de là, Jésus va dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. De nouveau, les foules se rassemblent autour de lui et il les enseignait une fois de plus, selon son habitude. Des "pharisiens s'avancèrent et, pour lui tendre un piège, ils lui demandaient s'il est permis à un homme de répudier sa femme. Il leur répondit "Qu'est ­ce que Moïse vous a prescrit?" Ils dirent: "Moïse a permis d'écrire un certificat de répudiation et de renvoyer sa femme." Jésus leur dit

"C'est à cause de la dureté de votre cœur qu'il a écrit pour vous ce commandement.

Mais au commencement du monde Dieu les fit mâle et femelle; c'est pourquoi l'homme

quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux ne feront qu'une

seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.

Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni. A la maison, les disciples

l'interrogeaient de nouveau sur ce sujet. Il leur dit  "Si quelqu'un répudie sa femme et en

épouse une autre, il est adultère à l'égard de la première; et si la femme répudie son

mari et en épouse un autre, elle est adultère."

(Luc 16, 18)

Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre est adultère; et celui qui épouse une femme répudiée par son mari est adultère.

et Saint Paul

(Ephésiens 5, 21--33)

Vous qui craignez le Christ, soumettez-vous les uns aux autres; femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur. Car le mari est le, chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l'Eglise, lui, le Sauveur de son corps. Mais, comme I’Eglise est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leur maris. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise et s’est livré pour elle; il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant avec l'eau qui lave et cela par la Parole; il a voulu se la présenter à lui même splendide, sans tache ni ride, ni aucun défaut; il a voulu son Eglise sainte et irréprochable. C'est ainsi que le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps. Celui qui aime sa femme, s'aime lui-même. Jamais personne n'a pris sa propre chair en aversion; au contraire, on la nourrit, on l'entoure d'attention comme le Christ fait pour son Eglise; ne sommes-nous pas les membres de son corps? C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne seront qu'une seule chair. Ce mystère est grand : je déclare qu'il concerne le Christ et l'Eglise. En tout cas, chacun de vous, pour sa part, doit aimer sa femme comme lui-même, et la femme, respecter son mari.

Les arguments en faveur des DIVORCÉS~REMARIÉS

L1homme n'est pas fait pour le Sabbat, mais le Sabbat est fait pour l'homme.

Jésus, conscient de notre état de pécheurs, n'enferme pourtant personne dans une situation sans issue. Jésus invente un autre chemin, un chemin où la loi reste appel mais ne tombe jamais comme un couperet ou une pierre qu'on lance (cf. L'épisode de la femme adultère Jean 8, 1-11).

Comment pouvons-nous parler de l'eucharistie comme mystère de foi et de communion, si elle est refusée à ceux qui désirent ardemment puiser dans ce repas la force de vivre selon l'Evangile et y renouveler leur sens de l'Eglise?

Comment pouvons-nous parler de la miséricorde de Dieu Si le sacrement de la Réconciliation n'est pas donné à tous les chrétiens qui le demandent avec sincérité?

Les divorcés ont-ils seuls une responsabilité ?

L’ Eglise, quant à elle, porte certainement la responsabilité d'engagements sans maturité ou sans foi, qu'elle a couverts de sa sainte bénédiction. L' Eglise bénit trop facilement le mariage d'époux qui ne sont pas faits l'un pour l'autre et les rejette par la suite, s'ils se marient après l'échec de leur première union.

Une position qui aboutit à des situations paradoxales

Si un non baptisé épouse un chrétien divorcé, et que découvrant ensuite Jésus-Christ il désire le baptême, l'Eglise estime devoir lui refuser ce baptême, qui le plongerait dans le "péché", puisque son mariage avec un divorcé ne peut être reconnu comme tel par l'Egli5e et est donc assimilé par elle à un simple concubinage.

Fn épousant un divorcé, celui qui n'est pourtant ni " divorcé ", ni " remarié ", perçoit souvent mal le "péché impardonnable " qu'il commet alors et qui le met en situation de ne plus pouvoir participer aux sacrements de pénitence et d'eucharistie.

L'adultère dans des liaisons passagères, n'interdit pas l'accès aux sacrements.

L'actuel droit canon aboutit à d'étranges situations. Ainsi tandis que le remariage d'un divorcé est considéré comme adultère et sans valeur (ce qui lui interdit l'accès des sacrements), l'assassin de son mari ou de sa femme peut être autorisé à se remarier à l'Eglise, le premier mariage étant juridiquement dissous par décès.

Un divorce survenant après un premier mariage civil, ne fait pas obstacle à un deuxième mariage cette fois sacramentel à l1Fglise.

L'Eglise refuse de reconnaître le remariage d'un divorcé qui n'a pas pu être fidèle à l'engagement pris lors de son premier mariage, mais elle a admis, dans de nombreux cas de célébrer sacramentellement le mariage de prêtres, n'ayant pas davantage pu rester fidèles à la promesse de célibat faite lors de leur ordination.

Des exigences difficiles à vivre

Fn effet à la souffrance d'un parcours humain difficile, s'ajoute pour les divorcés remariés catholiques celle due à la position de l'Eglise.

L'Eglise demande aux divorcés remariés d'élever leurs enfants dans la foi catholique, de les amener au partage eucharistique, sans les autoriser, eux à accéder au Pain de Vie.

Un divorcé remarié peut recevoir les sacrements, à condition de vivre avec son deuxième conjoint '1comme frère et sœur". N'est-ce pas mettre en péril ce deuxième mariage et les enfants du foyer?

L'Eglise justifie souvent sa rigueur vis-à-vis des divorcés remariés, en évoquant le fait que le mariage en tant qu'alliance , doit être signe incarné de l'Alliance de Dieu avec les hommes. Cela est évidemment exact, à condition de ne pas perdre de vue, que ce signe peut être faillible comme tout ce qui est humain, contrairement à son modèle dans lequel l'Alliance et l'Amour de Dieu pour les hommes sont eux indéfectibles et sans faille.

Ce n'est pas la fidélité de l'homme qui est l'archétype de la fidélité de Dieu mais l'inverse...... L'Alliance de Dieu nous est sans cesse offerte au-delà de nos infidélités, et c'est une alliance rédemptrice.

Qui est digne ?

Le Christ est-il venu pour les pécheurs ou pour les justes ? Ne sommes nous pas tous, tant que nous sommes, indignes de nous approcher du Seigneur?

Attention au pharisaïsme

Il demeure capital daider ceux qui sont en règle à échapper à la mentalité du fils aîné de la parabole de l’enfant prodigue et à ne pas regarder de travers "ceux qui essaient de se remettre debout et en chemin".

Pour une pastorale plus souple....

Ce n'est pas nier la valeur du mariage, que de demander à l'Eglise une pastorale plus souple pour ceux qui ayant échoué dans leur couple, veulent reconstruire.

A noter que si un premier mariage à l'Eglise entremêle souvent, aux motifs religieux, des motifs de convention sociale, le second peut se révéler beaucoup plus réfléchi et le désir de reconnaissance de l1Eglise plus pur et plus dépouillé.

Cette pastorale pourrait s'accompagner d'une réaffirmation solennelle de la signification du                      sacrement de mariage, sans pour autant assimiler les mariages non sacramentels à de simples concubinages.

Accorder les sacrements aux divorcés remariés, serait pour l'Eglise reconnaître aux  hommes le droit à l’échec.

Un long chemin d’espérance

En 1971 Mgr Le Bourgeois évêque d'Autun, ose prendre une position distanciée vis-à-vis de Rome, en autorisant avec l'accord de son conseil presbytéral, les funérailles chrétiennes aux divorcés remariés de son diocèse.

En 1973 le Magistère lève l'interdiction des funérailles chrétiennes pour les divorcés remariés qui figurait dans le code de 1917.

En 1976 Mgr Le Bourgeois évêque d'Autun fait partie de ceux qui pensent que l'Eglise doit abandonner certains interdits et se faire plus attentive à l'exigence des consciences morales individuelles. Il propose donc un cheminement aux divorcés remariés de son diocèse qui demandent humblement à l'Eglise de s'asseoir à la Table de l'Eucharistie, au milieu de beaucoup d'autres pécheurs connus ou inconnus. Pour lui la référence à certains critères pourrait rendre possible cette démarche: certaine durée de vie du nouveau couple, qualité de la vie chrétienne habituelle du couple, l'éducation chrétienne des enfants, la charité et la justice envers le premier conjoint, réactions de la communauté locale, discernement réservé à l'évêque en lien avec le prêtre concerne.

