Couverture Il Est Vivant Hors série juillet/août 1999

 

source:  www.emmanuel-info.com/il_est_vivant

 

1 Cohabiter ou se marier ?
2 Une aventure à deux…

3 Le mariage m’a appris la liberté !

4 Nous nous sommes pardonnés

5 Sept remèdes anti routine !!!

6 La Boîte à idées !

7 Pas de sujets tabous pour l’Église

8 L’hymne à l’Amour

9 La Miséricorde du Père

 

 

 

1

Cohabiter ou se marier ?
par Myriam Terlinden


C’est un fait, confirmé par les statistiques : les cohabitations sont plus fragiles que les mariages, et ceux qui se marient après avoir cohabité divorcent deux fois plus que ceux qui n’ont pas cohabité.

Les jeunes qui se préparent au mariage ont tous au moins une peur : le divorce. Un couple sur trois en province, un sur deux à Paris se séparent au bout de cinq années de mariage en moyenne. Le mariage semble alors soumis à l’épreuve du jeu : une chance sur deux ! Vivre en couple au vingt-et-unième siècle, une sacrée aventure ?

Sans compter des tas de questions sur l’avenir : est-ce que nous aurons du travail ? comment son caractère va-t-il évoluer ? est-ce qu’il ou elle m’aimera toujours autant dans dix ans ? et s’il me laisse tomber ? autant de questions, de peurs, d’angoisses qui empêchent souvent l’engagement dans le mariage, voire même dans la vie de couple. Alors beaucoup préfèrent cohabiter pour ne pas prendre le risque de se tromper.

Pourtant le mariage, d’après les statistiques, donne un cadre en général plus solide, plus adéquat à l’amour, et plus propice à son développement à condition, bien entendu, de prendre le temps de préparer cette vie commune. Choisir la cohabitation, c’est choisir un amour fragile qui a peu de chances de durer.

On connaît tous la courbe de vie et de mort d’un produit. On pense que l’amour suit la même courbe. Or, c’est tout le contraire. L’homme et la femme sont les acteurs de l’amour, et la croissance de leur amour est entre leurs mains. L’amour a une contrainte : s’il ne s’épanouit, il s’attiédit. Vivre heureux en couple, non seulement c’est possible, mais c’est normal… Alors pourquoi tant d’échecs amoureux ?

En analysant les points de fragilité de la cohabitation, nous avons essayé de dégager quelques questions de simple bon sens à se poser avant de se livrer à l’amour.

L.J.


Est-ce que nous avons choisi de vivre ensemble ?

« Et si on se mettait ensemble, on verra bien ! » Ne se retrouve-t-on pas parfois ensemble par hasard ? On commence alors une vie commune non pas parce qu’on a décidé de le faire, mais parce qu’on n’a pas décidé de ne pas le faire. Plusieurs études montrent que la plupart de ces couples s’établissent progressivement dans un logement qui devient commun : le processus commence en passant épisodiquement une nuit ensemble, puis l’un amène de plus en plus d’effets personnels chez l’autre pour finalement, ne plus repartir. Le fait d’être amoureux est à l’origine de la relation, qui évolue suivant les sentiments. S’ils durent, tant mieux. S’ils meurent, tant pis. La mise en ménage, alors, n’est pas précédée d’une réflexion sur le pourquoi, le sens, le long terme ; et beaucoup se réveillent, un matin, en disant : « Je me suis trompé(e), ce n’est pas elle (lui) qui me convient . »

Il est préférable de bien choisir l’homme ou la femme de sa vie !

Ne vaut-il pas mieux choisir son conjoint ? Ça paraît évident ! Et pourtant nombreux sont ceux qui se lancent dans la vie de couple uniquement conduits par la passion. Or il y a une différence fondamentale entre « être amoureux » et aimer.

Le sentiment amoureux éveille en moi cet attrait, mais peut me tromper. Je dois prendre un temps suffisant pour connaître l’autre. Si je n’ai pas choisi de tomber amoureux, je peux décider de ce que je vais faire de ce sentiment. Est-ce que je vais, réellement, pouvoir construire une histoire d’amour durable, épanouissante, avec ce garçon ou cette fille dont je suis amoureux ? Sommes-nous en accord sur les aspirations profondes qui nous habitent ? Ce temps où nous allons réfléchir, mûrir, discerner est essentiel pour ne pas se tromper. Mais c’est un temps difficile, car il demande de maîtriser son désir.

Généralement, les couples heureux ont pris ce temps de réflexion, pour s’assurer de leur choix.

Quel est notre projet de couple ?

Les cohabitations commencent de plus en plus tôt, à un âge où les jeunes n’ont pas encore vraiment décidé ce qu’ils voulaient faire de leur vie. À un moment donné, ils se rendent compte que leurs aspirations sont trop différentes pour être compatibles. Exemple typique : les étudiants, qui, amoureux fous, se mettent en ménage durant le temps de leurs études. À la remise des diplômes, problème : l’un veut se spécialiser à l’étranger, alors que l’autre ne veut pas quitter un job qu’il a eu du mal à trouver sur place. Que faire ? L’un veut des enfants tout de suite, l’autre pas. Que faire ? L’un veut se marier, l’autre pas. Que faire ? etc. Le plus souvent, ces divergences sur des questions essentielles de la vie provoquent la rupture, inattendue et douloureuse.

Mieux vaut réfléchir avant sur ce que nous voulons vivre ensemble !

Le projet de couple est « l’orientation générale » que les conjoints vont donner à leur vie de couple : à deux, ils vont construire une histoire commune, fruit de leurs projets et de leurs rêves. Pour cela, il est indispensable que chacun ait d’abord un projet personnel : que vais-je faire de ma vie ? Quelles sont mes aspirations profondes ? Qu’est-ce qui est essentiel, prioritaire pour moi ? La famille, le travail, les enfants, mon hobby, mes amis ? Nos priorités sont-elles compatibles ? Non seulement maintenant, mais aussi à long terme ? Bien entendu, il n’est pas nécessaire et même possible de « tout » prévoir. La vie est suffisamment riche en imprévus et rebondissements pour mettre à mal les meilleurs projets. Mais que de drames évités si les amoureux prenaient le temps de vérifier que leurs grandes aspirations sont compatibles.

Sommes-nous prêts à nous engager totalement l’un vis-à-vis de l’autre ?

Quand on vit en couple, un jour ou l’autre, on rencontre la « différence » : l’autre est différent de ce que j’avais imaginé, rêvé… Ce peut être une bonne surprise, mais aussi une difficulté ! À ce moment-là, il faut décider de passer outre. Mais voilà : la plupart du temps, les cohabitants se réservent (plus ou moins consciemment) une porte de sortie : on reste ensemble tant que le couple est satisfaisant ; on se quitte si ça devient trop difficile. Ils risquent de se sentir inhibés chaque fois que, pour une raison ou une autre, ils ont envie de se mettre en colère, parce qu’à chaque dispute, la relation tout entière peut voler en éclats.

L’aimer… c’est lui donner notre vie

L’amour a besoin de la force de l’engagement, qui est volonté explicite et formelle de passer au-dessus des obstacles que tout couple rencontre tôt ou tard sur son parcours.

