Source : http://home.worldnet.fr/~rcougnau/  (Les Femmes dans la Bible  - TOB) extrait

 

Jésus et les femmes

 

Quant à l'attitude de Jésus envers les femmes, elle est si inhabituelle, si surprenante et même scandaleuse que les disciples s'en étonnent : « Comment, se disaient-ils, peut-il parler avec une femme ?» ou « Comment peut-il se laisser toucher par une pécheresse ? »

En effet, d'abord, contrairement aux interdictions rituelles Jésus adresse la parole aux femmes. Il les considère ainsi comme des personnes à part entière. Il leur confère égalité et dignité. Il les appelle par leur nom. Plus extraordinaire encore, les interlocutrices de Jésus sont fréquemment des étrangères, telle la « grecque d'origine syro-phénicienne » dont il guérit la fille. Et surtout, la Samaritaine, appartenant à cette nation « avec qui les Juifs n'avaient pas de rapports ». La scène de cette rencontre, longuement racontée par Jean, est significative. Non seulement cette femme vient d'un peuple méprisé, mais c'est une femme de mauvaise vie. Jésus ne se contente pas de converser avec elle; il lui demande à boire. Et cette demande renverse les rôles : le Maître devient celui qui a besoin de sa créature. Mieux : c'est à cette femme aux six « maris » qu'il révèle qui il est le Messie, et qu'il explique le culte nouveau, « en esprit et en vérité ». Cette confiance transforme la Samaritaine. Elle « laisse là sa cruche » et devient la première prosélyte militante : « Bon nombre de Samaritains crurent Jésus, Sauveur du monde, sur l'attestation de cette femme. »

Jésus est si proche des femmes que c'est avec elles, comme elles, qu'il s'attendrit. Dans cette époque de valeurs viriles, il ne craint pas de manifester une sensibilité qu'on dirait féminine. Remarquant les « filles de Jérusalem qui se battaient la poitrine et se lamentaient sur lui », il déclare : « pleurez sur vous-mêmes ». " Ému de compassion " par la veuve de Naïm qui avait perdu son fils unique, il le ressuscita. « Voyant pleurer Marie », soeur de Lazare, « il éprouve un frémissement intérieur et un trouble . Et lorsqu'il entrevoit les malheurs de la fin du monde, c'est sur les souffrances des femmes qu'il s'apitoie ... Est-ce cette pitié qui le pousse à guérir si souvent des femmes ? La belle-mère de Simon, les femmes qui l'accompagnaient, Marie, Jeanne, Suzanne, l'hémoroïsse qui, depuis douze ans, souffrait de pertes de sang », la fille de la « possédée d'un esprit impur » et, un jour de sabbat, la femme infirme courbée depuis dix-huit ans .

Mais la guérison est plus encore spirituelle que médicale. Thaumaturge divin, Jésus est surtout le Dieu qui pardonne. Les pécheresses autant sinon plus que les pécheurs, sont ses préférées. C'est une telle femme qu'il donne en exemple à Simon, le pharisien, car, en l'oignant d'une huile parfumée, « elle a donné de grandes preuves d'amour ». Et il dit à cette pécheresse comme à la Samaritaine : « Tes péchés te sont remis ... Ta foi t'a sauvée, va en paix. » Scandalisant les justes hypocrites, avec une clairvoyance malicieuse, il les renvoie à leurs propres fautes. Souvenons-nous de l'épisode de la femme adultère. Aux scribes questionneurs répondent son silence et la fameuse répartie : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Et, à la femme : « Moi non plus, je ne te condamnerai pas. Va, et désormais, ne pèche plus. »

Souvent enfin, ce sont des femmes que Jésus propose en modèles à ses contemporains : la Samaritaine, la pécheresse aux longs cheveux, la « veuve indigente » et l'obole qu'elle a pris sur son nécessaire; Marie qui « a choisi la meilleure part » : écouter le Seigneur; l'hémoroïsse et la Cananéenne à la foi débordante ...

Si, donc, le christianisme a longtemps manifesté une méfiance plus ou moins grande à l'égard des femmes, si trop souvent, il limite encore leurs fonctions et leur influence, telle n'était pas l'attitude du Christ.

Albert Samuel
Dans "Les femmes et les religions", Les éditions de l'Atelier, 1995

 

 

Et que dit le Coran ? Quelle fut l'attitude de Mahomet vis à vis des femmes ?

