Les membres du Parlement Européen ont adopté le rapport Van Lancker visant à reconnaître l’avortement comme un droit, jusque et y compris dans les pays candidats à l’adhésion. Le rapport a été adopté par 280 voix pour et 240 contre, avec 28 abstentions. Le PPE, groupe politique majoritaire, et l’Union pour une Europe des nations (UEN) ont voté contre. Élus socialistes et Verts ont applaudi longuement le résultat.

Ce rapport relevait d’un curieux procédé. Tout d’abord, le mépris du principe de subsidiarité. Il s’agit bien, en effet, d’ingérence de l’Union européenne, non seulement dans les États membres, mais aussi dans les pays candidats, en voulant leur faire obligation d’intégrer

 

des dispositions contraires à leur éthique, comme condition de leur adhésion à l’Union.

Ensuite, la mention de « droits sexuels et génésiques ». Ce terme n’est présent ni dans les traités ou conventions européens, ni dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Il est étonnant, d’ailleurs, que le droit à la reproduction consiste en un catalogue de procédés empêchant précisément la reproduction.

Enfin, il est irresponsable de dispenser à de très jeunes enfants une pédagogie à la sexualité, sans discernement. Les choix éducatifs, dans ce domaine, relève de la responsabilité des parents et du cercle familial. En outre, on ne peut réduire l’éducation sexuelle à la contraception, ni considérer l’avortement comme une méthode de planification familiale. L’avortement serait-il la seule réponse à la détresse d’une femme enceinte ?

Au contraire, l’éducation sexuelle est un apprentissage à la liberté et à la responsabilité ainsi qu’au respect de son corps et à celui de l’autre.

Le respect de la dignité humaine et l’attention aux femmes en difficulté nous auraient conduit à des mesures plus responsables et plus respectueuse de la vie. Hélas ! il n’en a rien été.



Les votes par appel nominaux du Parlement Européen sont accessibles sur : www.euro-fam.org


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CITE DU VATICAN, Mercredi 3 juillet 2002 (ZENIT.org) - Le Secrétariat de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) regrette l’adoption, le 3 juillet 2002, par le Parlement européen à Strasbourg, du rapport de Anne Van Lancker, MPE, sur la santé et les droits sexuels et génésiques (A5-0223/2002) par 280 voix pour, 240 contre et 28 abstentions. Un domaine qui est de la compétence exclusive des Etats membres.

Le Secrétariat de la COMECE a suivi avec beaucoup d’intérêt et d’inquiétudes la rédaction de ce rapport et la discussion qui l’a entouré, indique un communiqué de la COMECE publié ce 3 juillet dont voici le texte, analysant le rapport:

Avortement volontaire et pilule "du lendemain"
"Le rapport soulève plusieurs questions sérieuses. Nous trouvons, par conséquent, tout à fait regrettable que ces questions soient obscurcies par un certain nombre d’affirmations polémiques basées sur les conclusions discutables d’une recherche inadéquate, ce que le rapport lui-même admet. Nous regrettons particulièrement que le rapport lance un appel pour légaliser l’avortement et pour rendre plus accessible la pilule du lendemain dans tous les Etats membres et les pays candidats. Nous regrettons aussi la contradiction entre d’une part les assurances du rapport en matière de respect pour la subsidiarité et une approche inclusive à la santé sexuelle et d’autre part son adhésion à une approche réductive pour la délivrance des services en matière de droits sexuels et génésiques dans les Etats membres et les pays candidats.

Pour une approche holistique de la santé
"L’Eglise Catholique considère que la santé de toutes les femmes, hommes et enfants, à chaque étape de leur vie, est de la plus grande importance. Elle préconise une approche holistique basée sur la combinaison de soins médicaux, d’éducation et de responsabilité personnelle et soutient cela via des hôpitaux, des écoles, des centres communautaires ou d’autres projets. En ce qui concerne l’avortement, l’Eglise catholique enseigne que la vie humaine commence à partir du moment de la conception : elle est donc opposée à l’avortement étant donné qu’il renie le droit à la vie de l’être humain non encore né. Cela n’enlève pas le soutien de l’Eglise pour le droit humain fondamental des femmes de vivre dans la dignité et la sécurité.

La compétence exclusive des Etats membres
"L’Union européenne n’a pas de pouvoirs ou de responsabilités vis-à-vis de l’avortement ou de toutes questions liées à la délivrance de soins en matière de santé sexuelle et génésique. Ces questions restent dans la compétence exclusive des Etats membres, comme l’a confirmé David Byrne, Commissaire européen responsable de la santé et de la protection des consommateurs, durant le débat sur ce rapport au Parlement le 2 juillet. Alors que ce principe est reconnu dans le premier paragraphe, il est contredit dans le reste du rapport. Il est regrettable et inapproprié que le Parlement cherche à influencer les politiques non seulement des Etats membres mais aussi des pays candidats à l’adhésion dans un domaine pour lequel il n’a aucune responsabilité.

Soupçons
"Ce rapport ne changera pas la législation ou les politiques de l’Union européenne, de ses Etats membres ou des pays candidats à l’adhésion. Cependant, nous craignons que ce rapport envoie deux messages qui peuvent uniquement servir à discréditer le Parlement. Soit il donnera l’impression que le Parlement désire imposer aux Etats membres et aux pays candidats à l’adhésion des politiques pour lesquelles ils ont un droit exclusif démocratique de décision. Soit il va renforcer les soupçons selon lesquels le Parlement n’a rien de plus urgent à faire que de produire des rapports sur des questions pour lesquelles il n’a aucune compétence. Nous espérons que ces messages ne sont pas corrects, mais l’adoption de ce rapport n’encourage pas la confiance des citoyens dans le processus démocratique de décision de l’Union européenne.

Caractère idéologique
"Ce sont des questions éthiques complexes et sensibles qui méritent d’être traitées sérieusement et avec respect au niveau approprié. Etant donné que ce rapport a été rédigé sur base d’une initiative propre de la Commission des droits de la femme et de l’égalité des chances du Parlement européen sans référence ni à une proposition législative spécifique ni à une application pratique des soins de santé en matière des droits sexuels et génésiques dans un contexte local, ses conclusions sont inévitablement à caractère idéologique. Cependant, nous aimerions souligner qu’un langage et un comportement abusif et offensif, qui ont été utilisés à l’égard des deux parties dans ce débat, servent uniquement à ébranler la cause de ceux qui l’utilisent. Nous croyons particulièrement que ceux qui affirment se battre pour le droit à la vie devraient traiter leurs semblables avec respect".
COMECE Secrétariat
ZF02070305