Mgr Le Bourgeois propose conjointement:

•   Une meilleure préparation au mariage.

•   Une prévention du divorce par une écoute attentive des problèmes du couple, et cela en faisant   appel à des spécialistes.

Une fois le divorce prononcé, le soutien d' une attention fraternelle.

Pour les divorcés remariés organisation de groupes d'accueil, et le cas échéant les accompagner dans une démarche de reconnaissance de nullité du  1er  mariage.

En 1977 Mgr Kuelin évêque de Meaux, avait institué une sorte de catéchuménat pour les couples divorcés remariés, à l'issue duquel il prononçait la réconciliation et prenait la décision de les réadmettre à l'eucharistie. En cas de difficultés dans une paroisse, l'évêque se déplaçait pour exhorter ces chrétiens à ne pas avoir la mentalité du fils aîné de la parabole de l'enfant prodigue. Il a dû démissionner.

Le 22 novembre1981 Jean-Paul Il dans "Familiaris consortio "

Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide.

Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie.  Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance!" (article 84)

Toutes les communautés et les pasteurs connaissent ils ce texte et font-ils ce que Jean-Paul Il leur a demandé ?

En 1983 appel de Mgr Favreau évêque de Nanterre, dans le cadre du Synode, pour une réconciliation en faveur des divorcés remariés.

Le conseil pastoral diocésain de Besançon propose une réflexion sur la présence des divorcés dans I'Eglise.

En 1984 Mgr Daloz évêque de Besançon invite tous les chrétiens de son diocèse à réfléchir à la question de l'accueil des divorcés dans l'Eglise.

De 1986 à 1989 les Synodes de Nancy, Aix et Le Mans évoquent tous, le problème des divorcés remariés et de l'Eglise.

En  1987 le diocèse de Troyes diffuse une brochure:

"Accueillir en Eglise nos frères divorcés et divorcés remariés".

En 1990 les Synodes de Beauvais, Epinal, Grenoble, et Bourges évoquent eux aussi le problème des divorcés remariés.

Quant au Synode d'Evry, il demande expressément qu'on reconsidère la question de l'accès des divorcés remariés aux sacrements.

Un sondage révèle que 82% des catholiques ( et 71% des pratiquants) sont favorables à l’accès des divorcés remariés à l'Eucharistie.

En 1991 les Synodes d'Auxerre, Evreux, d'Mre et Dax, Marseille, Béziers demandent qu'on réexamine la question du refus des sacrements aux divorcés remariés.

Mgr J.C Thomas évêque de Versailles publie un petit livre "Laissez-vous réconcilier", dans lequel il évoque la question des divorcés et divorcés remariés. En ce qui concerne ces derniers il précise:

La voie de la miséricorde et de la cohérence peut être recherchée dans l'application du jugement de conscience des époux divorcés remariés.

En effet, nul ne peut être jugé en état de séparation avec Dieu (ou en état de péché mortel) pour un acte même grave, qu1il a réalise sans avoir conscience qu'il s'agissait d'une rupture avec Dieu, par exemple un remariage après divorce.

Il me semble nécessaire que ceci fasse l'objet d'un dialogue en Eglise et d'un éclairage de la conscience des divorcés remariés   

Lorsque, sur ces 6 points pris ensemble ( il s'agit de la durée de vie de second mariage, de la recherche loyale de la validité du premier mariage religieux, de la reconnaissance des torts causés par le divorce, de l'attitude non agressive envers le précédent époux, de la qualité de vie spirituelle des époux divorcés remariés, du recours au dialogue avec d'autres chrétiens),

Le diagnostic est largement positif, il devient signe que les époux divorcés-remariés vivent en communion avec Dieu et qu'ils ne sont pas en état de rupture avec lui.

Les aider à en prendre conscience et à en tirer eux-mêmes les conséquences qu'ils pensent pouvoir en tirer de bonne foi, après en avoir discuté avec d'autres chrétiens et une autorité ecclésiale, constitue une voie à laquelle nous devons penser. Elle est une voie de miséricorde pour les divorcés-remariés. Elle ne change pas la situation canonique ou officielle des divorcés remariés, mais elle éclaire et libère leur conscience. Elle peut les aider à progresser spirituellement dans la paix du cœur en s'en remettant à la miséricorde de Celui qui seul juge les reins et les cœurs et jugera finalement nos existences de pauvres pécheurs, pardonnés par la Mort et la Résurrection du Christ  

En 1992 les Synodes de Bayonne, Montpellier, Annecy demandent d'étudier la possibilité de l'accès des divorcés remariés aux sacrements, tandis que Rouen, Albi et Poitiers proposent une réflexion sur la pastorale des divorcés et divorcés remariés.

La commission familiale de l'épiscopat publie "Les divorcés remariés dans la communauté chrétienne"

Quant à Mgr David évêque de La Rochelle et Saintes il promulgue une petite brochure

"A mes frères et sœurs catholiques divorcés-remariés" dans laquelle nous pouvons lire:

Aujourd'hui, frères et sœurs divorcés-remariés, je vous adresse une parole d'espérance et d'amitié.

"Vous n'êtes pas sur une voie sans issue. Vous aussi, je vous appelle à entrer dans le grand mouvement de notre Eglise diocésaine: "Au souffle de l'Esprit, cap sur 1’an 2.000"

Vous avez du prix pour Dieu

Vous êtes appelés à être des amis de Dieu aujourd'hui

Beaucoup d'entre vous se trouvent dans des situations irréversibles, que vous ne pourriez quitter sans injustice pour votre conjoint actuel et vos enfants. Et l'exigence soulignée par l'Eglise de vivre comme frère et sœur peut vous sembler inaccessible.

Pourtant, l'amitié de Dieu vous est non seulement promise pour demain, mais offerte pour aujourd'hui.

...Dans votre manière de vivre, dans votre service de la mission de l'Eglise, j'ai reconnu en bien des cas la Présence de l'Esprit Saint.

Devant Dieu, vous êtes-comme chacun de nous- des pauvres aux mains vides. La puissance de l'amour du Père pour nous n'est enfermée, ni limitée par rien.

Un itinéraire: la vie en Eglise

1) Ecoutez la parole de l'Eglise

Rappelez par vos vies aux communautés chrétiennes que l'Eucharistie n'appartient de droit à personne, qu'une communion ne se fait pas à la légère, que communier ne garantit pas de rencontrer Dieu en vérité.

Votre souffrance peut faire grandir t'Eglise et la provoquer à plus de fidélité à l'Eucharistie.

Je sais que certains d'entre vous estiment en conscience pouvoir communier. C'est le secret de votre relation à Dieu:

mais pour autant, laissez éclairer vos consciences, ne fermez pas vos oreilles à la parole de l'Eglise; demeurez humbles devant Dieu.

2) Liez-vous à l'Eglise!

Ne restez pas seuls; parlez. Un chrétien isolé est un chrétien en danger...Je vous invite au courage de : rencontrer un prêtre... appartenir à un groupe.... développer le dialogue, la réconciliation et la paix autour de vous.

....la grâce de Dieu n'est contrainte par rien, pas même par les sacrements. Le mystère de l'Eglise par laquelle nous est donné le salut est toujours plus large que les gestes de l'Eglise et le déborde.

Dieu ne refuse jamais le pardon. Et j'espère que l'Eglise trouvera un jour le moyen de l'exprimer et de le célébrer d'une manière qui vous encourage vous et la communauté chrétienne

3) Tenez à Dieu! en vous enracinant dans la prière..... Trois appels

a) Soyez passionnés de Jésus-Christ

...Jésus ne fait pas le tri dans ses amis: comptent pour lui ceux qui comptent le plus sur lui 

b) Prenez toute votre part à la mission de l'Eglise ....Soyez porteurs de la meilleure des nouvelles: celle de la miséricorde offerte à tous. Avec d'autres, prenez des initiatives, menez- les à leur terme. Partagez-les.

b) Inventez en Eglise des chemins nouveaux pour les divorcés-remariés

Les divorcés remariés sont très nombreux. Beaucoup se croient encore rejetés de i'Eglise et se tiennent à l'écart. Allez vers eux.