Il y a des gens qui s’engagent sans se marier. Il y a des gens qui se marient sans s’engager. Cependant, dans nos sociétés, on constate, statistiquement, que c’est le mariage qui est la concrétisation de l’engagement : il est bien plus solide que la cohabitation. Pourquoi ? Parce qu’il permet aux couples de résoudre leurs difficultés en ayant l’assurance que l’affrontement et les conflits ne remettent pas en cause leur projet initial ni leur amour. Au contraire, beaucoup de cohabitants reconnaissent qu’ils laissent les problèmes aller beaucoup trop loin : en effet, en cas de conflit grave, qui dit que le couple résistera à la tempête, puisqu’ils ne sont pas engagés mutuellement pour toujours ?

« Entre la recherche désespérée et vaine d’une passion immortelle et les petits aménagements des couples résignés, il y a une voie immense, celle de l’amour. »

Alex Lefèbvre

Pouvons-nous nous parler sans avoir peur de voir l’autre partir ?

L’amour ne peut s’approfondir que par le dialogue qui nécessitera parfois de sérieuses remises en question des amoureux. Est-il possible, s’il remet en question, en même temps, la survie du couple ? Peut-être, pour celui qui a déjà « l’idée » de partir. Impossible pour celui qui redoute la rupture. Celui qui aime le plus, celui qui souhaite la durée, est inhibé. Il « s’écrase » de peur de décevoir l’autre. Et le fossé d’incompréhension entre les deux partenaires grandit lentement mais sûrement.

C’est spécialement vrai en matière de sexualité : de nombreux films, de nombreux articles de revues « grand public » laissent croire que le couple vit à partir de la sexualité. Si ça va physiquement, tout va. Et cette entente physique devrait être « automatique », sinon c’est que le couple n’est pas fait pour s’entendre. Or, cette idéologie nie un point essentiel de la psychologie humaine : si la satisfaction sexuelle est presque innée chez l’homme, elle est le résultat d’un apprentissage chez la femme, et, de plus, est fortement conditionnée par le climat d’amour réel dans lequel se déroule la relation physique. L’entente physique des couples se construit par un dialogue vrai. Or, comme beaucoup ne le savent pas, ils se taisent sur cette question, de peur de paraître « coincés » ou ringards. Et ils n’évoluent pas…

Pour s’aimer, il est nécessaire de pouvoir parler librement

Or, la communication est essentielle, indispensable : elle permet de se réajuster en permanence, de faire le point, de désamorcer les conflits. Mais elle n’est pas toujours facile : de nombreux couples souffrent d’une incapacité à exprimer « avec des mots », ce qu’ils ressentent. Une des difficultés de la communication réside dans le fait que les hommes et les femmes ne communiquent pas de la même façon : la femme parle plus, elle aime exprimer ses sentiments et ce qu’elle vit intérieurement. L’homme est plus secret. Il peut parler sans difficulté de son travail, de ses hobbies, de politique. Mais il parlera peu de ce qu’il « est ». Or, c’est justement ce qui intéresse sa femme ! L’homme doit donc apprendre à communiquer sa vie intérieure, la femme doit apprendre à percevoir l’amour de son conjoint dans ses gestes et ses actes. Et les deux doivent apprendre à parler en vérité, en regardant la réalité bien en face, pour permettre de résoudre les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent.

Et apprendre à exprimer leur bonheur, aussi ! Quelle joie en effet d’entendre l’autre dire qu’il est heureux grâce à son conjoint...

Avons-nous confiance l’un dans l’autre ?

On croit souvent que « l’expérience forme la jeunesse » et que les expériences amoureuses précoces vont aider les jeunes à mieux choisir leur conjoint. Et pourtant, c’est l’inverse qui se produit. Pour quelle raison ? Parce que les échecs amoureux successifs tuent la confiance.

Petite histoire « classique » de notre époque

Julie aime Jules. Trop jeunes pour se marier, ils vivent ensemble. « On verra plus tard. » Le temps passe, et voilà que Jules se rend compte que Julie n’est pas la femme de sa vie : il a rencontré Martine, une femme extraordinaire… Il quitte Julie. N’avaient-ils pas décidé qu’ils « gardaient leur liberté » ?
Pourtant, Julie souffre toujours : même si la relation lui pesait, à elle aussi, ça fait toujours mal d’être « plaquée » : « Il m’aimait, il ne m’aime plus. Pourquoi ? Suis-je encore aimable ? » Questions douloureuses…
Jules, lui, se culpabilise : il lui avait dit qu’il l’aimait, et il était sincère en le disant. Maintenant, il la fait souffrir… Est-il un monstre ?
Il doute aussi : Est-il capable d’aimer vraiment ? L’amour existe-t-il vraiment ou est-ce une illusion ?
La vie continue. Jules a de nombreux amis. Martine regarde les autres femmes d’un œil soupçonneux : elle-même n’a-t-elle pas rencontré Jules alors qu’il était en couple avec Julie ? Qui peut dire qu’il ne va pas se lasser d’elle et tomber amoureux d’une de ses nombreuses « amies » ? De son côté, Jules n’aime pas quand les hommes approchent trop de Martine. Comment savoir qu’elle ne va pas partir avec l’un deux, puisque lui-même n’a pas hésité à laisser tomber Julie ?
Julie, elle, se méfie. L’amour, ça fait mal, quand ça finit. Alors, autant vivre sans trop s’investir…
Ce récit, une caricature ? Sans doute… mais tant de jeunes s’y retrouvent, ayant perdu confiance en l’amour parce que trop « blessés » par les échecs successifs… Et n’osent plus s’engager car ils n’y croient plus !

L’amour a besoin de la confiance

La confiance est presque la raison d’être de tout ce qui précède : n’est-ce pas folie que de tenter l’aventure alors qu’il restera toujours une part d’imprévu et de mystère dans la personnalité de son conjoint ?
N’est-ce pas folie que d’investir dans la durée quand nul ne peut prévoir ce que réserve l’avenir ?
Folie, oui. Mais ici intervient la confiance : les relations humaines ne sont pas seulement affaire de connaissance ou de raison, mais aussi acte de foi.
On rencontre de plus en plus de jeunes et moins jeunes, profondément marqués par un échec amoureux (notre société est à l’heure du papillonnage amoureux) qui n’osent plus y croire et n’osent plus investir dans une histoire d’amour.
La confiance, ingrédient essentiel de l’amour est tellement fragile !

Avons-nous opté pour un amour qui dure ?

La tromperie est l’une des plus grandes blessures de l’amour. L’amour est exclusif, la passion non ! Voilà l’une des raisons pour lesquelles nous ne pouvons fonder notre avenir sur la passion ou le sentiment amoureux. Qui dit qu’en voyant une jeune fille, plus jeune, plus fraîche, je ne vais pas tomber amoureux et choisir la passion naissante ? En ai-je le droit ? N’est-ce pas trahir les paroles que j’ai prononcées un jour : je t’aimerai toujours ?

Or la cohabitation laisse cette possibilité ouverte de flirter avec une autre fille, ou un autre garçon. Beaucoup témoignent de la peur de perdre l’autre. On sait bien qu’il est nécessaire de prendre une décision claire et ferme pour ne pas tromper l’autre, décision prise par amour de l’autre.

L’amour entre un homme et une femme est exclusif

Dans tous les sondages, on retrouve l’idée que la fidélité aide le couple à vivre heureux. Elle est nécessaire, car elle affirme à chaque conjoint qu’il est unique, irremplaçable. Bien sûr, elle n’est valorisante que si elle est librement choisie : si un mari ne trompe pas sa femme simplement parce qu’il n’en a pas eu l’occasion, ce n’est pas forcément une preuve d’amour ! Mais s’il choisit de refuser les occasions qui vont éventuellement se présenter, la fidélité devient une manière de lui redire qu’elle est et reste « l’unique ».