 

La Cananéenne

Matthieu 15

Marc 7

 

Pendant le temps de sa prédication itinérante, Jésus fait quelques incursions en pays étranger.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Et voici qu'une Cananéenne vint de là et elle se mit à crier : "Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon." Mais il ne lui répondit pas un mot. Ses disciples, s'approchant, lui firent cette demande : "Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris". Jésus répondit : "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël". Mais la femme vint se prosterner devant lui : "Seigneur, dit-elle, viens à mon secours ! " Il répondit : "Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens". "C'est vrai, Seigneur ! reprit-elle; et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres". Alors Jésus lui répondit : "Femme, ta foi est grande ! Qu'il t'arrive comme tu le veux !" Et sa fille fut guérie dès cette heure-là.

(Matthieu 15, 21-28)

 

Parti de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison et il ne voulait pas qu'on le sache, mais il ne put rester ignoré. Tout de suite, une femme dont la fille avait un esprit impur entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance. Elle demandait à Jésus de chasser le démon hors de sa fille .Jésus lui disait : « Laisse d'abord les enfants se rassasier, car ce n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » Elle lui répondit : « C'est vrai , Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants. » Il lui dit : « A cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille. » Elle retourna chez elle et trouva l'enfant étendue sur le lit : le démon l'avait quittée.

(Marc 7, 24-30)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Samaritaine


Jean 4, 1-42

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au temps de Jésus, les Samaritains sont considérés par les Juifs comme des schismatiques qu'il est interdit de fréquenter et auxquels on ne doit demander aucun service. Samaritains et Juifs ont chacun leur Temple et se haïssent.

Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure. Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit : "Donne-moi à boire". Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : "Comment ? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine !" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. Jésus lui répondit : "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive". La femme lui dit : "Seigneur, tu n'as pas même un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc, cette eau vive ? Serais-tu plus grand, toi, que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ?" Jésus lui répondit : "Quiconque boit de celle-ci aura encore soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; au contraire, l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle". La femme lui dit : "Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus à venir puiser ici". Jésus lui dit : "Va, appelle ton mari et reviens ici". La femme lui répondit : "Je n'ai pas de mari". Jésus lui dit : "Tu dis bien : "Je n'ai pas de mari"; tu en as eu cinq et l'homme que tu as maintenant n'est pas ton mari. En cela tu as dit vrai". "Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu'à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer". Jésus lui dit : "Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et c'est pourquoi ceux qui l'adorent doivent adorer en esprit et en vérité". La femme lui dit : "Je sais qu'un Messie doit venir - celui qu'on appelle Christ. Lorsqu'il viendra, il nous annoncera toutes choses". Jésus lui dit : "Je le suis, moi qui te parles". Sur quoi les disciples arrivèrent. Ils s'étonnaient que Jésus parlât avec une femme; cependant personne ne lui dit "Que cherches-tu ?" ou "Pourquoi lui parles-tu ?" La femme alors, abandonnant sa cruche, s'en fut à la ville et dit aux gens : "Venez donc voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Christ ?" Ils sortirent de la ville et allèrent vers lui. Entre temps, les disciples le pressaient : "Rabbi, mange donc". Mais il leur dit : "J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas". Sur quoi les disciples se dirent entre eux : "Quelqu'un lui aurait-il donné à manger ?" Jésus leur dit : "Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre. Ne dites-vous pas vous-mêmes : "Encore quatre mois et viendra la moisson" ? Mais moi je vous dis : levez les yeux et regardez; déjà les champs sont blancs pour la moisson ! Déjà le moissonneur reçoit son salaire et amasse du fruit pour la vie éternelle, si bien que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. Car en ceci le proverbe est vrai, qui dit : "l'un sème, l'autre moissonne ce qui ne vous a coûté aucune peine; d'autres ont peiné et vous avez pénétré dans ce qui leur a coûté tant de peine". Beaucoup de Samaritains de cette ville avaient cru en lui à cause de la parole de la femme qui attestait : "Il m'a dit tout ce que j'ai fait". Aussi lorsqu'ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer parmi eux. Et il y demeura deux jours. Bien plus nombreux encore furent ceux qui crurent à cause de sa parole à lui; et ils disaient à la femme : "Ce n'est plus seulement à cause de tes dires que nous croyons; nous l'avons entendu nous-mêmes et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde".