Je souhaite que les paroisses, les conseils de chrétiens, les divers groupes.... vous aident à cheminer et à faire cheminer les communautés chrétiennes dans quatre directions:

•          bienveillance fraternelle entre tous les chrétiens

•          prière pour ceux qui se sont éloignés de Dieu

•          célébration du jour du Seigneur

•          offres de participation à la vie de l'Eglise et au service des frères humains

En 1993 les Synodes de Poitiers, Aix, Toulouse, Lyon et de Gironde demandent qu'on réfléchisse à une révision possible de la discipline de l'Eglise qui consiste à priver les divorcés remariés de sacrements.

De son côté Mgr Herbulot et le service de la pastorale de l'Essonne organisent un forum sur le thème "Mariés, divorcés, remariés, à nous tous, ensemble en Eglise, l'Evangile nous est conflé'1.

Les pastorales de Sion, de Beauvais, de Genève et de Troyes proposent des réflexions et des orientations pastorales.

La     réflexion se poursuit avec des paroles d'Eglise aujourd’hui

Le 1er juillet 1993, trois importants évêques allemands du Rhin supérieur, Mgrs Saler, Lehmann et Kasper s'associent pour diffuser à l'intention de leurs communautés un texte commun sur le thème " Divorcés-remariés, le respect de la décision prise en conscience", où nous pouvons notamment lire:

Comme nous l'avons déjà dît, il ne peut y avoir d1admlsslon générale, formelle et administrative,

pour la raison que, ce faisant la fidélité à l'égard de l'indissolubilité du mariage s'en trouverait obscurcie.

....Mais au cours de l'entretien pastoral avec un prêtre, du partenaire d1un deuxième mariage, entretien où est clarifié à fond, avec sincérité et objectivité, l'ensemble de la situation,

il peut s'avérer que les deux partenaires ( ou bien un partenaire seulement en ce qui le concerne)

se voient autorisés par leur conscience à s'approcher de la Table du Seigneur (cf. sur ce sujet CiC, can.843 §1). C'est donc en particulier le cas lorsqu'on est persuadé en conscience que le mariage précédent, brisé sans espoir, n'a jamais été valide (cf. aussi FC, 84).

....Seul l'individu peut prendre une telle décision, une décision personnelle prise en conscience. Dans ce but, il a besoin d'une assistance qui l'éclaire et de l'accompagnement sans préjugés du ministère de l'Eglise.

Le prêtre protégera la décision prise ainsi en conscience contre les condamnations et les soupçons, mais veillera également à ne pas provoquer de scandale dans la communauté

La doctrine réaffirmée

Le 14 octobre 1994 la Congrégation pour la doctrine de la foi, par l'intermédiaire du cardinal Ratzinger réaffirme:

"..... Si les divorcés se sont remariés civilement, ils se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la loi de Dieu et, dès lors, ils ne peuvent accéder à la Communion eucharistique, aussi longtemps que persiste cette situation  Si un fidèle jugeait possible de le faire, .....un tel jugement de conscience est en opposition patente avec la doctrine de l’Eglise...."

Cette lettre du cardinal Ratzinger a provoqué des réactions de nombreux théologiens, journalistes et simples chrétiens du peuple de Dieu, mais aussi celle d'évêques et notamment:

Mgrs Saler, Lehmann   et Kasper, les trois évêques du Rhin supérieur maintiennent leur position et répondent à Mgr Ratzinger: "   Nous n'ayons aucune possibilité d'une autorisation officielle, mais un "accès" à la Table du Seigneur nous a paru possible, dans des conditions indiquées avec précision, de par une décision bien pesée de la conscience. Cette différence entre "autorisation" et "accession" est pour nous fondamentale".

Mgr Le Bourgeois ex évêque d'Autun: "....Cette prise de position romaine semble peu conforme à l'enseignement de l'Eglise sur la valeur de la conscience, pourvu qu'elle n'agisse pas à l'aveuglette, mais tienne compte à la fois de la discipline catholique et d'autres facteurs plus personnels... Personnellement je souscris pleinement à la position des évêques allemands 

Mgr Derouet évêque d'Arras : "La priorité à la norme l'emporte sur la l'attitude de compréhension....Je souffre pour l'Eglise.. Jésus présentait une autre attitude en dialoguant avec le femme de Samarie, plusieurs fois divorcée"

Mgr de Saint-Blanquat évêque de Montauban: "...Face au désarroi de ces femmes et de ces hommes, il est difficile de se contenter de rappeler la discipline. Heureusement que Jésus n’a pas appliqué la loi à la femme adultère! S'il te plait, Joseph Ratzinger, dessine-moi une Espérance!...."

Mgr Eyt archevêque de Bordeaux: "La question posée, la place des divorcés remariés dans l'Eglise, appelle de notre part un effort simultané de fidélité et d'initiative et mérite une approche plus complète....J'espère que pour le troisième millénaire, l'Eglise sera plus attentive à la société".

Mgr Duval président de la conférence épiscopale "a

regretté les actes d’autorité de la part de Rome.....notamment l'impossibilité pour les divorcés-remariés de pouvoir communier".

En 1994 Mgr Thomas et la pastorale familiale de Versailles ont organisé un forum pour les divorcés, divorcés remariés et conjoints de divorcés, qui a réuni 250 personnes.

A Troyes, Mgr Daucourt fait sien le texte de Mgr David de

1992, dans lequel il admettait que certains divorcés remariés

pouvaient communier après en avoir décidé en conscience.

A Poitiers, Mgr Rouet et la pastorale demandent que des orientations soient prises pour l'accueil des divorcés remariés, que le mariage civil soit considéré comme positif et porteur de valeurs et qu'enfin certains puissent après avoir éclairé leur conscience, décider d'accéder à l'Eucharistie

Plusieurs pastorales familiales, notamment à Sélestat élaborent avec leur évêque des réflexions et orientations pour les divorcés remariés ou non;

En Suisse, l1Eglise de Saint-Gail et Genève édite une petite brochure dans laquelle elle s'élève vigoureusement contre l'exclusion des divorcés remariés ou non:

"....Lorsque des divorcés remariés souhaitent pour d'authentiques motifs avoir accès aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie, l'accompagnement pastoral est là pour leur indiquer la route. Réflexion personnelle et entretiens pastoraux peuvent ensemble conduire à la décision de recevoir les sacrements et de participer totalement à la vie de la communauté ecclésiale.

Les documents ecclésiastiques récents enjoignant les paroisses à ne pas exclure les croyants divorcés et divorcés remariés, mais au contraire à les inviter à participer à la vie de la communauté, constituent certes un premier pas. Toutefois, il faut reconnaître que le refus de la communion à

ces personnes, n'en parait que plus incompréhensible; il en va de même, pour les recommandations faites aux prêtres de renoncer à toute célébration liturgique en cas de remariage. Ce mouvement de balancier entre accueil et rejet suscite de l'irritation chez les intéressés.

...Notre option est une nouvelle voie pastorale, visant à ce que les intéressés trouvent le chemin de pénitence et de communion. Cette démarche se déroulera dans le cadre d'une discussion avec des agents pastoraux dûment formés. Un tel processus permet de mûrir une décision qui sera prise en toute responsabilité et conscience 

La pastorale de Montréal et la conférence des évêques de France, dans un document commun, se veulent attentifs à une pastorale de miséricorde à l'égard de tous les divorcés, remariés on non.

A Annecy Mgr Barbier précise en ce qui concerne la conscience:1La conscience est le lieu le plus secret de l'homme, le "lieu" où s1il est croyant, il est seul avec Dieu....Mais sa conscience doit être sans cesse éclairée, convertie, sanctifiée...Il est du devoir de l'homme d'accepter ces éclairages.

En finale, la décision n'appartient qu'à l'homme seul. C'est pour cela que Saint Thomas d'Aquin affirme le droit et le devoir de suivre sa conscience préalablement éclairée même lorsque celle-ci se trouve dans l'erreur.

