LES ÉTAPES D'UN DEUIL PAR SUICIDE

 

 

Vous venez d'apprendre qu'une personne de votre entourage s'est suicidée.  Que cette personne soit un membre de votre famille, un(e) ami(e), un(e) collègue de travail, une telle nouvelle risque fort de constituer un événement traumatisant, que vous soyez proche ou non de la personne en cause.

 

Le texte qui suit vous expliquera les réactions auxquelles vous pouvez pouvez vous attendre dans une telle circonstance.  Vous y trouverez de plus quelques suggestions pour mieux traverser la période de deuil.

 


 

À l'annonce d'un suicide, la nature et l'intensité de vos réactions dépendront en partie du type de relations que vous entreteniez avec la personne.  Si le suicide est survenu de façon inattendue et/ou violente, vos réactions seront plus intenses et variées que si vous l'anticipiez.  L'apparition de ces réactions peut cependant ne pas suivre l'ordre proposé.

 

Dans un premier temps, vous serez probablement sous l'effet d'un choc.  Vous éprouverez alors un sentiment d'incrédulité.  Vous vous direz que c'est impossible, que vous rêvez: ou encore, vous pourrez vous retrouver dans un état de stupeur et de paralysie.  Vous pourrez ressentir une grande peine et une profonde douleur qui s'exprimeront par des larmes, des cris ou qui vous laisseront tremblant(e) et sans voix.

 

Bientôt, vous vous demanderez :  POURQUOI?.  Vous chercherez en effet à comprendre les motifs qui ont poussé cette personne à agir ainsi.  Vous vous souviendrez des derniers moments passés avec lui (elle) la veille, la semaine précédente ou le dernier mois.  Vous chercherez à y déceler des signes qui, en rétrospective, auraient pu vous indiquer les intentions de la personne ou du moins, des signaux de détresse.

 

Plusieurs se sentiront coupables de ne pas avoir reconnu ces signaux ou de n'avoir rien fait pour aider la personne.  Peut-être regretterez-vous de n'avoir pas été plus disponible à son égard ou de ne pas avoir écouté votre intuition que quelque chose n'allait pas bien.

 

Toutes ces pensées peuvent susciter des sentiments d'échec ou incompétence très difficiles à supporter.

 

Souvenez-vous, en dépit de tout, que vous n'êtes pas responsable de ce qui est arrivé.  Si vous aviez connu les intentions suicidaires de la personne en cause, vous auriez tenté de faire quelque chose, de lui offrir de l'aide d'une manière ou d'une autre, avec ou sans succès.

 

Après un suicide, on éprouve toujours beaucoup de tristesse, de peine.  Si vous étiez très proche de cette personne, il se peut que vous vous sentiez abandonnée(e), perdu(e), seul(e).  Vous aurez alors besoin de la présence et du réconfort de vos proches.

 

Certaines personnes cherchent à oublier ce qui s'est produit, en chasser le souvenir de leur esprit, à nier ou minimiser leurs réactions émotionnelles.  Elles utilisent ce mécanisme pour se protéger de leur peine et de leur douleur.  D'autres resteront silencieux et refuseront d'en parler si on les questionne.  La persistance de ces réactions peut nuire à la résolution du deuil et conduire au développement de divers problèmes psychologiques.

 

Par ailleurs, il arrive souvent que les proches d'une personne qui s'est suicidée ressentent de la colère à son endroit.  cette colère peut très bien être présente en même temps que la peine, la tristesse même si en apparence ces sentiments ne vont pas ensemble.  Vous pouvez en vouloir à celui (celle) qui s'est suicidé(e) pour son geste lui-même, pour l'endroit ou le moyen choisi.  Vous pourriez aussi blâmer son entourage ou son milieu de travail.  Comme toutes les réactions émotionnelles mentionnées plus haut, cette colère fait partie du processus normal de deuil.

 

Au fil des jours et des semaines, vous trouverez peut-être des explications au geste qui a été posé.  Éventuellement, vous vous sentirez moins coupable, puis apaisé.  mais il se peut aussi que vous ne trouviez pas d'explication cohérente ou capable de vous satisfaire:  les vraies raisons sont celles de la personne qui s'est suicidée et vous ne les connaîtrez jamais.  Votre incrédulité et vos sentiments de culpabilité, de colère et d'impuissance en seront accentués.

 

Dans les jours suivants l'annonce du suicide, vous pouvez penser constamment à la personne décédée au point où votre concentration dans vos tâches quotidiennes en soit affectée.  Il se peut que vous vous sentiez plus fatigué(e), que vous ayez de la difficulté à dormir ou que vous fassiez des cauchemars.  Certains pourront éprouver divers malaises physiques tels que des maux de tête, des troubles gastro-intestinaux, des palpitations etc...  Ces réactions peuvent vous effrayer mais en réalité, elles sont normales et diminueront d'intensité peu à peu avec le temps.

 

Rappelez-vous que la personne qui pose un geste suicidaire agit ainsi pour mettre un terme à sa souffrance avant tout.  Celle-ci est devenue intolérable et la mort apparaît comme préférable à la souffrance.  Le suicide n'est donc ni un acte de courage ni un acte de lâcheté de sa part.  Cette personne était convaincue qu'elle n'avait pas d'autre choix.  Qu'il n'y avait pas d'autre issue à sa douleur morale ou physique.

 

Pour plusieurs, le suicide est un geste qui nous met directement en contact avec notre propre souffrance intérieure.  Nous devenons alors plus conscient de l'existence de certains problèmes non résolus et de leur impact sur nous.  Nous ne deviendrons pas nous-mêmes suicidaires pour autant, mais nous pouvons utiliser ce moment pour trouver des réponses satisfaisantes à ces difficultés.  En développant notre propre répertoire de réponses possibles à ces problèmes, nous agissons de façon à prévenir l'apparition de pensées/gestes suicidaires.

 

Le processus de deuil suite au suicide d'un(e) proche est souvent facilité s'il devient une occasion de mise au point sur notre propre vie, de réexamen de nos valeurs et de redéfinition de nos priorités personnelles.

 

Toutes les réactions déjà examinées sont naturelles et normales suite à un suicide.  Avec le temps, l'intensité de ces réactions diminuera et un nouvel équilibre s'installera.  Quelques semaines ou quelques mois seront nécessaires à cette adaptation.  Je dirais même que pour la perte d'un enfant...  le processus peut s'échelonner durant au moins deux ans.  Tout dépend de l'impact sur vous.  Si votre détresse persiste, n'hésitez pas à aller chercher de l'aide professionnelle.

 

CONSEILS

 

Parlez de ce que vous pensez et ressentez avec vos proches.  Partagez votre peine, votre détresse, votre colère, bref toutes les émotions que vous vivez!

éventuellement à pastoralefamiliale@free.fr

Rappelez-vous aussi tous les bons moments passés avec cette personne, sans l'idéaliser.