(Jean 4, 1-42)



Le septième homme

Les Juifs considèrent les Samaritains comme des faux-frères. On ne discute pas avec eux. On ne discute pas non plus avec une femme. On ne fréquente pas les pécheurs. Voilà le comportement normal d'un Juif pieux. On comprend donc l'étonnement des disciples devant Jésus qui discute avec une femme, une Samaritaine, vivant en concubinage après avoir eu cinq maris. Mais Jésus n'est pas sectaire et s'adresse à tous, particulièrement aux pécheurs et aux pécheresses. Voici une première lecture de ce texte. Mais il y en a d'autres.
Dans l'évangile de Jean, il y a toujours différents niveaux de compréhension. La scène se passe en Samarie. Les cinq maris peuvent être une allusion aux cinq divinités principales (les Baals) adorées par les habitants du pays. Ne retrouverait-on pas dans ce texte les accents du prophète Osée reprochant aux habitants de cette région de se prostituer avec les faux dieux ? Cette femme a t-elle trouvé avec ses cinq maris et avec l'homme qui actuellement partage sa vie de quoi combler toutes ses aspirations ? A-t-elle pu étancher sa soif de vraie vie ? Celui qui est devant elle, qui lui demande à boire et qui lui promet l'eau vive ne serait-il pas celui là ? Jésus le "septième homme" de cette femme ? La question n'est pas à entendre au premier degré évidemment mais au sens symbolique. Jésus n'est pas un Baal ou un maître qui demande à sa femme d'accomplir des corvées d'eau. Il distribue l'eau vive et permet à la femme d'abandonner sa cruche pour devenir apôtre. Elle annonce aux gens de la ville la présence du Christ. Et les apôtres officiels, qu'ont-ils fait dans la ville ? Les courses. Monde à l'envers. Permutation des rôles qu'on croyait bien établis. Celle que Jésus aurait dû repousser parce que femme, étrangère et pécheresse, devient le modèle de la vie apostolique, première ambassadrice du Christ hors des frontières d'Israël. «Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, c'est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance.» Luc 10, 21

Joseph Stricher, "Plaisir d'amour, plaisir de Dieu" ACGF

Les pleureuses de Jérusalem

Luc 23

Jésus est condamné à mort. Il doit porter sa croix jusqu'au lieu du supplice.

Il était suivi d'une grande multitude du peuple, entre autres, de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.
Jésus se tourna vers elles et leur dit : "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. Car voici venir des jours où l'on dira : "Heureuses les femmes stériles et celles qui n'ont pas enfanté ni allaité". Alors on se mettra à dire aux montagnes : "Tombez sur nous", et aux collines : "Cachez-nous". Car si l'on traite ainsi l'arbre vert, qu'en sera-t-il de l'arbre sec ?"

(Luc 23, 27-31)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

La veuve de Naïn

Luc 7

Jésus rend la vie au fils d'une veuve.

Or, Jésus se rendit ensuite dans une ville appelée Naïn. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu'une grande foule. Quand il arriva près de la porte de la ville, on portait tout juste en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve, et une foule considérable de la ville accompagnait celle-ci.

 

En la voyant, le Seigneur fut pris de pitié pour elle et il lui dit : "Ne pleure plus". Il s'avança et toucha le cercueil; ceux qui le portaient s'arrêtèrent; et il dit : "Jeune homme, je te l'ordonne, réveille-toi". Alors le mort s'assit et se mit à parler; Et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : "Un grand prophète s'est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple." Et ce propos sur Jésus se répandit dans toute la Judée et dans toute la région.

(Luc 7, 11-15)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

Marthe et Marie
la femme au parfum

Luc 10
Jean 11,12

 

Volontiers, Jésus va se reposer chez des amies, Marthe et Marie. Luc nous rapporte l'épisode d'une rencontre de Jésus avec Marthe et Marie, deux soeurs aux tempéraments bien différents.

Comme ils étaient en route, il entra dans un village et une femme du nom de Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une soeurs nommée Marie qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe s'affairait à un service compliqué. Elle survint et dit : "Seigneur, cela ne te fait rien que ma soeur m'ait laissée seule à faire le service ? Dis-lui donc de m'aider". Le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. C'est bien Marie qui a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée".

(Luc 10, 38-42)


Jésus rend la vie à Lazare, frère de Marthe et de Marie.