Le 9 octobre 1994 Mgr Lustiger archevêque de Paris clôture le Synode qui comporte notamment la demande de l'assemblée "d'une réflexion sur la souffrance des divorcés remariés, et que soit fait un bilan des expériences d'ouverture pratiquées après discernement, qui puisse aboutir à une attitude d'accueil conforme à l'Evangile".

En 1995,  le synode de Marseille, décrète que: ... « dans chaque secteur, sera constituée une équipe chargée des problèmes du mariage et de la famille... Cette équiPe portera en particulier le souci... des personnes en difficulté, de l'accueil des divorcés... Elle établira pour eux des lieux d'accueil et de rencontres.

A l'occasion du baptême de leur premier enfant, les couples qui ne sont pas mariés religieusement, recevront un carnet familial ou seront inscrits les sacrements reçus par leurs enfants. »

La pastorale familiale de Tarbes et Lourdes lance des «jalons pour une pastorale des divorcés-remariés ». Il est proposé un lieu d’accueil diocésain, un lieu  de formation afin d'ouvrir les communautés à l'accueil des divorcés ­remaries dans un cheminement fraternel.

En 1996,   le groupe Saint-Hugues, pastorale familiale du

Nord-Isère,  présente  un  document: «Accueil des chrétiens divorcés ­remariés

Après un rappel de la position de I'Eglise catholique et des autres Eglises chrétiennes, il est proposé un accueil « fait de vérité, » dans la « miséricorde » qui marque l'attitude du Christ avec tout pécheur.

En un mot, à se mettre davantage face à l'Evangile que devant des textes disciplinaires

Pus, il est donné des éléments de réponse pour une demande de « prière » à

l'occasion d'un remariage, pour une demande de réconciliation et de communion au cours de l'eucharistie.

Les chrétiens divorcés-remariés ont à exercer leur discernement sur le terrain particulier de leur qualité de vie selon les points de repères précités et en connaissance de la pratique des Eglises. En finale, c 'est en conscience, éclairée, Ils décideront. »

En i 997, le diocèse de Bayonne et la pastorale familiale dans

un dossier  « Mariage  préparation, accompagnement, échec » réservent une grande place aux

« demandes particulières des personnes divorcées-remariés. »

.temps de prière à l'occasion d'un remariage civil avec proposition d'un déroulement possible.

..participation aux sacrements de l'Eglise  « toute demande doit être prise en considération, car elle est porteuse d'intentions spirituelles.

Le prêtre se rappellera qu'il est lui même pécheur et qu'il a besoin de communier au corps et au sang du Christ pour être ministre du pardon et de l'eucharistie. 

Cette prise de conscience lui permettra de se situer en vérité et avec miséricorde devant les personnes qu'il accueille pour chercher avec elles une plus grande fidélité et à l'Eglise.

Le service diocésain de la pastorale familiale de Valence, adresse un « message aux communautés catholiques. »  Il les invite à accueillir les divorcés-remariés, à ne pas les juger, à les aider à se considérer toujours d'Eglise, à les soutenir dans leur vie spirituelle, à les aider à prendre leur place.

Un message d'accueil est adressé aux catholiques divorcés-remariés.

Belfort Montbéliard, le synode diocésain, après un désir d'accueil auprès des divorcés-remariés propose d'associer aux membres du  Conseil de la pastorale familiale des personnes divorcées et divorcées-remariées.

«on aura souci de confier des responsabilités aux divorcés et divorcés-remariés... »

en vue d'un remariage civil: « l'Eglise leur accordera le « service de la prière »auquel ils ont droit.

«pour ce qui est des sacrements de pardon et d'eucharistie, il semble important qu'EVOLUE

la discipline actuelle de l'Eglise catholique.»

Annecy, le chanoine Menuz, juge à l'Officialité, fait paraître dans la revue de droit canonique un travail qui se veut contribution à la recherche.

Référence : Tome 4711, 1997, Palais universitaire 67084 Strasbourg Cedex.

Juge à ANNECY, l'auteur expose les question: que Suscite la pratique du travail en officialité. La situation des divorcés remariés est rappelée, ainsi que la doctrine canonique, telle qu'elle s'est développée au Cours de l'histoire, concernant l'indissolubilité du mariage. La pratique orthodoxe, bien différente, est rappelée. En tant que praticien, l'auteur exprime quelques souhaits urgents : que soient créées deux sections dans les officialités, l'une judiciaire, l'autre pastorale. Cette dernière aurait à constater la rupture irréversible du mariage et à permettre la réconciliation sacramentelle des divorcés, leur ouvrant ainsi la porte des sacrements, y compris d'un nouveau mariage.

Le texte proposé se veut une Contribution à la Recherche. Publié dans la revue de Droit Canonique, il a été revu et amendé grâce aux réactions suscitées...dans l'attente de nouvelles re actions aux propositions.

Jésus a dit du mariage: ce que Dieu a uni... que l'homme ne le sépare pas

(Marc 10/9)

Le pape JEAN PAUL Il constate: il y a des mariages qui sont détruits~.. irrémédiablement détruits. (Familiaris Consortio n° 84).

Digne (cliquer)

Marseille, suite à la demande Synodale de 1995, une session pastorale est réunie : « Les chrétiens divorcés-remariés dans l'Eglise. »  Il se dégage trois parties : enseignement, témoignages et ateliers.

Monsieur Panafieu qui a participé à la session a rappelé l'importance de ce problème et a encouragé la pastorale familiale à le poursuivre.

Le diocèse et la pastorale familiale d'Orléans ont édité un livret: « Célébrer l'amour, après divorce. » Il y est proposé une démarche, un choix de textes bibliques et profanes, des chants.

Vous construirez votre temps de prière en fonction de ce que vous êtes, de votre démarche de foi, de ceux qui vous sont proches (famille, amis...) et de ceux qui vous entourent.

La profondeur de votre foi et la ferveur de votre prière vous aideront â batir votre célébration qui manifestera votre amour et votre engagement.

Monseigneur Jean-Charles Thomas et la pastorale familiale des Yvelines font paraître un document en deux parties  : « Accueillir et comprendre les couples blessés dans leur amour. »

•     A nos frères et soeurs des communautés paroissiales du diocèse.

•     Aux prêtres, diacres et chrétiens en responsabilité.

Dans une interview à « Sources », l'Eglise an Yvelines, mai 1996, nous pouvons lire:

« « Mgr THOMAS: toute la communauté

chrétienne est concernée

*    Quel  est le but de ces deux livres?

Aujourd'hui, le couple est blessé et on en voit les conséquences dans la société et dans l'Eglise. Il faut donc que toute la communauté chrétienne soit attentive aux situations de rupture pour aider ceux qui passent par l'épreuve du divorce. On le sait, ce n'est pas une ~te mais toujours une souffrance qui ne cicatrise jamais bien. Une souffrance qui pèse aussi sur les enfants qui en supportent les conséquences.

Avec l'équipe diocésaine de Pastorale Familiale, nous avons donc voulu nous adresser â toute la communauté chrétienne pour qu'elle porte le souci des couples en difficulté, qui sont de plus en plus nombreux à se séparer. Aujourd'hui dans les Yvelines, on enregistre pratiquement un divorce pour deux mariages.

*    Quel message voulez vous transmettre aux chrétiens du diocèse?

A tous nos leur disons: parmi nous, il y a des gens qui ont des problèmes dans leur vie de couple.

S'il s'agit de difficultés naissantes, que pouvons-nous faire pour les aider? S'ils sont séparés ou

s' ils ont divorcé, quelle doit être notre attitude pour qu'ils ne se sentent ni marginalisés ni exclus de

la communauté?

*    Et s 'ils ont  décidé de se remarier mais désirent rester dans l'Eglise?

Oui, que pouvons-nous leur proposer, en particulier s'ils demandent un geste religieux à l'occasion de ce second mariage? L'Eglise ne peut bénir cette seconde union mais elle a la possibilité de prier avec eux. Et que peut-on conseiller à ceux qui sont remariés mais qui ne peuvent participer au sacrement de l'Eucharistie alors qu'ils veulent rester fidèles au Christ? Nous abordons ces questions difficiles dans ces deux livrets pour aider nos communautés à mieux accueillir et comprendre les couples blessés dans leur amour.