La fidélité, ce n’est pas seulement la fidélité « physique ». C’est avant tout rester solidaire de l’autre, s’entraider à progresser ensemble, réaliser le projet commun initial (qui peut évoluer et s’adapter). C’est en fait protéger la relation privilégiée avec celui ou celle dont on veut partager le destin.

 

 

 

2

Témoignage
Une aventure à deux…


Philippe : La vie à deux est un long chemin auquel on n'est pas préparé. En regardant toutes ces années vécues ensemble, nous prenons conscience que nous avons franchi plusieurs étapes successives. La première est celle de l’apprivoisement. On se rencontre, on apprend à se connaître. Petit à petit, il faut s’adapter à quelqu’un qui a une autre façon de vivre, un autre caractère, une autre manière de penser. Il faut renoncer à certains domaines réservés tout en gardant sa propre identité.

Élisabeth : Et cette étape d’apprivoisement traverse toute la vie ! Car personne n’est figé. Dans un couple, on a sans cesse à regarder l’autre, à être attentif à son évolution. Une des premières exigences de l’amour, c’est en effet de ne pas chercher à changer l’autre à tout prix mais de le respecter tel qu’il est et de respecter aussi son évolution, même si elle est différente de ce qu’on souhaitait ou imaginait…

Philippe : La deuxième étape, c’est l’arrivée des enfants. Chez nous, ils sont venus assez rapidement, ce qui ne nous a pas laissé le temps de nous replier sur notre amour ! Les enfants poussent à sortir de soi et à être disponible à toute heure du jour et de la nuit. Cette étape n’est pas évidente ! Il y a des moments où on en a assez, où on aimerait bien être tranquille. Cette disponibilité nous oblige (surtout, nous, les hommes) à s’ouvrir aux autres, à être à l’écoute, à donner de son temps, de sa réflexion. La vie de famille a été pour moi une vraie richesse. Petit à petit, elle m’a fortifié et m’a fait grandir dans l’amour.
L’étape suivante, c’est l’adolescence. C’est un temps de conflit avec certains des enfants. Cette phase oblige à se remettre en question. Pour l’éducation, on se forme sur le tas, souvent après avoir essuyé un échec…

Élisabeth : La famille est une véritable école de vie ! À chaque étape, on est invité à réfléchir sur notre comportement et à penser à l’autre, à rechercher ce qui est bon pour lui.
Ensuite, survient le départ des enfants. La femme, comblée par la maternité, peut, dans les premières années du mariage, se laisser absorber par les enfants. Elle risque d’oublier de construire sa vie de couple. Or, on ne forme pas son couple le jour où on se retrouve à deux ! Ce nouveau virage se prépare peu à peu, année après année.

Philippe : Maintenant, nous passons un autre cap, celui de grand-parents ! Nous avons auprès de nos petits-enfants et de nos enfants un rôle de conseil. Nous sommes là pour accueillir et écouter. J’ai un contact extraordinaire avec certains de mes petits-enfants. Je découvre que je n’ai pas toujours été un très bon père ! Avec le temps, on acquiert de la patience, une certaine distance par rapport aux événements… Ce nouveau rôle d’éducateurs nous donne une grande joie pour aborder la vieillesse.
Élisabeth: En conclusion, j’ai envie de dire que le couple est un mystère qu’on n’a jamais fini d’approfondir. La vie à deux, c’est fragile.
Il faut en prendre soin et être conscient de la beauté et de la grandeur de l’amour. Prendre le temps de l’entretenir comme un jardin. Il n’est pas acquis le jour du mariage. Jusqu’à la fin, on approfondit ce mystère, et c’est passionnant !

(Élisabeth et Philippe sont mariés depuis 37 ans).

 

3

Témoignage
Le mariage m’a appris la liberté !


François et Isabelle ont à peine un an de mariage. Ils se sont rencontrés et déclaré leur amour à 18 ans. Avant de franchir le cap de l’engagement, François a dû apprendre le vrai sens du mot liberté…

François : Pendant nos fiançailles (longues), je me suis posé beaucoup de questions : j’avais un mal fou à m’engager et à me dire : « Tu aimes Isabelle, tu t’es fiancé avec elle, maintenant, il faudrait passer à l’étape suivante. » Je n’arrivais pas à poser ce choix. Car pour moi, être libre, c’était pouvoir dire oui ou non à quelque chose à tout instant ; pouvoir choisir à tout moment toutes les portes de sortie ; pouvoir me réserver toutes les possibilités.

Je tournais donc en rond. Et pendant un long moment, nos relations se sont vraiment détériorées. Il y avait un décalage entre nous : Isabelle avait franchi le cap de la décision et pas moi.
J’étais dans la situation de l’âne de Buridan. Voilà l’histoire : « Au soir d’une longue journée de marche, un maître propose à son âne un seau d’avoine et un seau d’eau et les dispose à égale distance de l’âne. Ce dernier qui a aussi soif que faim ne sait pas lequel choisir : seau d’eau ? Seau d’avoine ? Il hésite tant et tant qu’il finit par en mourir… » Cette histoire que j’ai entendue racontée au cours d’une conférence sur la liberté m’a beaucoup éclairé. J’ai compris que j’étais moi aussi dans une situation de non choix et que je commençais à en mourir intérieurement…

La première année…

Une conférence m’a révélé le vrai sens du mot liberté. Être libre, c’est choisir une voie, m’y engager et y être fidèle : ainsi, on peut parvenir au bonheur. J’ai donc enfin pu faire le pas : choisir le mariage. Et ce choix m’a complètement libéré de mes peurs. Toutes mes questions ont volé en éclats. J’ai pu dire à Isabelle : « Si tu es d’accord, on se marie cet été . » (C’était six mois avant !).

Isabelle : Pour moi, les choses ont été beaucoup plus simples. Je savais que c’était dans le mariage que je serais heureuse. De plus, j’aimais François. Je n’avais donc pas à me poser des questions métaphysiques !
L’année qui s’est écoulée depuis notre mariage ne nous a pas révélé de décalage important entre notre projet initial et ce que nous vivons au quotidien. Du fait de nos fiançailles longues, et des difficultés que nous avons traversées ensemble, nous avons appris à bien nous connaître.

La vie jaillissait sous nos yeux…

François : Nous savions l’un et l’autre en nous mariant que notre conjoint n’était pas un être parfait ! Mais nous sommes très heureux aujourd’hui d’avoir fait ce choix.
Mon bonheur, dans la vie de tous les jours, c’est de rentrer le soir à la maison et de savoir que je vais retrouver Isabelle et notre tout petit garçon.
Mon bonheur, c’est aussi d’entreprendre des choses pour ma famille (bricolage et autres).

Isabelle : Ce bonheur au quotidien en famille est premier. Il nous permet ensuite de nous donner ensemble à l’extérieur dans divers engagements.

François : Notre bonheur de couple au quotidien, c’est aussi le fait de se pardonner. Quand on se pardonne, c’est qu’on s’est blessé. Quand on se pardonne, on se réconcilie, c’est la joie de retrouver l’autre tel qu’il est, y compris dans sa pauvreté, et ça, c’est une joie !
Lorsque nous nous sommes connus, nous avions pris trois engagements : communiquer ; vivre la chasteté ; et nous pardonner. Sur ce dernier engagement, nous nous étions précisé : « Quand on se pardonne, on se dit simplement : “Je te demande pardon pour telle chose” . L’autre répond: “Je te pardonne”, sans ajouter : “Oh ! ce n’est pas grave, je t’avais déjà pardonné, etc. » Il est essentiel, dans le pardon, d’accueillir la démarche de l’autre. Ainsi, on peut goûter ensemble la joie de s’être pardonnés.