Il y avait un homme malade; c'était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. Il s'agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d'une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux; c'était son frère Lazare qui était malade. Les soeurs envoyèrent dire à Jésus : "Seigneur, celui que tu aimes est malade".
Dès qu'il l'apprit, Jésus dit : "Cette maladie n'aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire de Dieu : c'est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié". Or Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare. Cependant, alors qu'il savait Lazare malade, il demeura deux jours encore à l'endroit où il se trouvait. Après quoi seulement, il dit aux disciples : "Retournons en Judée". Les disciples lui dirent : "Rabbi, tout récemment encore les Juifs cherchaient à te lapider; et tu veux retourner là-bas ? Si quelqu'un marche de jour, il ne trébuche pas parce qu'il voit la lumière de ce monde; mais si quelqu'un marche de nuit, il trébuche parce que la lumière n'est pas en lui".
Après avoir prononcé ces paroles, il ajouta : "Notre ami Lazare s'est endormi, mais je vais aller le réveiller". Les disciples lui dirent donc : "Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé". En fait, Jésus avait voulu parler de la mort de Lazare, alors qu'ils se figuraient, eux, qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil. Jésus leur dit alors ouvertement : "Lazare est mort, et je suis heureux pour vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui ! " Alors Thomas, celui que l'on appelle Didyme, dit aux autres disciples : "Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui".
A son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau; il y était depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie est distante de Jérusalem d'environ quinze stades, beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie était assise dans la maison. Marthe dit à Jésus : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera". Jésus lui dit : "Ton frère ressuscitera".Je sais, répondit-elle, qu'il ressuscitera, lors de la résurrection, au dernier jour". Jésus lui dit : "Je suis la Résurrection et la Vie : celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?" Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, Celui qui vient dans le monde". Là-dessus, elle partit appeler sa soeur Marie et lui dit tout bas : "Le Maître est là et il t'appelle". A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui. Jésus, en effet, n'était pas encore entré dans le village; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. Les Juifs étaient avec Marie dans la maison et ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se lever soudain pour sortir, ils la suivirent : ils se figuraient qu'elle se rendait au tombeau pour s'y lamenter.
Lorsque Marie parvint à l'endroit où se trouvait Jésus, dès qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort". Lorsqu'il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui l'accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla. Il dit : "Où l'avez-vous déposé ?" Ils répondirent : "Seigneur, viens voir". Alors Jésus pleura; et les Juifs disaient : "Voyez comme il l'aimait !" Mais quelques-uns d'entre eux dirent : "Celui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, n'a pas été capable d'empêcher Lazare de mourir". Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s'en fut au tombeau; c'était une grotte dont une pierre recouvrait l'entrée. Jésus dit alors : "Enlevez cette pierre". Marthe, la soeur du défunt, lui dit : "Seigneur, il doit déjà sentir... Il y a en effet quatre jours..." Mais Jésus lui répondit : "Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?" On ôta donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux et dit : "Père, je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé. Certes, je savais bien que tu m'exauces toujours, mais j'ai parlé à cause de cette foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé". Ayant ainsi parlé, il cria d'une voix forte : "Lazare, sors !" Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus dit aux gens : "Déliez-le et laissez-le aller !"


(Jean 11, 1-44)

Marie parfume Jésus.

Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie où se trouvait Lazare qu'il avait relevé d'entre les morts.On y offrit un dîner en son honneur : Marthe servait tandis que Lazare se trouvait parmi les convives. Marie prit alors une livre d'un parfum de nard pur de grand prix; elle oignit les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux et la maison fut remplie de ce parfum. Alors Judas Iscariote, l'un de ses disciples, celui-là même qui allait le livrer, dit : "Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ?" Il parla ainsi, non qu'il eût souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, chargé de la bourse, il dérobait ce qu'on y déposait. Jésus dit alors : "Laissez-la ! Elle observe cet usage en vue de mon ensevelissement. Des pauvres, vous en avez toujours avec vous, mais moi vous ne m'avez pas pour toujours".

(Jean 12, 1-8)

Dans Marc 14,3-9 (et Matthieu 26,6-13), une femme, dont on ignore le nom, accomplit ce même geste sur Jésus.

 

Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et, pendant qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum de nard, pur et rès coûteux. Elle brisa le flacon d'albâtre et lui versa le parfum sur la tête. Quelques uns se disaient entre eux avec indignation : "A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? On aurait bien pu vendre ce parfum-là plus de trois cents pièces d'argent et les donner aux pauvres!" Et ils s'irritaient contre elle. Mais Jésus dit : "Laissez-la, pourquoi la tracasser ? C'est une bonne uvre qu'elle vien d'accomplir à mon égard. Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien. Mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours. Ce qu'elle pouvait faire, elle l'a fait : d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. En vérité je vous le déclare, partout où sera proclamé l'Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait.


(Marc 14,3-9)

La belle-mère de Simon-Pierre

Luc 4
Matthieu 8
Marc 1

Matthieu, Luc et Marc nous racontent chacun à leur manière la guérison de la belle-mère de SimonPierre, un disciple de Jésus.

 Comme Jésus entrait dans la maison de Pierre, il vit sa belle-mère couchée, et avec de la fièvre. Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta; elle se leva et se mit à le servir.


(Matthieu 8, 14-15)

Quittant la synagogue, il (Jésus) entra dans la maison de Simon. La belle-mère de Simon était en proie à une forte fièvre, et ils le prièrent de faire quelque chose pour elle. Il se pencha sur elle, il commanda sévèrement à la fièvre, et celle-ci la quitta; et se levant aussitôt, elle se mit à les servir.