1997-1998        l'Equipe diocésaine de la pastorale de Viviers, fait paraître un document de réflexion pour l'accompagnement et l'accueil des personnes divorcées et divorcées-remariées.

On y parle

d'un accueil diocésain local d'une nécessité d'information

des délicates questions temps de prière et d'eucharistie.

Dans le domaine de l'approche des sacrements de réconciliation et de l'eucharistie pour nos frères divorcés-remariés, toutes propositions pastorales doivent d'abord avoir pour visée  la perspective d'un chemin vers une rencontre renouvelée de Jésus-Christ.

Le groupe de travail considère que nous sommes-là au cœur d'une histoire personnelle et toute décision doit se prendre en conscience après un discernement.

Le groupe de travail préconise donc que l'Evêque en concertation avec le collège épiscopal approfondisse la notion de conscience éclairée en ce domaine.

En 1 998, la pastorale de Marseille poursuit sa démarche dans une plus grande compréhension des problèmes des divorcés et propose un chemin pour une demande de prière lors d'un mariage civil ainsi qu'un suivi.

Monseigneur Vilnet, (Lille), Monseigneur Derouet (Arras) et

Monseigneur Delaporte (Amiens) font paraître une lettre, fruit d'un travail des trois diocèses, qui s'adresse aux communautés diocésaines:

« Personnes divorcées et divorcées-remariées. On en parle tellement de façon si diverses et parfois injustement ! »

« nous aimerions que dans chaque communauté les chrétiens découvrent ce texte où transparaît l'accueil, mais aussi les exigences de l'amour que porte â

tous notre Dieu Amour »

Lettre suivie, quelques mois plus tard d'un deuxième document:

A propos des personnes divorcées et divorcées-remaniées

1.Aujourd'hui, leur place dans l'Église

2.Repères pour une pastorale des personnes divorcées

Après la Lettre aux communautés catholiques concernant l'accueil des divorcés et divorcés-remariés (parue en janvier 1998), voici un deuxième document. Il est un rappel de leur place dans l'Eglise et il apporte des re­pères pastoraux pour le dialogue avec eux.

Il s 'adresse plutôt â des agents pastoraux ou à des personnes qui com­mencent à les accompagner.

Ce deuxième document a été composé aussi par les Services diocésains de Pastorale

Familiale de Lille, Arras, Cambrai.

Nous aimerions qu'il soit travaillé dans tous les secteurs et qu'il serve de référence.

Nous le recommandons, lui aussi, vivement.

Jacques Delaporte, archevêque de Cambrai Henri Derouet, évêque d'Arras

Jean Vilnet, évêque de Lille

Le Secrétariat national de la pastorale familiale, dans son dernier dossier de l'année 1998

(n0 98-6-7) relate en première partie: ... «les multiples efforts déployés dans les pastorales familiales pour les divorcés-remariés » et joint les documents à l'appui. Nous avons déjà parlé de certains diocèses mais il est bon d'y ajouter les diocèses d'Albi, Angoulême, Limoges, Bayonne, Bordeaux, Metz, Mont-Saint-Aignan, Brest, Nantes, Rennes, Le Mans.

Le père Donius, secrétaire général du secrétariat national, précise dans son éditorial : ... « Ces dépliants, largement diffusés, ont assuré les divorcés-remariés que « baptisés, ils sont et restent membres à part entière de la communauté chrétienne ».

Même Si je ne cautionne pas totalement chaque document de cette première partie, quelle mine de recherches pastorales. »

Octobre 1998, Monseigneur Le Bourgeois, dans un entretien avec

Michel Legrain signe son dernier livre.

«DIVORCES-REMARIES, MES FRERES»

Nous pouvons lire, en quatrième de couverture:

L'ancien évêque d'Autun persiste et signe.

Il   souligne l'urgence des solutions en souhaitant vive­ment et inlassablement que l'Eglise catholique cesse de se retrancher derrière des positions de principe inopé­rantes, il la presse et la persuade d'innover en s'inspi­rant de la pratique tout aussi évangélique des Eglises d'Orient et en respectant la conscience des chrétiens concernés, du moment qu'elle est dûment éclairée.

Cette liberté de parole sait allier l'affirmation sans faille du principe inaltérable de l'indissolubilité sacra­mentelle à la possibilité d'un remariage non sacramen­tel, reconnu dans sa qualité humaine et chrétienne. Ceci implique un courage obstiné et une détermination à toute épreuve. C'est que Mgr le Bourgeois - et Michel Legrain tout autant que lui -, est profondément convaincu que l'échec ne peut avoir le dernier mot en pastorale conjugale et qu'il faut enfin reconsidérer la manière dont les divorcés remariés sont en fait situés dans l'Église.

Dans sa conclusion, Monseigneur Le Bourgeois nous dit son espérance: « Le Jubilé  de l'an 2000, qui se veut une année de réconciliation, de grâce exceptionnelle, devrait être l'année de dispositions nouvelles permettant désormais aux divorcés-remariés de retrouver en Eglise le place qui revient aux baptisés et aux blessés de la route que le bon samaritain reconduit, sur sa propre monture, à la maison du Père. »

Dans cet esprit, il adresse au Saint-Père la lettre que l'on trouve en postface.

Très Saint Père,

L'année du jubilé de l'an 2000 se prépare à travers l'Eglise entière stimulée par l'élan que vous-même lui avez donné.

Il est remarquable aussi que tous les chrétiens souhaitent vivre ensemble cette année de grâce  et de réconciliation. Vous-même, Très Saint Père, avez indiqué largement l'opportunité d'intensifier le dialogue oecuménique, en particulier avec les saintes Eglises orthodoxes.

Cette année de réconciliation nous conduit à vous adresser un souhait, une demande.

Un certain nombre de catholiques. de plus an plus nombreux, sont en situation de divorce et souvent de remariage. Parmi eux, un bon nombre sont des croyants convaincus, des pratiquants, souffrant de leur exclusion de la communion eucharistique.

Plusieurs, ayant conscience de le précarité de leur engagement premier, ont demandé - et parfois obtenu - que leur premier mariage sait déclaré nul.

D'autres n'ont pas de motif suffisant pour envisager cette solution.

Lorsqu'ils donnent le preuve de leur fidélité dans leur nouvelle union, de leur attachement à l’Eglise, souvent traduit entre autres par l'éducation chrétienne de leurs enfants, ne serait-il pas possible que l’Eglise envisage, sans renouveler le sacrement de mariage dont la signification est unique, de leur permettre de recevoir le corps du Christ après un temps de réflexion, de pénitence, après un jugement qui serait porté par l'évêque, s'entourant d'un conseil?

Lors du synode de 1980, la motion suivante avait reçu l'accord de la grande majorité des évêques:

«  Le synode, dans son souci pastoral pour ces fidèles (divorcés remariés), souhaite

qu’on se livre à une nouvelle et plus profonde recherche à ce sujet, en prenant en compte également de la pratiques des Eglises d’Orient, de manière à mieux mettre en évidence la miséricorde pastorale.

A notre connaissance, cette demande n'a pas reçu de suite. Avec le temps, une certaine maturation s'est faite. Nous nous demandons s’il ne serait pas possible ainsi d'éviter toute équivoque et des solutions trop différentes suivant les lieux.

Très Saint Père, il nous semble qu'une décision prise en ce sens serait significative de l'année de réconciliation que veut être le jubilé de l'an 2000.

En ce 20° anniversaire de votre Pontificat je me dis filialement vôtre.

Monseigneur Armand LE BOURGEOIS Evêque émérite d'Autun, Macon, Châlon

Témoignages et réactions

Supplication

"Dites à tous: Combien il est difficile de vivre notre foi en tant que divorcés remariés. C'est dur, très dur. Un divorce est difficile à vivre. quelles qu'en soient les causes, c'est un échec, et pour tout homme un échec est mal accepté. Pour moi, chrétienne, je me suis sentie très mal à l'aise vis-à vis de la communauté chrétienne qui m'entourait. Plus d'une fois je me suis sentie rejetée.

