Epouse d'un
« divorcé remarié », Marie-Andrée Poirson, des Vosges, témoigne
sur son parcours dans l'Eglise :
J'ai rencontré
et épousé civilement, il y a près de trente ans, un homme divorcé,
père de famille nombreuse, et de vingt ans plus âgé que moi. Des
années difficiles commençaient, mais qui connurent aussi de vrais
bonheurs, dont les naissances de nos enfants. Pendant une dizaine
d'années, vivant dans différentes régions, les prêtres rencontrés
n'avaient pas trop attiré notre attention sur les difficultés
liées à notre situation ; nous allions à la messe chaque dimanche,
en famille, et communiions alors sans trop nous poser de questions.
Avec le recul, je crois pouvoir dire que nous n'avons jamais «
fait scandale », nous étions bien insérés en paroisse ; j'ose
dire aussi que je n'ai pas l'impression d'avoir alors commis quelque
« péché » en recevant dignement l'Eucharistie pendant toutes ces
années.
Il se trouve
que, malgré notre situation de « divorcés remariés », j'avais
été appelée à faire de la catéchèse. Lorsque s'est présentée la
possibilité de me préparer un avenir professionnel, un ami prêtre
m'a suggéré de me former pour, ensuite, mieux servir l'Eglise.
Et me voilà, portée par une grande confiance, entrée en faculté
de théologie. Grand intérêt pour ces études et, au dire des enseignants,
aptitudes à poursuivre. Ce que je fis, et qui me vaut aujourd'hui
des responsabilités pastorales.
L'engagement
dans l'Eglise et dans ces études de théologie venait évidemment
m'interroger sur « notre situation dans l'Eglise ». Or, à cette
époque précisément, j'ai rencontré le prêtre qui, le premier,
le seul, eut le courage de nous dire : non. Non, il ne souhaitait
pas nous voir communier, bien que nous venions d'arriver dans
sa région, et que donc nous n'y étions pas connus. Très curieusement,
sur le coup, ce « non » dit avec tant de miséricorde m'a bien
davantage interpellée que blessée. Ce prêtre avait le courage
de dire non quand tant d'autres règlent plus facilement le problème
!
J'avais senti
que ce non n'était pas pur énoncé d'une règle, qu'il s'offrait
comme aide fraternelle et que, surtout, il nous valait encore
plus de miséricorde...
Sans pourtant
chercher la provocation, je suis allée demander à ce prêtre le
(sacrement du) pardon. Même non : « Je vous accueille et vous
écoute, je vous assure du pardon de Dieu mais je ne peux vous
donner le signe ecclésial de ce pardon. » Une telle clarté, une
telle justesse rendait encore plus belle la miséricorde de ce
prêtre, ministre de la miséricorde de Dieu. Plus de quinze ans
après, je veux témoigner à quel point cette attitude a structuré
ma foi et ma vie spirituelle. Jamais d'amertume ni de rancoeur
contre l'Eglise, grâce à l'accueil de ce prêtre qui m'a longtemps
accompagnée.
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