Isabelle : Une autre joie de couple au quotidien : se dire oui l’un à l’autre concrètement chaque matin. Ce petit acte tout simple permet de se tourner vers l’autre, de le mettre au centre de notre journée.

François : Parfois, on réveille l’autre en lui disant « oui » ! Et si l’autre nous dit oui, dès le premier instant de la journée, comment se lever de mauvaise humeur ?
Je découvre peu à peu à quelle liberté extraordinaire introduit le fait de s’engager pour la vie envers quelqu’un et de ne pas avoir à se poser chaque matin la question : est-ce que oui ou non je reste avec Isabelle ?

Isabelle : Il faut être extrêmement libre pour dire à quelqu’un : je te donne ma vie pour toujours !

François : Donner sa vie à l’autre, c’est l’acte suprême de la liberté !
Comment ne pas évoquer encore nos deux plus grandes joies de l’année écoulée ? Apprendre qu’Isabelle était enceinte, puis, huit mois après, la naissance de notre enfant : la vie jaillissait sous nos yeux…

Prière de Sarah et de Tobie

Ils se mirent à prier pour obtenir d’être protégés, et il commença ainsi:

Tu es béni,
Dieu de nos pères,
Et ton Nom est béni
Dans tous les siècles
des siècles!

Que te bénissent les cieux,
Et toutes tes créatures
Dans tous les siècles!

C’est toi qui as créé Adam,
C’est toi qui as créé Ève sa femme,
Pour être son secours et son appui,
Et la race humaine est née de ces deux-là.

C’est toi qui as dit:
Il ne faut pas que l’homme reste seul,
Faisons-lui une aide semblable à lui.

Et maintenant, ce n’est pas le plaisir
Que je cherche en prenant ma sœur,
Mais je le fais d’un cœur sincère.
Daigne avoir pitié d’elle et de moi
Et nous mener ensemble à la vieillesse!

(Du livre de Tobie, chap. 8, vers. 5 à 7 / Bible de Jérusalem)

4

Témoignage
Nous nous sommes pardonnés…


André : Rapidement après notre mariage, nous avons eu une vie de couple très difficile : chacun voulait changer l’autre, tout nous divisait, tout nous déchirait.

Cécile : Après douze années de conflits quotidiens, nous nous sommes séparés. Nous allions divorcer. J’étais au fond du trou. Je ne sais pas pourquoi, j’allais pleurer dans les églises. Je retournais aussi de temps en temps le dimanche à la messe et c’est ainsi que j’ai rencontré un groupe de jeunes. Leurs visages rayonnaient : visiblement, ils vivaient ce qu’ils disaient. Ils m’ont invitée à participer à leur groupe de prière.
Très vite j’ai été fidèle à la réunion du groupe une fois par semaine, et au bout de quelques temps, j’ai fait une rencontre personnelle avec le Christ, vivant, m’aimant comme j’étais. Cette rencontre a changé ma vie !

André : J’ai remarqué ce changement quand je venais chercher les enfants. Cécile était plus souriante, plus agréable, et surtout, elle m’accueillait comme j’étais. Ce changement m’a profondément étonné. J’ai repris confiance. Le dialogue a recommencé entre nous et nous avons repris la vie commune avec les enfants.

Cécile : Cela n’a pas été facile. Dans mon groupe, on m’avait conseillé de cesser de vouloir changer André et de chercher plutôt ce qui devait être changé en moi. Ce que j’ai essayé de faire de mon mieux.

André : Un jour, Cécile m’a proposé un cycle de trois week-ends pour couples. J’ai fini par accepter, me disant que cela ne pouvait que nous faire du bien. J’avais en effet toujours en moi ce désir de réussir notre couple et notre famille.

Cécile : André, qui se disait athée, y est allé avec sa raquette de tennis. Il pensait : « Si je m’ennuie, je pourrai toujours aller faire une partie de tennis ! »

André : Ces week-ends n’ont pas été faciles pour nous. Nous étions tellement loin de tout ce qui était dit ! À la fin du cycle pourtant, certaines petites choses allaient mieux entre nous…

Cécile : Peu de temps après, nous avons été invités à une session d’été à Paray-le-Monial.

André : J’ai fini par accepter l’invitation, voyant les progrès dans notre vie de couple, même s’il y avait encore des difficultés entre nous.
Arrivé à Paray, j’ai résisté à une forte tentation de repartir. Mais de formation scientifique, j’ai opté pour l’expérience. Dans cette perspective, j’ai suivi tout le programme. Je suis même allé rencontrer un prêtre pour me confesser. Cette démarche faite avec toute ma bonne volonté, n’était pas évidente. Je ne m’étais pas confessé depuis vingt ans et il me semblait ne plus avoir la foi. Le lendemain j’ai communié et mon cœur a commencé à changer. Le soir, dans le silence de l’adoration, j’ai prié pour la première fois de ma vie : « Seigneur, change mon cœur de pierre en cœur de chair. »
J’avais jusqu’alors suivi la session tout seul. Je n’aurais pas supporté que Cécile soit à mes côtés. Or à la dernière messe, nous nous sommes retrouvés au milieu de 5 000 personnes ! Au moment de la communion, j’ai fondu en larmes : Jésus était là, présent et plein d’amour. Rencontre extraordinaire, bouleversante et qui continue de transformer ma vie.
Nous avions désormais un point commun Cécile et moi : Dieu était présent dans notre vie.
Bien sûr, tous nos problèmes n’ont pas été résolus du jour au lendemain. Mais au fil des semaines, des mois et des années, Dieu a guéri les multiples blessures que nous nous étions faites l’un à l’autre.

Cécile : Nous avons découvert la puissance de notre sacrement de mariage et la fidélité de Dieu. Depuis, petit à petit, nous allons de guérison en guérison. Nous restons toujours aussi différents l’un de l’autre, mais ces différences qui nous avaient conduits à l’échec, deviennent maintenant une richesse. Nous découvrons que nous sommes complémentaires. Quand il nous arrive de nous opposer, je prie : « Seigneur, tu t’es engagé avec nous par notre sacrement de mariage, viens nous aider à y voir plus clair, à trouver la bonne solution, la bonne attitude… »
Pour tout ce qui fait notre vie quotidienne, nous avons appris à puiser dans notre sacrement de mariage. Ainsi pour le pardon par exemple. Nous ne nous étions jamais demandé pardon. Nous ne savions même pas qu’on pouvait le faire ! Quand nous n’y parvenons pas, nous allons en puiser la force dans le sacrement de la réconciliation.

André : Dieu veut notre bonheur à tous deux. Il est Amour. Depuis le jour de notre mariage, il ne nous a jamais abandonnés. Aujourd’hui, nous voulons accueillir toujours plus sa paix et sa joie.

 

 

 

Claude et Annie : au bord de la séparation
Ils ont choisi la fidélité !


Claude et Annie se sont dit oui l’un à l’autre il y a 34 ans. Après de difficiles premières années de mariage, Annie tombe amoureuse d’un autre homme. Leur vie de couple est en péril. Mais leur histoire ne s’arrêtera pas là.

