
XVe Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Famille
Discours du Pape Jean-Paul II -
Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat,
chers époux!
1. Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de la XV Assemblée
plénière du Conseil pontifical pour la Famille. Je vous adresse à tous mon
salut cordial. Je remercie de tout cœur le Cardinal Alfonso López Trujillo,
Président du Conseil pontifical, pour les aimables paroles par lesquelles
il a interprété les sentiments des personnes présentes.
J'étends mon remerciement à chacun de vous et à tous ceux qui,
à titres divers, travaillent dans ce dicastère, accomplissant avec générosité
et compétence un devoir si important pour l'Eglise et pour la société, au
service de la famille, sanctuaire domestique de la vie.
Beaucoup a été fait ces dernières années, mais il reste encore
beaucoup à faire. Je vous encourage à ne pas perdre courage face à l'ampleur
des défis actuels, mais à poursuivre sans arrêt votre engagement en vue
de préserver et de promouvoir le bien inestimable du mariage et de la famille.
C'est de cet effort que dépend en grande partie le destin de la société
et l'avenir même de l'évangélisation.
Le thème proposé pour cette Assemblée plénière est particulièrement
actuel: Pastorale familiale et couples en difficulté. Il s'agit d'un thème
vaste et complexe, dont vous n'entendez traiter que quelques aspects, ayant
déjà eu l'occasion de l'examiner dans d'autres circonstances. Je voudrais
à cet égard vous offrir certains éléments de réflexion et d'orientation.
2. Dans un monde de plus en plus sécularisé, il est plus que jamais
important que la famille croyante prenne conscience de sa vocation et de
sa mission. Son point de départ, dans tout contexte et toute condition,
est de sauvegarder et d'intensifier la prière, une prière incessante au
Seigneur, afin que sa foi croisse et soit toujours plus vigoureuse. Comme
je l'ai écrit dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae: "La
famille qui est unie dans la prière demeure unie".
Il est vrai que, lorsque l'on traverse des moments particuliers,
la contribution de la science peut offrir une aide précieuse, mais rien
ne pourra substituer une foi ardente, personnelle et confiante, qui s'ouvre
au Seigneur qui a dit: "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez
sous le fardeau" (Mt 11, 28).
Une sollicitude particulière doit être réservée aux jeunes époux,
afin qu'ils ne se découragent pas face aux problèmes et aux situations conflictuelles.
La prière, la pratique fréquente du sacrement de la Réconciliation, la direction
spirituelle, ne doivent jamais être abandonnées en pensant les remplacer
par d'autres techniques de soutien humain et psychologique. Il ne faut jamais
oublier ce qui est essentiel, c'est-à-dire vivre en famille sous le regard
tendre et miséricordieux de Dieu.
La richesse de la vie sacramentelle, dans le cadre d'une famille
qui participe à l'Eucharistie chaque dimanche et sans aucun doute le meilleur
antidote pour affronter et surmonter les obstacles et tensions.
3. Cela est encore plus nécessaire lorsque prolifèrent des styles
de vie et que se diffusent des modes et des cultures qui mettent en doute
la valeur du mariage, en arrivant même à considérer comme impossible le
don réciproque des époux jusqu'à la mort, dans une fidélité joyeuse. La
fragilité augmente si domine une mentalité de divorce, que le Concile a
dénoncée avec vigueur, car elle conduit souvent à des séparations et à des
ruptures définitives. Une éducation sexuelle mal conçue nuit également à
la vie de la famille. Lorsque manque une préparation intégrale au mariage,
qui respecte les étapes progressives de la croissance des fiancés, les possibilités
de préserver la famille se réduisent.
En revanche, il n'est pas de situation difficile qui ne puisse
être affrontée de façon adéquate lorsque l'on cultive un climat cohérent
de vie chrétienne. L'amour lui-même, blessé par le péché, est également
un amour racheté. Il est clair que si manque la vie sacramentelle, la famille
cède plus facilement aux pièges, car elle se retrouve sans défense.
Comme il est important de favoriser le soutien familial pour les
couples, en particulier les jeunes, de la part de familles spirituellement
et moralement solides! Il s'agit d'un apostolat fécond et nécessaire en
particulier en ce moment de l'histoire.
4. Je voudrais ajouter, à cet égard, une considération sur le dialogue
qui doit être cultivé dans le processus de formation avec les enfants. On
manque souvent de temps pour vivre et dialoguer en famille. Souvent, les
parents se sentent peu préparés et ont même peur d'assumer, comme il est
de leur devoir, la tâche de l'éducation intégrale de leurs enfants. Il peut
arriver que ceux-ci, précisément à cause de l'absence de dialogue, rencontrent
de graves difficultés à trouver chez leurs parents des modèles authentiques
à imiter et aillent chercher ailleurs des modèles et des styles de vie qui
se révèlent souvent trompeurs et nuisibles à la dignité de l'homme et du
véritable amour. La banalisation de la sexualité, dans une société saturée
d'érotisme, et le manque de référence à des principes éthiques, peuvent
gâcher la vie des enfants, des adolescents et des jeunes en empêchant leur
éducation à un amour responsable et mûr et le développement harmonieux de
leur personnalité.
5. Très chers frères et sœurs! Je vous remercie de l'attention
que, au cours de votre Assemblée plénière, vous consacrez à un thème aussi
actuel et qui me tient tant à cœur. Que Dieu vous aide à vous concentrer
sur ce qui est le plus utile pour la famille aujourd'hui. Poursuivez en
outre votre travail avec enthousiasme dans la préparation de la Rencontre
mondiale des Familles, qui se tiendra à Manille en janvier prochain. Je
souhaite de tout cœur que ce rassemblement, que j'ai convoqué à l'occasion
de la célébration du Jubilé des Familles, et pour lequel j'ai choisi comme
thème: La famille chrétienne: une bonne nouvelle pour le troisième millénaire,
favorise la croissance de l'élan missionnaire des familles dans le monde.