(Luc 4,38-39)

Juste en sortant de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d'André. Or, la belle-mère de Simon était couchée, elle avait de la fièvre; aussitôt on parle d'elle à Jésus. Il s'approcha et la fit lever en lui prenant la main : la fièvre la quitta et elle se mit à les servir.


(Marc 1, 29-31)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

L'entourage féminin de Jésus

Luc

 

Jésus faisait route à travers villes et villages; il proclamait et annonçait la bonne nouvelle du Règne de Dieu. Les Douze étaient avec lui, et aussi des femmes qui avaient été guéries d'esprits mauvais et de maladies : Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chouza, intendant d'Hérode, Suzanne et beaucoup d'autres qui les aidaient de leurs biens.

(Luc 8, 1-3)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

La femme qui souffrait d'hémorragie
la fille d'un notable

Matthieu 9

 

 

 

 

Jésus guérit une femme qui souffre d'hémorragie et ramène à la vie une fillette.

Voici qu'un notable s'approcha et, prosterné, il disait à Jésus : "Ma fille est morte à l'instant; mais viens lui imposer la main et elle vivra." S'étant levé, Jésus le suivait avec ses disciples.
Or, une femme, souffrant d'hémorragie depuis douze ans, s'approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement.

 

 

Elle se disait : "Si j'arrive seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée". Mais Jésus, se retournant et la voyant, dit : "Confiance, ma fille ! Ta foi t'a sauvée". Et la femme fut sauvée dès cette heure-là.


A son arrivée à la maison du notable, voyant les joueurs de flûte et l'agitation de la foule, Jésus dit : "Retirez-vous: elle n'est pas morte, la fillette, elle dort." Et ils se moquaient de lui. Quand on eut mis la foule dehors, il entra, prit la main de l'enfant et la fillette se réveilla. La nouvelle s'en répandit dans toute la région.

(Matthieu 9,18-26)

(Lire également Luc 8,40-56 et Marc, 5,21-43)

Une femme infirme

Luc 13

Jésus guérit une femme atteinte d'une infirmité.

 

 Jésus était en train d'enseigner dans une synagogue un jour de sabbat. Il y avait là une femme possédée d'un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans; elle était toute courbée et ne pouvait pas se redresser complètement. En la voyant, Jésus lui adressa la parole et lui dit : "Femme, te voilà libérée de ton infirmité". Il lui imposa les mains : aussitôt elle redevint droite et se mit à rendre gloire à Dieu. Le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus ait fait une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : "Il y a six jours pour travailler. C'est donc ces jours-là qu'il faut venir pour vous faire guérir, et pas le jour du sabbat". Le Seigneur lui répondit : "Esprits pervertis, est-ce que le jour du sabbat chacun de vous ne détache pas de la mangeoire son boeuf ou son âne pour le mener boire ? Et cette femme, fille d'Abraham, que Satan a liée voici dix-huit ans, n'est-ce pas le jour du sabbat qu'il fallait la détacher de ce lien ? " A ces paroles, tous ses adversaires étaient couverts de honte, et toute la foule se réjouissait de toutes les merveilles qu'il faisait.

(Luc 13, 10-16)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

La femme au parfum

Marc

 

 

Une femme, dont on ignore le nom, parfume Jésus.

Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et, pendant qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum de nard, pur et rès coûteux. Elle brisa le flacon d'albâtre et lui versa le parfum sur la tête. Quelques uns se disaient entre eux avec indignation : "A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? On aurait bien pu vendre ce parfum-là plus de trois cents pièces d'argent et les donner aux pauvres!" Et ils s'irritaient contre elle. Mais Jésus dit : "Laissez-la, pourquoi la tracasser ? C'est une bonne uvre qu'elle vien d'accomplir à mon égard. Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien. Mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours. Ce qu'elle pouvait faire, elle l'a fait : d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. En vérité je vous le déclare, partout où sera proclamé l'Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait.


(Marc 14,3-9)

(Lire également Matthieu 26,6-13)

 

La femme adultère

Jean 8

Jésus gagna le mont des Oliviers. Dès le point du jour, il revint au temple et, comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les Pharisiens amenèrent alors une femme qu'on avait surprise en adultère et ils la placèrent au milieu du groupe. «Maître, lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ?» Ils parlaient ainsi dans l'intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l'accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à tracer du doigt des traits sur le Sol. Comme ils continuaient à lui poser des questions, Jésus se redressa et leur dit : «Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. » Et s'inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils se retirèrent l'un après l'autre, à commencer par les plus âgés, et Jésus resta seul. Comme la femme était toujours là, au milieu du cercle, Jésus se redressa et lui dit : «Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t'a condamnée ?» Il Elle répondit : «Personne, Seigneur» et Jésus lui dit : «Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus. »