Dites à tous: qu'ils se mettent à notre place, ne serait-ce que le temps d'une messe. Vous êtes là, priant, offrant vos peines et vos joies au Seigneur, participant à fond  Vient le moment de l'Eucharistie, vous restez, planté là, ne pouvant participer au Festin. Cet instant m'a toujours fait penser à quelqu'un invité à un rassemblement familial, et restant à l’écart n’ayant pas le droit de toucher aux mets. Un instant, un instant seulement prenez cette place…

Dites à tous : qu’à ce moment-là, j’ai eu mal, très mal…J’ai versé des larmes. Je me suis dit que cette croix était bien lourde à porter. Le Christ peut-il ne pas admettre un échec ? Une erreur ? Oh non, ce n’est pas possible !

Dites à tous : que des prêtres, des religieuses, des amis se sont trouvés désarmés, qu’ils n’ont pas osé dire ce qu’ils pensaient et qu’ils ont semé le trouble dans mon esprit….

Dites à tous : que des prêtres, des religieuses, des amis m’ont beaucoup aidée. Ils se sont trouvés sur ma route et m’ont éclairée 

Dites à tous : qu’ils prennent conscience que l’eucharistie est quelque chose de merveilleux, une grâce que le Seigneur nous offre, et que pour nous, divorcés remariés, elle a la saveur d’un fruit défendu. C’est dur, très dur…

Dites à tous : De bien réfléchir, nous avons besoin d’une place dans la communauté chrétienne pour faire vivre et grandir notre foi, qu’une erreur ou un échec n’a pas éteinte. »

Geneviève et Jean novembre 1982

(extrait des » Personnes divorcées remariées » de Michel LEGRAIN)

Le divorce est toujours un drame. Mais on y est parfois acculé!

"Un homme qui vous trompe, des mois, des années, fait de votre vie et de celle de votre enfant un enfer.

Un homme qui ne supporte plus de rentrer chez lui, la déprime qui s'installe, les insultes qui pleuvent quand ce n'est pas les coups ! quelle solution adopter?"

~' J'ai divorcé d'un mari qui me trompait et me battait; c'est du reste lui qui est parti avec une femme de dix ans sa cadette. Je suis restée seule avec mon fils, sans argent: il n'a jamais réglé la pension alimentaire. C'est avec l'aide de faux témoins qu'il a obtenu le divorce aux torts réciproques.

J'ai rencontré un autre homme célibataire. Au début il était gentil, malgré un caractère difficile; je mettais cela sur le compte de la vie qu'il avait connu avant de me rencontrer.

Nous étions encore jeunes, mais il n'a pas voulu d'enfant, il ne voulait pas que cet enfant connaisse la même vie que lui.

Puis mon fils s'est marié; deux enfants sont nés (13, et 21 ans). Maintenant il m'interdit de recevoir l'aîné; il ne l'aime pas, il blasphème sans arrêt; il n'aime personne; nous sommes seuls, sans amis, personne ne vient plus nous voir. Il me traite de tous les noms; quand il a fait un mauvais rêve, il fait la tête tout la journée, ne desserre pas les dents. Je suis très malheureuse.

Avec moi pourtant, il a connu la stabilité, les vacances en France et à l'étranger.

Il a sa voiture. Il regrette l'enfant qu'il n'a pas voulu.

En quoi suis-je responsable, Seigneur ? Je ne veux pas perdre confiance. Je vous en prie, ne m'oubliez pas; donnez moi un peu d'espoir. Mais quel espoir? Je vais avoir 65 ans. Aidez-moi, Seigneur, je vous aime et je n'en peux plus.

"J'ai reçu une éducation traditionnelle dans un foyer pratiquant, où le divorce était impensable.

Notre couple était un échec. Nous nous  détruisions l'un l'autre. nous étions pratiquants tous les deux, je participais à la vie de la paroisse, mais ce que je vivais avec les autres n 'étaient que mensonge.

Après 17 ans de vie commune, nous avons divorcé (j'avais 52 ans). C'était dur à assumer. Je me sentais exclue de la communauté qui ne comprenait pas et je m'excluais moi-même en me terrant. J'avais conscience que cette séparation était nécessaire, mais j'avais peur des regards, des questions, des jugements, des condamnations.

Et puis un jour, un prêtre qui n'était pas de ma paroisse a sonné à la porte. Je venais d'avoir un logement, il était vide et il m'apportait une table de camping, des fauteuils, une étagère et... son amitié. Il m'a fait comprendre que sa communauté m'était ouverte, qu'ils m'attendaient tous. Au long des années avec eux, je me suis peu à peu retrouvée. J'ai approfondi ma foi et ce fut un vrai renouveau. J'ai pris de nouveaux engagements.

Nos enfants (14 et 15 ans au moment du divorce) étaient bien insérés à l'aumônerie de leur lycée et ils ont été portés par elle...ils s'en sont bien sortis.

Trois années plus tard, nous nous sommes revus avec mon mari, autour des enfants. Voici 5 ans maintenant que nous nous retrouvons avec ou sans les enfants. Nous nous sommes redécouverts, nous nous apprécions et savons compter l'un sur l'autre sans envisager toutefois de  reprendre une vie commune

Je me sens plus vraie aujourd'hui

Jeanine Paris 13e

"Seigneur, mon fils est enfant du divorce. Il est maintenant père de deux enfants. A 38 ans, sa femme en est déjà à sa deuxième aventure. Il a décidé de divorcer à son tour; qui pourrait supporter de voir son épouse rentrer à n'importe quelle heure, sortir le samedi et annoncer tranquillement à son époux: "j'en aime un autre"? Il a pardonné la première fois malgré la souffrance, et de nouveau tout a basculé. Seigneur, s'il vous plait, donnez-lui votre protection. Je vous en remercie et je vous aime."

Mais d'autres veulent tenir jusqu’au bout....

"Au sujet du divorce, si l'un tient bon, la grâce du sacrement de mariage est visible dans son action. devant l'impossible la confiance en Dieu déplace les montagnes. Je le vis par la grâce de Dieu. Dans

les moments de dispute, c'est la tempête.

Vécu seul, c'est la catastrophe.

Avec le Seigneur, revient la Paix, pour vivre autre chose de plus forte N'ayez pas peur."

"Tu veux changer de partenaire? mais tu changeras dix fois et tu ne trouveras jamais ton idéal, car la perfection n'est pas de ce monde."

Le divorce est un drame pour les enfants. Il existera tant que les gens diront et feront n'importe quoi avant de réfléchir...

Je prie pour que les femmes aient la même patience que moi qui ai tout supporté, pour mes enfants, pendant 40 ans, avec la grâce de Dieu.

La vie n'est pas une partie de plaisir, mais une grande offrande au Créateur, qui donne en retour plus que ne peut donner un être humain.

L'EglIse doit continuer à développer la pureté du cœur et l'amour du prochain, et le zèle de Dieu dans l'éducation. Puissent les vrais chrétiens comprendre mon message".

Et les enfants?

"Mon père m'a abandonnée depuis six ans. Croyez-vous qu'il faut que je lui pardonne?

Aidez ma maman...."                        Claire, 12 ans

"Mes parents ont divorcé lorsque j'avais 8 ans. Cela ne m'a pas beaucoup affectée, mais est-ce que c'est la même chose pour tous les enfants du monde? Non. Ils voient leurs parents se déchirer ! Je leur souhaite donc bonne chance...."

Hélène, 13 ans

"J'ai 17 ans. J'ai pris conscience de ce qu'était le divorce et le malheur dans lequel les conjoints se trouvaient plongés."

"Nous pensons que le divorce est bien, mais trop cruel pour les enfants."

Mais il y a aussi des côtés positifs

"Je suis divorcée, malgré moi, pour que ma fille puisse évoluer dans une ambiance saine, empreinte de bonne moralité.

Dieu m'a donné la force de surmonter mon choix. Je ne regrette rien car aujourd'hui ma fille a 19 ans et a décidé de consacrer sa vie aux autres."

Jacqueline

"Je suis divorcé depuis des années...

Préparer, décider une séparation, c'est lourd, difficile. C'est une épreuve forte, et par définition unique dans une histoire humaine.

Décider de se séparer, c'est d'abord constater un échec, l'échec d'une rencontre et d'une aventure à deux.

Plus fondamentalement, c'est l'échec:

•          d'un projet d'amour auquel on se sent convié

•          d'une alliance que quelqu'un, qui nous aime plus que tout, nous propose. Au risque de surprendre ou de choquer, je pense que cette décision de séparation, longuement préparée, correspond dans mon itinéraire à un des rares actes forts dont j'ai été capable. C'est une des rares périodes de ma vie où j'ai pris position  J'ai alors accepté de vivre et d'afficher des contradictions.