Annie : Lorsque nous nous sommes connus, pendant une semaine nous nous sommes vus tous les jours, au cours desquels nous avons échangé sur ce que nous voulions faire de notre vie. Claude était issu d’une famille très chrétienne. Moi, j’avais simplement « le vernis » (catéchisme, etc.). Nous partagions cependant le même idéal de vie. Au bout d’une semaine, nous nous sommes dit : « C’est sûrement lui, c’est sûrement elle. » Nous avions comme une certitude intérieure.

Claude : Au cours de mes études supérieures scientifiques, j’ai été formé à l’intelligence de la foi par un prêtre, professeur de psychologie et aumônier de plusieurs écoles d’ingénieurs. Il nous proposait des retraites et une solide catéchèse pour adultes. De plus, engagé dans le scoutisme, j’avais beaucoup réfléchi sur l’amour, l’engagement, etc. Et même si ce que l’Église proposait était exigeant, j’y adhérais intellectuellement.
Quand j’ai rencontré Annie, je pensais que ces choses allant de soi pour moi, il devait en être de même pour elle, ce qui n’était pas si évident…

Annie : Juste après notre rencontre, Claude est parti au service militaire. On ne s’est pas revu pendant plusieurs mois. On s’est écrit et… on a beaucoup idéalisé ! Quand nous nous sommes revus, c’était comme s’il n’existait plus rien entre nous. Je n’ai pas osé le lui dire. Nous avons continué à nous voir lors des permissions, mais nous étions de plus en plus en décalage l’un vis-à-vis de l’autre.
Pendant son service, Claude a vécu une expérience spirituelle forte. Il en a été complètement transformé. Là, j’ai encore plus « accusé le coup » ! Je ne comprenais plus du tout ses propos. J’attendais de grandes déclarations d’amour. Je voulais qu’il s’agenouille devant moi, qu’il me dise qu’il m’aimait. Mais rien. J’étais extrêmement déçue et même jalouse de ce Dieu dont il me parlait !

Claude : J’avais jusqu’alors dans le domaine de la foi des convictions intellectuelles et une certitude morale, mais je ne vivais pas encore une adhésion de cœur.
Pendant mon service, j’ai effectivement fait une première rencontre du Dieu vivant. L’expérience de son amour a commencé à changer mes perspectives. Ma foi est devenue moins intellectuelle.

Annie : C’est dans un tel contexte relationnel que nous nous sommes mariés. Une vraie folie ! Nous l’avons fait en nous fondant sur les huit premiers jours de notre rencontre. À la fin d’une retraite de préparation au mariage, chacun de nous a composé une prière. Moi, je ne sais pas pourquoi, j’ai demandé explicitement la fidélité !

Claude : Pour moi, une fois qu’on avait donné sa parole, on ne pouvait pas la reprendre. C’était quelque chose qui me paraissait solide. Comme nos relations, au début de notre mariage, n’étaient pas faciles, je m’appuyais sur cette certitude.

Annie : On n’était pas du tout sur la même longueur d’onde !
Très vite, nous avons eu trois enfants. Je me suis réfugiée dans la maternité. C’est tellement phénoménal ! J’étais comblée affectivement. Nous évitions soigneusement les moments en couple, car chaque fois que nous nous retrouvions face à face, cela se passait assez mal.
Puis, on s’est laissé prendre dans une sorte de tourbillon : préparation au mariage, chorale, animation liturgique, etc. Plus nous nous plongions dans l’action, moins nous avions l’occasion de penser et de regarder nos problèmes en face.

Claude : Pendant toute cette période, je ne vivais pas en vérité avec moi-même. Je sentais bien qu’on avait des difficultés. J’essayais de tenir tant bien que mal. Mais plus ça allait, plus ma vie dérivait vers une sorte de désespoir. J’étais mal dans ma peau et je ne voulais pas que cela se voit. J’étais assez conscient que cela me démolissait de plus en plus.

Une lumière dans notre nuit

Annie : Au bout de sept ou huit ans de mariage, nous avions autour de nous un groupe d’amis très sympa. Nous passions ensemble des soirées bien arrosées ! À l’époque, je chantais et Claude m’accompagnait à la guitare. Mais une nuit, je me suis aperçue que je chantais pour un autre. J’ai réalisé, stupéfaite : « Je suis amoureuse ! »
Jusque-là, je pensais que quand on aimait quelqu’un, c’était pour la vie ! Pourtant, mon cœur battait. J’étais complètement empêtrée dans mes sentiments. En même temps, je continuais à aimer Claude. Je l’avais choisi et ce choix était comme imprimé au fond de moi.

Claude : Quand j’ai compris ce qui se passait dans le cœur d’Annie, je n’ai pas pu l’admettre : sur le moment, c’était trop gros. J’étais comme anesthésié. Puis j’ai commencé à ruminer toutes ces choses en moi-même. Tout s’effondrait. Il n’y avait aucune issue possible. Je n’avais plus qu’une certitude : même si Annie partait, moi, je ne bougerais pas. J’ai alors renoncé au bonheur, à toute vie affective épanouie.

Annie : De mon côté, j’avais l’impression de jouer dans une mauvaise pièce de théâtre où la fille commence à avoir un amant et que tout part de travers. Je n’étais pas satisfaite du tout de cette situation. Heureusement, j’étais tombée amoureuse de quelqu’un de bien. Comme moi, il était marié et avait des enfants. De plus, il avait la chance d’être accompagné spirituellement. Il m’a dit : « On m’a conseillé de sublimer. » J’en étais pour ma part absolument incapable et je suis tombée en dépression très profondément. Je me suis retrouvée sous tranquillisants. Je pleurais tout le temps. Claude était désespéré. Je ne m’occupais même plus des enfants. J’étais sur mon lit toute la journée. On n’avait plus aucune espérance, ni l’un ni l’autre.

Claude : Cet enfer a duré une année. À cette époque, un jeune vicaire de notre paroisse a lu un article dans Paris Match intitulé : « Le Saint-Esprit est tombé dans Paris. » Il parlait du phénomène alors naissant en France du Renouveau charismatique catholique. Ce vicaire est allé voir. Il est revenu emballé et nous a dit : « J’ai rencontré des chrétiens qui ont vraiment la foi, qui sont joyeux, etc. » Comme il savait qu’on n’allait pas bien, il nous a suggéré avec insistance d’y aller à notre tour. Après bien des résistances, nous avons fait ce pas. Quand je suis arrivé dans la crypte où se réunissaient ces personnes pour prier, j’ai reconnu que Dieu était présent dans cette assemblée. Après cette première tentative, nous y sommes retournés toutes les semaines. Des choses changeaient dans notre vie, mais Annie était toujours en dépression.
Puis, à la Pentecôte, lors d’une nuit de prière dans notre paroisse, j’ai fait une nouvelle expérience forte de Dieu : la rencontre de Jésus sauveur. Dans le même temps, j’ai accepté profondément Annie dans sa maladie : j’avais retrouvé l’espérance !

Annie : À partir de ce jour-là, Claude me donnait tous les jours les paroles qu’il fallait pour tenir le coup et ainsi assumer ma journée. Enfin, il ne coulait plus avec moi et m’aidait même à remonter la pente !
Puis, on nous a proposé d’aller au premier rassemblement du Renouveau charismatique à Vézelay. Le deuxième jour, je me suis sentie poussée à crier vers Dieu : « Seigneur, si tu existes, sauve-moi ! Guéris-moi ! »
La dernière nuit, j’ai saisi que j’étais aimée profondément par Dieu. En même temps, j’ai eu la certitude que Claude et moi, nous étions faits pour être ensemble. C’était le même amour.