Jean 8, 1-11

Un commentaire

«Ne jetez pas la pierre à la femme adultère, je suis derrière» chantait Brassens. Il avait raison, comme le montre l'histoire de cette rencontre de Jésus avec cette femme dont on ne connaît que la mauvaise réputation. Elle a trompé son mari, mais un mari avec elle a trompé sa femme. Le récit laisse supposer que la responsabilité revient à la femme. Les clichés ont la vie dure qui veulent que, dans les histoires d'infidélités conjugales, le coupable soit le plus souvent désigné au féminin. Ces hommes, qui s'érigent en juges et s'approchent de Jésus pour lui faire condamner la femme infidèle, se découvrent eux-mêmes en flagrant délit d'infidélité. Ils viennent trouver un juge et espèrent le prendre au piège s'il ne condamne pas. Jésus s'abaisse et trace des traits sur le sol : il n'écrit pas de sentence de condamnation. Il se redresse, prononce une parole. Devant Celui qui est la Parole de vérité apparaît le mensonge, sont dévoilées leurs propres infidélités. L'adultère que symbolise la femme est bien plus qu'une infidélité conjugale, c'est l'infidélité à l'alliance que vivent aussi les pharisiens.

Toutes les infidélités sont démasquées, la mauvaise réputation est brisée, reste à la femme à sortir de son cercle, de son propre enfermement. Jésus se dresse, non pour la condamner mais pour manifester sa miséricorde et la renvoyer à sa propre responsabilité et à l'exigence de changer de vie : «Va et désormais ne pèche plus».

En Christ, les femmes retrouvent leur dignité de femmes. Elles ne sont plus éternellement chargées de l'infidélité d'Adam. Devant lui, hommes et femmes sont conviés à regarder en vérité leur vie en alliance avec Dieu.

Michel FROMONT

 

La veuve pauvre

Luc 21

 

Levant les yeux, Jésus vit ceux qui mettaient leurs offrandes dans le tronc. C'étaient des riches. Il vit aussi une veuve misérable qui y mettait deux petites pièces, et il dit : "Vraiment, je vous le déclare, cette veuve pauvre a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là ont pris sur leur superflu pour mettre dans les offrandes; mais elle, elle a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu'elle avait pour vivre".

(Luc 21, 1-4)
(Lire également Marc 12, 41-44)

Textes de la TOB, éditions du Cerf

 

 

 

Le Coran

Comme sur d'autres thèmes, l'enseignement coranique concernant les femmes est dispersé dans plusieurs sourates, et pas seulement dans le livre des Femmes. On le trouve aussi bien dans La génisse que dans La Lumière ou Le divorce.



Il s'en dégage toutefois quelques grands principes et quelques règles de conduite. Premier principe : « Les hommes ont la prééminence sur les femmes »180. Second principe : la vocation des femmes est le mariage, la procréation et la satisfaction des désirs des hommes. « Le mariage est la moitié de la religion ». « Mariez les célibataires d'entre vous »181. « Vos femmes sont un vêtement pour vous, et vous êtes le leur. Voyez vos femmes dans le désir de recueillir les fruits qui vous sont réservés »182. Ainsi, la femme est-elle faite pour l'homme. Et El Ghazali a commenté crûment ces versets. Pour lui, le plaisir sexuel que les femmes procurent est pour l'homme « le délassement qui chasse la tristesse et repose le coeur. »



De ces deux principes découlent logiquement quelques prescriptions essentielles.



C'est, en premier lieu, l'importance de la virginité, trésor réservé au futur époux à qui sont destinées « des femmes exemptes de la souillure »183. Dans cette intention, Allah a créé « les vierges du Paradis pour une création à part. Nous avons conservé leur virginité ». Le « Beau Modèle » en est Maryam (Marie), la Mère de Nissa (Jésus), « Celle qui a conservé sa virginité »184. La virginité féminine est d'un tel prix que, selon la tradition, une fille vierge va directement au Paradis; et que les « vierges au regard modeste », « des houris aux grands yeux noirs, semblables aux vraies perles » seront la récompense de (la) foi des musulmans 185.



Cette virginité, à préserver avec vigilance, la fille doit la défendre par un vêtement décent et une attitude réservée. « Commande aux femmes qui croient de baisser leurs yeux et d'observer leur contenance sans laisser voir de leurs ornements que ce qui est à l'extérieur, de couvrir leurs seins d'un voile ». « Si vous voulez demander quelque chose aux femmes du prophète, demandez-le à travers un voile. »



Ce comportement doit demeurer celui de la femme mariée. « Les femmes vertueuses et obéissantes sont soumises ; elles conservent soigneusement pendant l'absence du mari ce que Dieu leur a ordonné de conserver intact. Vous réprimanderez celles dont vous avez à craindre la désobéissance; vous les relèguerez dans les lits à part, vous les battrez, mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle. »186 Et encore : « O Prophète ! prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants d'abaisser un voile sur le visage. Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des hommes »187.