SI tout cela a été possible, c'est parce que:

•          notre séparation a pu se faire en évitant de nous abîmer l'un l’autre. C'est probablement aussi ce qui a permis à nos enfants de traverser cette épreuve sans trop de difficultés.

•          des séries d'amis ont été attentifs, malgré la difficulté à se situer vis-à-vis de l'un et l'autre.

•          j'ai continué à participer à un groupe d'échanges qui m'a beaucoup aidé.

•          dans la communauté de ma paroisse, j'ai eu le sentiment très fort d'être accepté comme j'étais, avec toutes mes contradictions; j'ai été, en particulier très touché que cela n'empêche pas mon élection à l'équipe Sacerdotale Nouvelle, malgré un affichage très clair dans ma profession de foi.

Jean-Marie Paris 13e

Le sentiment d'exclusion de l'Eglise est intolérable!

"Ma souffrance au fond est unique:

Je souffre d'aimer l'Eglise, d'aimer la communauté qui la compose. Ce peuple de Dieu avec lequel je ne peux pas tout partager; particulièrement ce qui le rassemble, le soude: le corps du Christ.

On ne dira jamais assez combien cette exclusion de l'Eucharistie peut être douloureuse."

A.   (Aujourd'hui des chrétiens)

"Mon Dieu, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie....Cela ne doit pas servir d'excuse, mais Dieu tend la main à tout le monde"

"Je crois que Dieu nous a donné ce qu'il a de plus beau et ce qui fait de nous des hommes: le libre arbitre. Pourquoi accabler ceux qui souffrent, alors que la séparation est toujours souffrance et déchirure? Si un nouvel être humain apparaît dans votre vie, je ne peux qu'y voir un signe de Dieu, dès lors qu'il y a suffisamment de respect pour l'entourage. Le signe d'une nouvelle espérance..."

"Je ne demande pas de solution facile. le problème de l'échec objectif du premier mariage est déjà assez dur et compliqué par lui-même pour que la solution exige réflexion, mise au clair complète. Ce qui est l'essentiel de la démarche pénitentielle.

Ici je voudrais faire sentir notre problème majeur, celui de l'exclusion. Songez que chaque dimanche, nous disons au Seigneur: " Dis seulement une parole et je serai guéri". Et qu'il est répondu: " Bienheureux sommes-nous d'être invités au repas du Seigneur". Ce "nous" nous exclut, comme la nécessité de rester seuls avec le poids de nos fautes présentes, sans cette profonde ouverture qu'est la pénitence

R. (Aujourd'hui des chrétiens)

Une affaire de conscience

"Catholique pratiquante, je me suis mariée avec le désir de grandir dans la foi à travers notre amour et j'étais persuadée que cet amour serait assez fort pour résister à toute épreuve. Deux enfants sont nés. Très vite, mon mari a émis l'idée du divorce car il voulait, disait-il, retrouver sa liberté. J'ai lutté des mois, des années, jusqu'à me détruire nerveusement et moralement. Epuisée, j'ai fini par accepter le divorce.

La vie après ne fut pas drôle, mais au moins je savais pour qui je me battais: mes enfants.

J'ai toujours refusé la moindre "aventure", par respect pour mes enfants, mais aussi parce que je savais que j'avais encore quelque chose de fort, de vrai à donner. Je priais souvent et j'avais espoir.

Trois ans plus tard, je rencontrai P. qui me proposa de poursuivre la route à nos côtés.

Croyant, pratiquant, responsable d'Action catholique, il n'a pas hésité à m'épouser et à adopter mes enfants. Nous savons que l'Eglise nous condamne, mais nous sommes sûrs que notre vie de chrétiens remariés est avant tout une affaire de conscience. De quel droit l'Eglise juge-t-elle et condamne-t-elle au lieu de pardonner? Mais pardonner quoi au fait ? D'avoir souffert, pleuré et redonné du bonheur à des êtres qui en étaient privés? Est-ce là donc la grande faute ? Dieu comprend et ne condamne pas"

(Cité par le Pélerin du 29 juin 1980).

Epouse d'un divorcé

"C'était Il y a huit ans, mais Catherine s’en souvient comme si c’était hier: "I1 parait que Catherine fréquente un divorcé qui a une petite fille".

C’est par cette phrase pleine de sous-entendus que la mère de ma meilleure amie a annoncé la nouvelle à mes parents. quand Pierre et moi avons décidé de nous marier ; mes parents ont eu un choc. lIs n'ont pas compris. "J'aurais espéré mieux pour ma fille", a avoué mon père.

En fait, les gens ne réagissent pas à une personne, mais à une étiquette. Il était divorcé, bon, c'était clair et net! Pour eux c'était un salaud, un bon à rien. Le premier mariage n’avait pas marché...le deuxième ne pouvait pas durer! "Ne reviens pas dans un mois ou dans un an pleurer auprès de nous!", m'ont alors lancé mes parents. Franchement, je ne m'attendais pas du tout à de telles réactions agressives dans ma famille et mon entourage. Sur le moment j'en ai eu gros sur le cœur...

Bien sûr, nous aurions aimé nous marier à l'église. Pour moi, le mariage civil n'est pas un véritable mariage. Mais impossible de faire autrement. Cette situation n'a pas influencé ma décision d'épouser Pierre, mais je ne comprends pas cette attitude de l'Eglise. C'est dégueulasse! quand on me dit que je n'ai pas le droit de communier, je sors de mes gonds. Pourquoi, quand on parle de divorce, pense-t-on toujours à une faute et jamais à une erreur? Comme dit Brassens, les gens "bien" n'aiment pas qu'on fasse autre chose qu'eux!

quand notre petit garçon est né, ah oui! nous l'avons fait baptiser. C'était une sorte de vengeance! Le prêtre qui nous a reçus, ne nous a pas considérés comme des excommuniés et, avec lui nous avons pu préparer et célébrer le baptême. Très bien!

Il y a quelques mois, j'ai voulu l'inscrire au catéchisme. On m'a demandé mon livret de famille catholique. "Je n'en ai pas, je ne me suis pas mariée à l'Eglise". Vous auriez vu la tête et les gros yeux de la secrétaire, l'air de dire:

Qui est-ce, celle-là ?". Mais grâce au prêtre qui avait baptisé mon fils, tout s'est arrangé.

De ces réactions et de ces attitudes souvent agressives, j'en ai souffert. Maintenant beaucoup moins ! Cela n'empêche que je ne comprends toujours pas. Pourquoi les gens, l'opinion publique, l'Eglise portent-ils sur les divorcés un tel regard de suspicion ? Je crois que si nous avions vécu dans un village, nous aurions dû prendre nos cliques et nos claques, et partir ailleurs

Catherine

(extrait des " Personnes divorcées remariées" de Michel LEGRAIN)

On me refuse le baptême !

Née de parents Indifférents à toute religion, je n'ai été ni baptisée, ni même en contact avec l'Eglise. A 22 ans, j'ai rencontré André, 25 ans, divorcé qui lui, avait été baptisé et marié à l'Eglise. Les circonstances tragiques de son divorce l'avaient éloigné définitivement d'une Eglise à laquelle Il n'adhérait d'ailleurs que du bout des lèvres, par simple habitude familiale.

Depuis quinze ans que nous sommes mariés, nous vivons un merveilleux amour au milieu de nos quatre enfants. La fréquentation d'amis solidement catholiques a réveillé la fol d'André et m'a incitée, moi aussi, à Investir sérieusement de ce côté-là. Je suis donc entrée dans un groupe de cheminement catéchuménal, et c'est avec éblouissement que j'ai découvert la vie en Dieu qui nous est offerte en Jésus-Christ. Mais j'apprends avec consternation que je ne pourrai pas être baptisée, ou même que si cela se faisait, je ne pourrais pas plus qu'André m'approcher de l'Eucharistie, sous le seul prétexte que notre situation matrimoniale passe pour irrégulière au regard du droit de l'Eglise catholique. J' ai argué de ma totale bonne foi au moment de notre mariage, ainsi que de la totale indifférence d'André à cette époque. Mais tout cela ne peut être pris en considération. N'est-ce pas un peu fort de café?"