Il y a un moment où cela devient inimaginable de ne pas être ensemble !

Claude : À notre retour, nous avons décidé de déménager. Il était important que nous refassions notre vie ailleurs. On s’est installé à la campagne. Et notre vie de famille s’est reconstruite peu à peu. La reconstruction de notre couple a pris au moins autant de temps que celui que nous avions passé à nous détruire l’un l’autre ! Et nous avons eu deux autres enfants. Quand on est heureux, on a envie de donner la vie !

Annie : La guérison de notre couple s’est déroulée en plusieurs étapes. Nous avons eu un certain nombre de pardons à nous donner. Quand il y a eu une crise grave, on accumule de nombreuses blessures et ça finit par faire un énorme abcès. Le pardon ouvre l’abcès et permet à tout le négatif de ressortir. Là, la grâce de Dieu nous a énormément aidés.
De plus, il a fallu qu’on retrouve confiance l’un dans l’autre : Claude envers moi et aussi moi envers lui. Après cette période tourmentée de notre vie, je pensais en effet que je ne pouvais plus m’appuyer sur lui.
J’ai compris aussi que la fidélité que j’avais demandé dans ma prière lors de notre retraite de fiançailles, Dieu me l’avait vraiment donnée : c’était une grâce du sacrement de mariage !

Claude : Maintenant, au bout de 34 ans de mariage, nous commençons à réaliser le sens de la Parole de l’Écriture : « L’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. » (Gn 2,24).
Il y a un moment où cela devient inimaginable de ne pas être ensemble !

Annie : Aujourd’hui, c’est bien mieux qu’au début ! On commence à entrer dans le véritable amour, l’amour de don. Au début, on prend ce que l’autre nous donne et qui nous fait plaisir. On aurait tendance à vouloir oublier les défauts. Au bout de 30 ans, je peux dire que j’aime Claude même avec ses travers, avec ses pauvretés, ses limites, ses défauts, j’ai tout intégré. Maintenant, j’aime la personne. Au début, je disais : je te choisis tel que tu es, mais je ne réalisais pas du tout…

Dire stop à l’imagination !

Claude : Plus on rentre dans cet amour de don, plus on va vers un véritable bonheur. Ne sommes-nous pas faits pour l’Amour ?
L’amour conjugal est une image de l’amour de Dieu : à chaque fois que Dieu veut parler de son amour pour l’homme, il utilise des symboles nuptiaux. Plus on rentre dans la volonté de Dieu, plus on est heureux. Or, s’aimer selon le projet de Dieu, c’est-à-dire dans la fidélité, dans le don de soi à l’autre de plus en plus grand, c’est ce qui rend véritablement heureux. Les autres façons de faire conduisent assez vite à des impasses. C’est cette expérience qu’on fait petit à petit : plus on va dans le sens du plan d’amour de Dieu sur l’homme et la femme et plus on s’accomplit, en tant qu’homme, en tant que femme et en tant que couple. On va alors vers un vrai bonheur, exigeant, certes, mais magnifique.

Annie : Maintenant, quand je suis attirée par quelqu’un, je prends les moyens pratiques pour rester fidèle ! Ma politique est simple et efficace : « prendre la tangente » et décider de ne donner aucune prise à ce genre de sentiment. Ne pas laisser l’imagination s’emballer et inventer une romance.
Claude m’a dit un jour : je suis engagé vis-à-vis de toi, donc capable de me fermer à toute autre femme. Un jour pourtant, il est lui aussi tombé amoureux d’une autre. Il s’est arrangé pour ne plus rencontrer cette femme. Il a lutté. Il n’a pas du tout alimenté ce sentiment qu’il éprouvait.

Claude : J’ai pratiqué ce qu’on appelle la garde du cœur. C’est-à-dire que j’ai toujours fui les situations dangereuses, volontairement et consciemment. De manière excessive même, de telle sorte que sur mon lieu de travail, j’avais la réputation d’être misogyne !

Annie : Aujourd’hui, notre bonheur est de tenter de redonner ensemble de l’espérance à des couples en difficulté. Quand on est heureux, on n’a qu’une envie : retrousser ses manches et venir au secours des autres, avec l’aide de Dieu !

 

 

5

Sept remèdes anti routine


La soirée couple

Pourquoi ne pas prévoir une soirée tous les quinze jours, ou toutes les semaines pour se retrouver, gratuitement, ensemble. Seule consigne : une soirée pour s’aimer ! On peut sortir ensemble, rester à la maison pour se détendre… À chacun d’user d’imagination pour que ces soirées soient encore plus belles que vos premières rencontres.
Durant cette soirée, vous éviterez d’aborder ce qui fâche, les sujets de conflits, mais vous pourrez peut-être prévoir le moment où vous en parlerez. Ainsi, vous aurez le temps de vous préparer. Vous mettrez tout en œuvre pour fortifier votre amour et votre désir mutuel.
Veiller ainsi à conserver un jour ou un soir pour la vie du couple. Ne pas hésiter alors à tout lâcher pour la préserver.

Le voyage en amoureux

Enfants, amis, famille, société ont besoin de couples heureux. Il est important que le couple s’aménage, par exemple, au moins une semaine par an de retrouvailles, de voyage de noces.
Qui a oublié son voyage de noces ? Qui n’a pas aimé ces jours paradisiaques, yeux dans les yeux, sans aucun autre souci que de s’aimer ? Eh bien, pourquoi ne pas recommencer de temps en temps ? Rien de tel pour recharger les batteries de l’amour. Un petit voyage (pas forcément onéreux) à deux, tous les ans, … simplement pour être ensemble.

S’engager ensemble

Une autre manière d’alimenter sa vie de couple, c’est de s’engager auprès des autres, ensemble. Notre amour grandit dans le service des autres, caritatif, social, religieux ou politique. Quelle joie de faire des choses ensemble ou de soutenir l’autre dans ses engagements ! Un couple qui vit replié sur lui-même a moins de raisons d’être heureux.
Attention : le faire de manière équilibrée est capital. Car les souffrances dues à la surcharge d’activités ne sont pas si rares ! Le couple ne prend plus le temps, par générosité, de nourrir sa vie de couple.
« Vous voulez être mangés ? Soyez mangeables. » peut-on dire aux couples ! Il est stérile de le faire avec une figure triste, en étant accablé. Si nous restons unis en couple dans une juste mesure, plus nous nous donnons, plus nous sommes nous-mêmes et épanouis. Le couple est appelé à être accueil, ouvert sur l’extérieur, et en même temps, à se ressourcer dans le couple.

Mettre concrètement un peu de fantaisie

Beaucoup se plaignent du manque de fantaisie et de la routine dans leur vie de couple. Au plan sexuel, mais aussi au niveau de l’organisation, soit parce qu’il y en a trop, soit parce qu’il n’y en a pas assez. Des femmes disent : « C’est toujours le samedi à telle heure… » Mais c’est plus généralement l’homme qui se plaint de la répétition. Pour lutter contre cette tendance à la monotonie, un conseil : veiller à alimenter sa vie de couple. Il y a des habitudes qu’il faut établir, c’est important pour un bon fonctionnement dans la vie de couple. Mais l’amour a besoin de fantaisie. Si on n’y est pas attentif, il peut y avoir des insatisfactions. Du coup, on va rechercher ailleurs cette fantaisie. Cela peut être alors la mort du couple. Telle femme et son mari se séparent. Ils étaient mariés depuis 18 ans. Leur couple n’allait pas mal, mais cette femme souffrait tellement de la routine qu’elle est partie en laissant ses enfants !
Il est important de rester toujours soucieux d’apporter cet imprévu qui donne du charme à la vie du couple.