Cependant, le Coran adoucit parfois les règles en vigueur. Il restreint la polygamie. « Si vous craignez d'être injuste, n'épousez que peu de femmes, conseille-t-il, deux ou trois, ou quatre parmi celles qui vous auront plu. Si vous craignez encore d'être injustes, n'en épousez qu'une seule, ou une esclave. Cette conduite vous aidera plus facilement à être juste. »188. Et même, avec clairvoyance et peut-être une pointe de malice, il ajoute : «Vous ne pouvez jamais traiter également toutes vos femmes, quand même vous le désirez ardemment. » 189

De même, il codifie la répudiation. Il invite à réfléchir avant de prononcer la phrase fatale : « Tu es répudiée ». Il est en effet averti qu'il ne pourra reprendre sa femme « avant que le second ne goûte son petit miel comme l'avait goûté le premier »190. - C'est-à-dire, si elle a consommé une seconde union. La femme peut, elle-même, demander le divorce si son époux l'a abandonnée plus de quatre mois. « Ceux qui font vœu de s'abstenir de leurs femmes auront un délai de quatre mois. Si pendant ce temps (toutefois) ils reviennent à elles, Dieu est indulgent et miséricordieux »191. Autrement dit, la demande de divorce n'aura plus lieu d'être !



Quoi qu'il en soit, recommande Allah dans le Coran, « Soyez honnêtes dans vos procédés à leur égard. Laissez-lui la dot entière. Voudriez-vous la lui ravir après avoir cohabité avec elle, et après qu'elle a reçu votre foi ? » 192 Et encore : « Gardez-vous votre femme ? Traitez la honnêtement. La renvoyez-vous ? Renvoyez la avec générosité. Il ne vous est pas permis de garder ce que vous lui avez donné »193. Ce don, le douaire, est prescrit pour le mariage. « Il vous est permis de vous procurer avec de l'argent des épouses que vous maintiendrez dans les bonnes nœurs et en évitant la débauche. Donnez à celle avec laquelle vous aurez cohabité la dot promise : ceci est obligatoire » 194.



Plus généralement, le Livre d'Allah recommande la bienveillance envers les femmes. " Il vous a créé des épouses formées de vous-mêmes, pour que vous habitiez avec elles. Il a établi entre vous l'amour et la compassion. Il y a de ceci des signes pour ceux qui réfléchissent. "195 Si le mari a le droit de battre l'épouse fautive, il doit toujours le faire avec mesure, et, mieux, s'en abstenir. « Qu'aucun d'entre vous ne fustige sa femme comme une esclave, alors qu'à la fin du jour, il copulera peut-être avec elle. » « Seuls les plus mauvais d'entre vous battent leurs femmes. »



Le Coran s'intéresse particulièrement au sort des femmes seules, divorcées ou veuves. Il demande pour celles-ci une participation à l'héritage. Améliorant une situation où la femme n'héritait pas de son mari, « les femmes - dit-il - doivent avoir aussi une portion de ce que laissent leurs pères, mères et leurs proches. Que l'héritage soit considérable ou de peu de valeur, une portion déterminée leur est due. »196



Les hadîth du Prophète précisent et souvent nuancent la loi d'Allah. Ils mettent en valeur « la volupté charnelle » qui, dit AL Ghazali, est « un avant-goût des voluptés réservées (à l'homme) au Paradis ». Toutefois, la femme n'est pas exclue de cette volupté. Déjà, le Prophète avait conseillé à ses fidèles : « Qu'aucun de vous ne se jette sur sa femme comme le font les bêtes, mais qu'il y ait d'abord un messager entre eux ... des baisers et des douces paroles. » 197 Ce n'est pas seulement parce que « l'enfant né d'une union où la femme n'a pas été cajolée sera nécessairement faible d'esprit et ignorant »198. C'est surtout parce que cette harmonie dans le plaisir est reconnaissance de « la puissance du Seigneur », et une manière de « Le louer ».