Marie-Françoise et André

(extrait des" Personnes divorcées remariées" de Michel LEGRAIN)

D'une manière ou d’une autre, il faut reconstruire.

Seigneur, accorde- mol une grâce pour retrouver une nouvelle vie, ainsi qu'un logement le plus rapidement possible, car j'ai été obligée de quitter la maison car j'avais un mari violent et qui buvait

Aide-moi dans toutes mes épreuves, Seigneur, je t'en supplie, fais que mes démarches se passent pour le mieux. Merci."

Yvette

"Je viens de me remarier avec Mireille et je suis heureux de constater qu'un grand espoir naît en moi: un espoir dans les valeurs chrétiennes que j'avais perdues Il y a quatre ans, lors de mon divorce, que j'attribue en majeure partie à l'égoïsme de la vie moderne et à ces sollicitations destructrices de couple. Un espoir surtout de tendresse et d'union.

Je n'aurais jamais pensé trouver une compagne aussi imprégnée de l'Eglise et qui veuille bien prendre un "excommunié" tel que moi. Je me sentais même coupable vis-à-vis d'elle qui, de par notre union civile, s'excluait elle aussi de l'Eglise.

Nous avons rencontré un prêtre qui nous a fait comprendre qu'il n'en était rien. Espoir donc en cette Eglise, qui semble se décider à vouloir comprendre. Nous ne sommes sûrement pas les seuls dans cette situation."

P. (Aujourd'hui des chrétiens).

"Baptisée et élevée chrétiennement, après avoir laissé tomber depuis nombre d'années une pratique religieuse déjà tiède, car non fondée sur des convictions véritables, un divorce houleux ( y a t'il  de bons divorces?) laissant blessures et cicatrices.... après des années solitaires et laborieuses à

élever un fils et acquérir une assise professionnelle ....

J'ai rencontré R. divorcé lui-même, ayant élevé quatre enfants et j'ai reconstruit avec lui une union plus réfléchie, plus mûrie, pleinement investie ( à laquelle nous oeuvrons tous les deux, je crois, attentivement ), sensibilisés par une première expérience douloureuse et éprouvante.

Récemment, nous avons retrouvé, tour à tour, le Seigneur et la foi, par le biais d'une communauté chrétienne.

Heureux de ce retour, et de l'apaisement à lui lié, mais un peu désemparés, car cherchant à nous situer avec justesse vis-à-vis d'une Eglise dont nous nous sentions toujours les enfants, nous avons découvert que nous n'étions pas seuls, grâce aux écrits, aux conférences du père Michel Legrain, de Monseigneur Le Bourgeois

Un week-end de partage entre "chrétiens divorcés-remariés", organisé par le centre jésuite des Fontaines et animé par le Père Legrain, nous a redonné confiance, avec la possibilité d'être en Eglise, non pas exclus, non pas non plus dans un esprit de militantisme, ni de revendication, mais plutôt d'humilité et d'échanges.

Notre vœu : ne pas nous enfermer dans un ghetto "d'anciens combattants'1, mais bien de regarder vers l'avenir et d’œuvrer, de prier et de participer avec d'autres chrétiens de bonne volonté, dans un même esprit de vérité et d'ouverture.

Marie Françoise

(Aujourd'hui les chrétiens)

"Nous sentant réunis devant le Père, nous n'avons point ressenti l'absence de cérémonies devant les hommes, d'autant que nous avons , tous les deux, connu l'expérience du mariage puis du divorce précédemment et que, après cette première expérience qui nous a tant enrichis et si bien préparés à ce nouveau couple, nous sommes au clair sur la question du mariage aujourd'hui.

Pour nous, tout ce qui compte aujourd'hui, c'est d'apprendre à vivre pour l'autre, et donc les autres, avec toujours plus d'harmonie dans notre relation afin de grandir dans l'Amour, car ceci faisant, nous nous sentons nous approcher toujours de Dieu, puisque Dieu est Amour."

Paul

Quand nous retrouverons-nous TOUS à la Table commune?

que cette réflexion soit une étape sur le long chemin qui mènera les divorcés-remariés à la Table commune."

Pour mol Il faut dissocier les deux périodes, avant et après mon divorce. Dans la première période, ma foi était si vacillante et mon éloignement de l'Eglise tel, que mon divorce, au plan strictement religieux, ne m'a posé aucun problème. Dans la seconde période, grâce à l'amour d'une épouse très croyante et, avec l'aide et la compréhension d'un beau-frère dominicain, j'ai retrouvé la foi et la joie, et ce fut le tournant de ma vie d'homme et de chrétien. Notre couple s'est engagé pleinement. (...)

Depuis vingt ans, avec parfois un peu de révolte, nous avons accepté la position de l'Eglise à notre égard. Mais nous souffrons de ne pouvoir - comme ceux qui essaient avec nous, modestement, de parler de Dieu- nous nourrir du Corps du Christ. Cette privation nous est douloureuse, pour nous-mêmes, mais aussi vis-à-vis de nos enfants qui comprennent mal la place "en marge" qui nous est attribuée dans l'Eglise. Nous gardons l'espoir qu'un jour, bientôt peut-être, il nous sera permis, officiellement, d'accéder au sacrement d'eucharistie et de trouver enfin, au sein de l'Eglise, une place à part entière. Dieu veuille que notre couple connaisse ce bonheur avant de quitter cette terre."

Jean et Marie-Claude ( Croissance de l'EglIse n0 43, juillet 1977)

Des réactions après visite de l'exposition

"Merci, espérons que ce bon travail d'information aidera à une avancée vers plus de compréhension par l'Eglise de la miséricorde de Dieu....Une bouffée d'espérance!"

"Je suis heureux que l'EglIse catholique ne se voile plus la face sur les problèmes de notre époque... Merci pour cette remise en question. Nous sommes tous avec nos manques, encore faut-Il les voir. Un jour je le souhaite, Il y aura union des religions, des races, et nous ne ferons plus qu'un!"

"Quand l'EglIse s'arrêtera-t-elle de juger? Il n'y a que Dieu qui juge"

" L'Eglise a-t-elle vraiment pris conscience du statut des hommes et des femmes catholiques pratiquants qui par amour ont épousé une personne divorcée?

La question que je pose est la suivante : Doit-on refuser d'épouser une personne qui, parfois malgré sa volonté, a été obligée de subir le drame de la séparation et du divorce?

Lequel des deux doit prévaloir aux yeux du Tout Puissant:

l’amour (le vrai), ou les pratiques plus ou moins "complices" des mœurs tant de fois bafouées.

Vous qui croyez faire partie des "bien mariés", n'avez-vous rien à vous reprocher?"

"Je regrette ce manque d'amour et de générosité de la part de l'Eglise catholique, à laquelle pourtant j'appartiens.

Quand Abraham n'a pu avoir d'enfant avec sa première femme, Dieu lui a, lui-même, recommandé de prendre sa servante pour assurer sa descendance.

Pourquoi l'Eglise catholique s'éloigne-t-elle de tant de préceptes d'amour, de tolérance et de générosité que le Christ lui-même est pourtant venu nous enseigner,...

Trop d'hypocrisie et de pharisaïsme, à mon gré, créés par les gens d'Eglise.

Quand un couple a, malheureusement subi l'épreuve du divorce et qu'il tente un nouveau démarrage dans la vie, c'est un crime de lui refuser le sacrement eucharistique, offert à tous les hommes de bonne volonté par le Christ lui-même"

Paul...52 ans, marié depuis 30 ans

et pour la vie avec la même épouse.

"Seigneur, merci de donner à quelques uns la lucidité d'une telle exposition et comprendre que l'Eglise n'est qu'une institution humaine!"

"L'exposition objective sur le cas du divorce et des divorcés, remariés ou non, dans et hors de l'Eglise, m'a réconfortée quant à la démarche humaine que vous préconisez face à l'injustice, à la dureté de cœur et à la double exclusion pratiquée par une institution ayant pour mission d'accueillir, d'éclairer, de consoler et d'instruire.

Bravo pour votre ouverture. que le Saint-Esprit continue de vous éclairer, et nous ne serons plus qu'un peuple."

Yolande

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