L’accueil du soir

On tombe très facilement dans les ornières. Les voies romaines anciennes illustrent bien ce constat : sur les dallages, on voit la trace de la roue, cette roue passant toujours au même endroit. Un conseil concret pour éviter cet écueil. Si vous êtes stressés par votre vie professionnelle, préparez-vous, le soir, au retour à la maison pour éviter que l’énervement règne en maître chez vous. Représentez-vous par exemple en esprit ceux que vous allez rencontrer. Si vous prenez les transports en commun, descendez une station plus tôt. En somme, prenez le temps d’évacuer ce qui vous pèse le plus pour être disponible à votre conjoint.

Se pardonner ?

Les conflits, dans un couple, sont inévitables. Mais ils peuvent devenir des facteurs de croissance dans l’amour. Pour cela, nous avons à apprendre le pardon.
Le pardon est d’autant plus difficile que la blessure reçue est grave. Comment trouver la force de pardonner ? Essentiel, le pardon n’est pas pour autant naturel. Il est même souvent difficile. « Le pardon n’est pas un sentiment, mais une décision : je veux continuer à faire ce qui est en mon pouvoir pour que notre relation soit positive. Si aujourd’hui je prends cette décision douloureusement, un jour, les sentiments suivront. Trop souvent, on attend que les sentiments renaissent pour pardonner. Seul l’inverse est salutaire. Le pardon n’est pas oubli, il est volonté d’arrêter les hostilités, volonté de poursuivre le chemin ensemble. » (Ch. Delhez, s.j.)
C’est tous les jours qu’on a des motifs de pardonner ou de se demander pardon l’un à l’autre : un oubli, une parole dure, un énervement…
Le pardon permet de reprendre la route ensemble, paisiblement.

La prière

Dieu est source de notre être et de notre amour. Tant que l’homme n’aura pas trouvé ce trésor caché dans son cœur, il errera, tel un mendiant sur cette terre. Dans la prière, nous entrons en relation avec Dieu, tout simplement. Prier en couple, c’est remettre concrètement sa vie à Dieu, confiant qu’il soutient et accompagne notre quotidien. Dieu s’intéresse à nos problèmes, à nos questions, à nos désirs. Il nous aime… ça vaut vraiment la peine de découvrir cette vérité toute simple !

 

6

La Boîte à idées !
D’après Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus de John Gray, J’ai lu.


La Boîte à idées - Rayon homme
46 idées pour plaire à votre femme !

Embrassez votre femme en rentrant et intéressez-vous à elle.

Accordez-lui 20 minutes sans toucher à votre journal.

Offrez-lui de temps en temps des fleurs, des petits cadeaux. N’oubliez pas les grandes fêtes.

Dites-lui qu’elle est très belle et que vous l’aimez.

Aidez-la quand elle est fatiguée.

Téléphonez-lui quand vous êtes en retard.

L’hiver, faites du feu dans la cheminée.

Quand elle vous parle, posez le journal, arrêtez votre activité.

Prenez-la régulièrement dans vos bras, juste ce qu’il faut.

Faites le lit et rangez la chambre.

Descendez la poubelle.

Téléphonez-lui de votre lieu de travail pour montrer que vous pensez à elle.

Retournez vos chaussettes du bon côté avant qu’elle ne les lave.

Quand vous voyagez, téléphonez-lui pour lui dire que vous êtes bien arrivé.

Si vous avez eu chaud, prenez une douche.

Ne zappez pas devant la télévision.

Conduisez raisonnablement et prudemment.

Quand vous allez quelque part, regardez le parcours avant de partir.

Considérez-la comme au début de votre amour.

Proposez d’aiguiser les couteaux.

Achetez de la colle pour réparer ce qui est cassé.

Changer les ampoules électriques.

Lisez-lui à haute voix des articles de journaux qui peuvent l’intéresser ou les lui découper.

Laissez la salle de bain propre après votre passage : serviettes pliées, sol épongé.

En voyage, occupez-vous des bagages.

Portez les objets lourds : sacs de provision surtout s’il y a des escaliers.

Regardez-la dans les yeux quand elle vous parle.

Si elle est allée chez le médecin, demandez-lui de ses nouvelles.

Riez à ses plaisanteries.

Allez-vous coucher en même temps qu’elle.

Remarquez sa coiffure si elle revient de chez le coiffeur.

Dites-lui merci.

Provoquez les occasions d’être seul avec elle.

En revenant d’un voyage, faites-lui savoir qu’elle vous a manqué.

Apportez-lui son dessert préféré, sauf si elle a décidé de faire attention à sa ligne.

Mangez légèrement pendant vos dîners en tête-à-tête pour ne pas vous sentir lourd et abruti par la suite.

Rabaissez la lunette des toilettes derrière vous.

Emmenez-la au cinéma, au théâtre, etc. mais prévenez-la pour qu’elle ait le temps de se préparer.

Félicitez-la pour sa cuisine.

Faites une promenade en famille.

Ne rentrez pas tous les soirs à des heures tardives.

Ne vous négligez pas : vêtement, etc.

Intéressez-vous à sa vie quotidienne.

Donnez-lui parfois la main en public quand vous vous promenez !

Faites avec elle ce qu’elle préfère.

Demandez-lui ce qu’elle aime.

La Boîte à idées - Rayon femme
25 idées pour plaire à votre mari !

Apprécier ses services, tout ce qu’il fait pour vous et le lui dire !

S’il commet une erreur, ne pas insister par un : « Je te l’avais bien dit ! »

S’il s’égare en conduisant, ne pas ronchonner. Trouver un côté positif à la situation. Par exemple : « Comme c’est beau ici ! »

S’il oublie d’apporter une chose que vous lui avez demandée : « Ce n’est pas grave, tu me l’apporteras la prochaine fois. »

Ne pas vous offusquer s’il ne vous rend pas un service. Le lui demander à un moment plus favorable.

L’accueillir le soir, avec le sourire, et de bonne humeur si possible.

Accepter qu’il soit fatigué.

Se faire belle, rien que pour lui.

Lui préparer de bons petits repas.

S’occuper de lui sans avoir l’air de le materner.

Ne pas le reprendre en public, encore moins devant les enfants.

S’il égare ses clés, ne pas le lui reprocher.

S’intéresser à son travail.

User de délicatesse pour exprimer votre déception concernant un restaurant ou un spectacle.

Lui faire confiance.

Ne pas vouloir le changer.

Ne pas s’opposer systématiquement à ses méthodes éducatives.

Ne pas l’oublier au profit des enfants.

Une petite boisson fraîche quand il a tondu la pelouse ou quand il rentre le soir l’été.

Ne pas décider des grandes orientations de la famille sans lui en parler.

Ne pas dépenser… sans compter !

Être une bonne mère de famille.

Ne pas vous plaindre continuellement et critiquer tout ce qui vous passe par la tête.

Lui parler de ce que vous ressentez profondément.

Lui demander ce qu’il aime, peut-être finira-t-il par vous le dire…

 

7

Pas de sujets tabous pour l’Église…
par le Père Pierre Protot, prêtre et médecin


En quoi la vie de couple intéresse-t-elle l’Église ?
On reproche parfois à l’Église d’intervenir dans le domaine de la morale conjugale. Certains couples s’insurgent, en effet, dès que le pape aborde le sujet et disent : « Notre vie privée ne regarde que nous ! » Qu’en penser ?

