Peut-on annuler un mariage ? Et une ordination ?
Père Guillaume de Menthière

Source : http://www.christicity.com/4daction/Web_Question_detail/36

Personne, pas même le pape, ne peut annuler un sacrement de mariage "ratum et consomatum" comme disent les canonistes (=les juristes de l'Eglise). Cependant quelquefois, on peut arriver à démontrer après des enquêtes canoniques longues et difficiles qu'il n' y a jamais eu mariage entre les deux personnes que l'on avait crues engagées dans cet état. Par exemple si l'on peut prouver que l'un ou l'autre des fiancés n'était pas vraiment libre au moment où il a dit oui (immaturité, pressions psychologoques, contraintes physiques, chantage etc....) Ou encore si les formes canoniques n'ont pas été respectées: le prêtre n'était pas un vrai prêtre, on a oublié lors de la cérémonie l'échange des consentements, etc...

Dans le cas d'un déclaration de nullité de mariage on affirme donc que les deux personnes n'ont jamais été mariés, même si tout le monde croyait qu'ils l'étaient et s'ils ont vécu comme s'ils l'étaient effectivement. L'Eglise n'annule donc pas un mariage en disant:"ils étaient mariés, et je décide qu'ils ne le sont plus". L'Eglise déclare la nullité de leur mariage en disant : "ils n'ont jamais été mariés".

Ce n'est donc pas un divorce déguisé. Les déclarations de nullité de mariage existent mais sont quand même très rares. Il n'est pas facile de prouver qu'il n'y a pas eu mariage, surtout après plusieurs années de vie commune. Le procès en nullité de mariage est long et très incertain. Dans de nombreux cas l'Eglise confirme que le mariage célébré était bien un vrai mariage et qu'elle ne peut en conséquence absolument pas séparer ce que Dieu a uni.

Le cas de l'ordintion sacerdotale est un peu différent. Quand on a été ordonné prêtre on reste prêtre toute sa vie. Même si, ce qu'à Dieu ne plaise, un prêtre devient hérétique, idolâtre, perd la foi, se fait musulman ou brigand de grand chemin, même alors il reste prêtre. Exactement comme celui qui a reçu le baptême, reste baptisé quelle que soit sa conduite ultérieure, qu'il ait la foi ou non, qu'il agisse bien ou non.Ou encore comme un enfant demeure l'enfant de ses parents, qu'il les aime ou non, qu'il vive avec eux ou non, qu'il les honore ou qu'il les oublie: il est l'enfant de ses parents. On dit que le sacrement de l'ordre , comme le baptême et la confirmation sont des sacrements "à caractère": c'est--à-dire qu'ils impriment une marque indélébile dans celui qui les reçoit.
En revanche un prêtre validement ordonné peut être "reduit à l'état laïc" par son évêque. Cela signifie que , tout en restant fondamentalement prêtre, il n'a plus le droit d'exercer son ministère:dire la messe, confesser etc...

Enfin comme pour le mariage il peut arriver que celui qu'on avait cru validement ordonné prêtre ne l'était pas en réalité. Il n'était pas libre de son consentement quand on l'a ordonné par exemple, mais évidemment après 6 ou 7 ans de séminaire c'est plus rare...Ou encore l'évêque qui l'a ordonné n'était pas vraiment évêque. On a oublié lors de la cérémonie une partie essentielle comme l'imposition des mains ou la prière consécratoire. En ce cas l'homme en question n'a jamais été prêtre bien que tout le monde ait cru qu'il l'était.