HOMOPARENTALITÉ : LA COUR EUROPEENNE
DES DROITS DE L'HOMME VALIDE LA PRIMAUTÉ DU DROIT DE L’ENFANT
STRASBOURG,
1er mars 2002, Fondation de Service politique [DECRYPTAGE/communiqué]
— La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu ce 26 février
un arrêt reconnaissant à la France le droit de rejeter la légalisation
de l’adoption homosexuelle.
Le requérant, un instituteur français né en 1954, du nom de Philippe
Fretté, se plaignait d’une décision administrative, confirmée par
le Conseil d’État, rejetant sa demande d’agrément en vue d’une adoption
au motif de son homosexualité. Il y voyait une ingérence arbitraire
dans sa vie privée et familiale, se fondant sur un a priori
défavorable envers son « orientation sexuelle ». Il invoquait l’article
14 de la Convention européenne des droits de l’homme (interdiction
de toute discrimination), combiné avec l’article 8 (respect de la
vie privée et familiale).
La Cour ne l’a pas suivi, reconnaissant à la France le pouvoir«
légitime et raisonnable » de « considérer que le droit du requérant
trouvait sa limite dans l’intérêt des enfants ». Ainsi se trouve
réaffirmée la nullité d’une prétendue primauté du « droit à l’enfant
» sur le droit de l’enfant.
Précisément, les juges refusent de reconnaître l'existence éventuelle
d'un droit à l'adoption et confirment que l’État français poursuivait
un but légitime en cherchant « à protéger la santé et les droits
des enfants pouvant être concernés par une procédure d’adoption ».
Reste que la Cour admet que sur la question de l’homoparentalité,
il n’y a guère « de communauté de vues entre les États membres
du Conseil de l’Europe » et que dans la mesure où « le droit
paraît traverser une phase de transition, il faut laisser une large
marge d’appréciation aux autorités de chaque État, qui sont en prise
directe et permanente avec les forces vitales de leur pays et donc
en principe mieux placées qu’une juridiction internationale pour évaluer
les sensibilités et le contexte locaux. »
Ce point est particulièrement novateur. Il montre que les libertés
nationales peuvent constituer sinon une protection, du moins une référence
fondée contre les incertitudes d’un droit international à géométrie
variable. Un aveu de taille.
Les arrêts de la Cour sont disponibles sur son site http://www.echr.coe.int .
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