L’Église se croit experte en humanité. Cela peut paraître très prétentieux si on oublie qu’elle n’est pas d’abord une institution humaine. Elle veut avant tout transmettre l’Évangile, c’est-à-dire la parole du Christ. Et le Christ n’est-il pas l’homme par excellence? Pour nous, chrétiens, il est l’homme qui, par sa vie, nous a montré ce que sont la vie et l’amour véritables.
Jésus sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, souligne l’évangile de saint Jean. Il peut donc nous révéler profondément ce qu’est le bonheur et le chemin pour y parvenir. Il a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Si donc, nous cherchons la vie, la vérité de l’amour et la voie pour y accéder, nous pouvons les trouver dans l’Évangile.
Bien sûr, l’Église n’a pas à aller voir ce qui se passe dans le fond des chambres à coucher, mais elle peut dire ce que Dieu attend d’une relation d’amour entre un homme et une femme. Parfois, on oublie que les paroles que prononce l’Église viennent du Christ. De plus, toute la difficulté consiste pour elle à actualiser le message de l’Évangile aux situations d’aujourd’hui. Mais actualiser ne signifie pas dénaturer le message.
Un exemple très douloureux pour nous, les prêtres, est celui des divorcés qui souhaitent se remarier à l’Église. La position de l’Église n’est pas toujours bien comprise. « Est-il permis de divorcer ? Moïse l’a permis. Toi, que dis-tu ? » ont demandé au Christ ses contemporains. Jésus répond très clairement : « Au commencement, Dieu créa l’homme et la femme et il n’en était pas ainsi. » Par cette phrase, Il leur rappelle que le projet créateur de Dieu n’était pas de permettre, même s’il y a un sentiment d’échec, la séparation entre l’homme et la femme. Pourquoi ?
« Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre est adultère. » (Mc 10, 11). Paroles impossibles à prononcer aujourd’hui ! Pourtant, ce sont les paroles du Christ lui-même. Elles manifestent combien l’engagement entre l’homme et la femme est important aux yeux de Dieu.
L’Église ne se permettrait jamais, et je vous mets au défi de trouver un seul texte dans ce sens, de juger telle personne sur son mariage, son divorce, son remariage, etc. L’Église ne juge jamais les personnes. Mais elle peut dire :
« Cette relation est en vérité. Celle-là ne l’est pas. » C’est son rôle : Jésus nous a délivré un message de libération, afin que l’homme sache quel est le vrai chemin du bonheur. À chaque fois qu’un homme et une femme veulent rejoindre cette vérité, la parole de l’Église peut être comme un phare dans leur nuit.
En prenant le volant de sa voiture, aucun automobiliste ne se demande pourquoi il y a des feux verts et des feux rouges, des stops et des sens interdits, des ceintures de sécurité, etc. Tout le monde trouve cela normal. Pour que la circulation se fasse dans les meilleures conditions possibles, des règles sont nécessaires. C’est pareil pour l’amour.
L’Église, en posant certaines limites, défend en réalité l’amour véritable. Ces limites, nous les percevons comme des interdits qui entravent notre liberté. Or, par elles, l’Église veut aider l’homme à avancer sur les bons rails. Son discours ne nous fait pas toujours plaisir. Il rencontre l’épaisseur de notre chair humaine : nos pulsions, les blessures de nos éducations ou de nos contre-éducations, de l’esprit du monde qui est libertin. On vit en effet dans un érotisme ambiant qui nous met face à un paradoxe : d’un côté, on dit que notre amour relève du domaine privé et d’un autre côté, on vit en permanence dans un exhibitionnisme de l’amour. Dans un tel contexte, il n’est pas facile de trouver ses marques. L’Église, elle, nous propose un chemin, certes exigeant, mais qui est toujours chemin de bonheur pour ceux qui veulent bien le prendre.

L’Église ne juge jamais les personnes. Mais elle peut dire :
« Cette relation est en vérité. Celle-là ne l’est pas. »

L’Église est-elle contre le plaisir ?
On a souvent l’image d’une Église contre le plaisir ? Est-ce vrai ?

Sans vouloir jouer sur les mots, on peut dire qu’elle est « tout contre », au sens où Dieu est le Créateur. En créant l’homme, il a inventé les papilles gustatives, les zones érogènes, les couleurs du ciel et de la terre, les parfums. Il nous a donné des oreilles pour apprécier des mélodies en tous genres. Tous ces plaisirs nous permettent de faire l’expérience de la bonté de la création que Dieu nous a donnée. Il a, non pas par hasard, mais par une logique toute divine, associé des actes vitaux que sont l’alimentation et la reproduction à des plaisirs forts pour que nous nous alimentions et pour que nous continuions à perpétuer l’espèce humaine.
La difficulté, concernant le plaisir, vient de ce que l’homme trouve là quelque chose de tellement exquis qu’il peut le faire passer en premier (dans la relation sexuelle, avant l’amour).
Le risque du plaisir exacerbé, pris comme valeur passant au-delà de toute autre valeur, est de masquer la relation d’amour. Le jeu sexuel passe alors avant la rencontre des personnes. L’union des corps n’est plus alors le signe de l’union des cœurs. L’autre peut devenir l’objet de mon plaisir. Je ne le considère plus alors comme la personne aimée dont je reçois le plaisir.
Le plaisir recherché pour lui-même est une expérience hélas bien commune d’esclavage qui nous laisse un goût d’amertume et le sentiment de ne pas être maître chez soi. L’expérience du plaisir qu’on appelle désordonné est l’expérience d’un échec de sa propre existence. Il n’y a pas d’épanouissement de la personne dans un plaisir désordonné.
Ce que l’Église dit par rapport au plaisir, c’est qu’il doit être intégré dans l’amour et non pas vécu en dehors d’un amour véritable. S’il ne l’est pas, il perd son sens et enferme la personne dans une insatisfaction profonde qui ne peut la mener au bonheur.

 

8

L’hymne à l’Amour
saint Paul, Première épître aux Corinthiens, chapitre 13.


Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres.

1 J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel,
si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour,
je ne suis qu’un cuivre qui résonne,
une cymbale retentissante.

2 J’aurais beau être prophète,
avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu,
et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes,
s’il me manque l’amour, je ne suis rien.

3 J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,
j’aurais beau me faire brûler vif,
s’il me manque l’amour,
cela ne me sert à rien.

4 L’amour prend patience ;
l’amour rend service ;
l’amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas,
ne se gonfle pas d’orgueil ;

5 Il ne fait rien de malhonnête ;
il ne cherche pas son intérêt ;
il ne s’emporte pas ;
il n’entretient pas de rancune ;

6 Il ne se réjouit pas de ce qui est mal,
mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;

7 il supporte tout,
il fait confiance en tout,
il espère tout,
il endure tout.

8 L’amour ne passera jamais.
Un jour, les prophéties disparaîtront,
le don des langues cessera,
la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra.

9 En effet, notre connaissance est partielle,
nos prophéties sont partielles.

10 Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra.

11 Quand j’étais un enfant, je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant,
je raisonnais comme un enfant.
Maintenant que je suis un homme,
j’ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant.

12 Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ;
ce jour-là, nous verrons face à face.
Actuellement, ma connaissance est partielle ;
ce jour-là, je connaîtrai vraiment,
comme Dieu m’a connu.

13 Ce qui demeure aujourd’hui,
c’est la foi, l’espérance et l’amour ;
mais la plus grande des trois, c’est l’amour.