A l'homme est laissé le soin d'y parvenir : " Vos femmes sont votre champ; cultivez-le de la manière que vous l'entendez "199. Quoi qu'il en soit, « Quand le serviteur de Dieu regarde son épouse et qu'elle le regarde, Allah pose sur eux un regard de miséricorde. Quand l'époux prend la main de l'épouse, et qu'elle lui prend la main, leurs péchés s'en vont par l'interstice de leurs doigts. Quand il cohabite avec elle, les anges les entourent de la terre au zénith. La volupté et le désir ont la beauté des montagnes. » D'une manière générale, « le croyant le plus parfait est celui qui fait preuve du meilleur caractère à l'égard des femmes. »



Le Prophète amoureux des femmes



Comment le Prophète a-t-il lui-même vécu cet enseignement ? On peut dire qu'il a donné à la fois l'exemple de la fidélité, monogame, et de la polygamie. Fidélité car, marié avec Khadija en 595 200, il est resté son époux loyal pendant vingt-cinq ans. Mais, Khadija morte en 620, le Prophète épousa douze femmes pendant les douze années qui lui restaient à vivre.



Son choix ne tint compte ni de la religion, ni de la parenté, ni de l'âge. Ne compte-t-on pas, parmi ces femmes de la dernière heure, deux Juives 201, une copte, Marya, et même l'épouse de Zaïd, son fils adoptif ? N'épousa-t-il pas Nicha alors qu'elle avait six ans, consommant le mariage trois ans plus tard ?



C'est que Mahomet, dit l'histoire - ou la légende - était un homme aux appétits insatiables et aux moyens exceptionnels. Ne raconte-t-on pas qu'il « faisait le tour de ses neuf femmes en une seule nuit »202 ? Selon plusieurs de ses biographes, il « était doué de la puissance de quarante hommes dans le coït. » Ce qui semble sûr, c'est qu'il trouvait les femmes « les plus chères des gens ». Facilement séduit par leur beauté, il ne craignait ni de s'unir aux plus gracieuses des captives, ni de justifier sa fringale par l'intervention propice de la voix d'Allah. Tel fut le cas lorsqu'il voulut épouser Zaynab, la femme de son fils affranchi.



Peut-être est-ce pour cette raison que le Prophète a conçu la jouissance sexuelle ici-bas comme signe du bonheur paradisiaque où les houris seront des anges et où l'érection sera éternelle et l'orgasme durera quatre-vingts ans.



Ses conseils sont frappés au coin du bon sens masculin, au moins autant que de la volonté d'Allah. « Qu'aucun ne frappe sa femme comme une esclave, car à, la fin du jour, il coïtera peut-être avec elle. » Il semble qu'il ait eu deux soucis principaux : garantir à l'homme postérité et volupté; et protéger les veuves et les divorcées afin qu'elles ne tombent pas dans la prostitution ou l'adultère, la pire des abominations.



Mais, quoi qu'il en soit, l'ordre selon Mahomet et le Coran, c'est celui d'une société patriarcale voulue par Dieu. Même si l'homme se doit d'être équitable, voire « affectueux et bon » avec les femmes, celles-ci sont destinées à satisfaire ses besoins sexuels, dans le mariage, éventuellement polygame, et la « jouissance d'esclaves ». Célibat et virginité ne sont ni naturels, ni religieux. De ces principes, par sa conduite, Mahomet est le Prophète.



L'entourage et la suite féminine de Mahomet n'ont pas été non plus sans influence sur l'Islam.



. Aïcha, la femme chérie du Prophète, distinguait, avant Mahomet, quatre types de mariage. Le premier réunissait deux hommes pour une femme afin d'avoir un enfant mâle. C'était l'« union de demande d'engrossement », Istibdà. Le second, plusieurs hommes - généralement neuf - pour une femme. Lorsqu'elle avait accouché, c'était elle qui désignait le père qu'elle voulait. Plus sérieux, le nika al bacil accordait un homme à une femme donnée par le père en échange de la dot. C'est celui qui a été adopté par l'Islam car il garantit la paternité et assure l'appartenance de l'enfant au mari. Le quatrième enfin - al bugha - temporaire, était une sorte de légitimation de la prostitution nécessaire pour épancher les désirs mâles. L'enfant qui naissait de ces rapports était attribué à un père choisi par des physionomistes.
Le Prophète, toujours très pragmatique, n'interdit pas cette pratique de « jouissance » - mut'a -. Il se contenta de la règlementer : « Ne dépassez pas les limites ... Et celles dont vous avez tiré jouissance, donnez-leur leur salaire. »



. Fâtima, la fille aimée, fut tellement affligée par la mort de Mahomet qu'elle ne lui survécut que soixante-quinze jours. Avec une fermeté rare, elle « osa dire "non" à tout Médine en réclamant sa part d'héritage ». Elle est encore honorée au Maroc, particulièrement dans les milieux défavorisés. Les chiites la vénèrent qui l'ont surnommée : « la mère de son père » !

Albert Samuel
Dans "Les femmes et les religions", Les éditions de l'Atelier, 1995